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La punition en islam (III)

Image par granagramers de Pixabay

Dans la tradition islamique, la pénitence (tawba) s’articule autour d’un système élaboré de purification spirituelle. Cette dynamique est ancrée dans le verset : « Allah aime ceux qui se repentent et Il aime ceux qui se purifient » (Coran 2:222).

La dynamique de la pénitence

Les rituels de purification, allant des ablutions quotidiennes (wudu) aux grands actes de pénitence, établissent un cycle constant de renouvellement spirituel. Le Prophète Mohammed dit :

« Celui qui fait les ablutions correctement verra ses péchés sortir de son corps, même de dessous ses ongles » (Sahih Muslim).

Le besoin cyclique de confession se manifeste à travers la pratique régulière de l’istighfar (demande de pardon), comme l’illustre le hadith où le Prophète disait : « Par Allah, je demande pardon à Allah et me repens auprès de Lui plus de soixante-dix fois par jour » (Bukhari).

Cette pratique installe progressivement une dépendance au pardon divin, renforcée par le verset « Et repentez-vous tous devant Allah, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès » (Coran 24:31).

Les conséquences psychologiques de ce système se manifestent d’abord dans la déstructuration de l’estime de soi. Le concept coranique de l’homme comme être faible et faillible (« L’homme a été créé faible » – Coran 4:28) , contribue au développement d’un sentiment d’indignité permanent.

Cette perception est renforcée par des hadiths soulignant la nature pécheresse de l’homme : « Tous les fils d’Adam sont pécheurs, et les meilleurs des pécheurs sont ceux qui se repentent » (Tirmidhi). La modification des schémas cognitifs s’opère à travers l’installation d’un filtre moral permanent, guidé par le concept de taqwa (conscience de Dieu).

Le verset « Allah est avec vous où que vous soyez » (Coran 57:4) établit une conscience constante de la surveillance divine. Cette conscience développe une hypersensibilité à la transgression, illustrée par le hadith : « La vertu est la bonté du caractère, et le péché est ce qui trouble ton âme et que tu n’aimerais pas que les gens découvrent » (Muslim).

Cette architecture psychologique transforme profondément la perception de soi et de la réalité. Le verset « Nous avons créé l’homme et Nous savons ce que son âme lui suggère » (Coran 50:16) établit une méfiance fondamentale envers ses propres inclinations.

Le fidèle devient ainsi son propre censeur, dans une dynamique où la surveillance externe est remplacée par une auto-surveillance constante, conformément au hadith : « La piété est ici » (en pointant vers son cœur) (Muslim).

Ce système de contrôle comportemental s’auto-perpétue à travers la promesse du salut éternel : « Quiconque craint Allah, Il lui donnera une issue favorable » (Coran 65:2), créant une servitude volontaire maintenue par l’espoir de la récompense divine et la crainte du châtiment éternel.

La sophistication de ce mécanisme réside dans sa capacité à transformer la contrainte religieuse externe en une auto-contrainte internalisée, produisant un fidèle qui devient l’agent actif de sa propre soumission, tout en percevant cette soumission comme la voie vers la libération spirituelle ultime.

Saïd Oukaci, chercheur

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