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La protesta populaire met le système à genoux

DECRYPTAGE

La protesta populaire met le système à genoux

La carte Lamamra ne convainc personne.

Maintenir la pression sur les centres de décision! Tel est le slogan qui devrait être suivi par les manifestants dans les semaines qui viennent.

Exiger que le système dégage et qu’il laisse la voie libre à cette jeunesse bouillonnante d’enthousiasme et de dynamisme pour prendre la relève. La rue algérienne a donné des leçons de démocratie inoubliables à cette élite vieillissante et désorientée qui ne cherche qu’à pérenniser des pratiques de gouvernance désuètes sur le dos du peuple. Force est de constater que Bouteflika sort par la petite porte de l’histoire, au grand dam de son entourage qui tente de le hisser au rang des grands hommes d’Etat de la région.

Au bout de quatre vendredi de manifestations, la citadelle du système a craqué et Noureddine Bedoui, sans doute, angoissé par la tournure inédite des événements, n’a même pas pu trouver de mots le 11 mars dernier pour affronter les journalistes lors de sa première conférence de presse en tant que nouveau Premier ministre ! La caution du diplomate Lakhdar Brahimi n’a pas suffi pour contenir les poches grandissantes de la protesta, car même celui-là est rejeté par la majorité des Algériens pour sa participation antérieure aux coulisses d’un système corrompu. Le pouvoir est fragile, sans souffle et moribond alors que la contestation s’endurcit et s’installe dans la durée.

Que va faire maintenant le clan Bouteflika après l’échec de sa tentative machiavélique de prolonger le quatrième mandat actuel? Un mandat que nombre des nôtres décrivent ironiquement dans les pancartes de manifestations par le chiffre 4.75! Peut-être tentera-t-il de jouer encore les prolongations? Mais comment et pour quand ? D’autant que le match sur le terrain s’est soldé jusque-là par le score de 4-0 en faveur du peuple, et la faiblesse des joueurs du camp adverse n’est pas pour assurer les profiteurs de la manne rentière d’un lendemain meilleur.

En outre, en regardant en rétrospective le bilan économique des quatre mandats précédents de Bouteflika, on n’en trouve presque rien de positif : 98 % recettes budgétaires du pays viennent toujours des exportations du pétrole, le dinar est déprécié, le chômage des jeunes est en hausse, la corruption a gangrené le corps de la société, l’inflation avoisine des pics incroyables alors que le taux de la croissance est en net recu l! Toutes les cartes sont, du coup, grillées et il ne reste pour le staff aux affaires que l’option de la préparation des valises pour le grand départ.

Mais où pardi? Aux faubourgs de l’histoire, au trou des oubliettes, aux marges de livres que nos enfants ne citeront jamais sur leurs carnets d’écoliers, sans pousser un cri d’épouvante mêlé de honte. En revanche, il est incontestable qu’une note d’espoir et de dignité est amplement méritée par nos citoyens, lesquels nous ont donné de la fierté par leur civisme et leur maturité.

Ces Algériens «héroïques» ont rehaussé l’image d’un pays que d’aucuns croyaient à tort, périclitant de jour en jour, dans sa descente aux enfers !

 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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