« Were is Messi ? » ironisait face caméra un supporter arabe dès la surprenante défaite de l’Albiceleste battue 2-1 par l’Arabie saoudite le 22 novembre 2022 ; quatre semaines plus tard, c’est finalement la célèbre recrue du PSG qui soulèvera le trophée convoité, ajoutant par là-même sur son maillot national une troisième étoile chipée à des tricolores demeurés longtemps absents du combat footballistique.
Désorientés et transpercés durant soixante-quinze minutes, ils dévoilaient des faiblesses déjà apparues le 10 décembre lors du quart de final disputé face à un onze anglais largement dominateur.
Bien que plus convaincants, les Britanniques rateront néanmoins le coche à cause d’un penalty manqué, d’un coup de pied passé bien au-dessus de la barre alors que l’adversaire du jour démontrait déjà une incapacité à élever son niveau.
Faisant illusion, celui-ci continuera à s’en remettre au born again Olivier Giroud et à l’incontournable Kylian Mbappé, l’arbre-cache misère planté au cœur de la canopée pour y faire germer quelques extatiques et solaires sublimations.
Libérateur des énergies salvatrices, l’enfant de Bondy débloque habituellement les systèmes hermétiques et émancipe parallèlement celui stéréotypé d’un entraîneur adepte de la prudence stérile puisque toujours engoncé dans des schémas de frousses annihilant tout le potentiel des avant-corps de l’instantanéité.
Susceptibles de marquer quatre à cinq buts par matchs, ceux-ci doivent s’acclimater aux temporisations calculatrices d’un homme hypothèque rétif à l’attaque tous azimuts. Sur ses gardes craintives, il demandera ainsi encore au dribleur Ousmane Dembélé de ne pas aller droit devant, d’éviter de prendre le couloir de la déstabilisation, de plutôt protéger les arrières d’un Jules Koundé trop souvent en difficulté.
Voilà donc l’ailier du FC Barcelone non pas invité à percuter ses vis-à-vis à l’intérieur des zones de vérité mais au contraire contraint à boucher les trous de la défense aux abois. De là, cet accrochage provoqué le 18 décembre 2022 du côté de la surface de réparation, ce pénalty concédé à l’équipe d’Argentine, à des sud-américains mentalement disposés à couler les minutes suivantes les espoirs d’une formation hexagonale immergée de toutes parts.
Menée 2 à 0, elle sortira tardivement la tête de l’eau, ira à l’abordage de la compromise conquête avec en première ligne sa figure de proue autrice de trois réalisations toutefois insuffisantes pour cette fois pouvoir revenir du diable vauvert.
L’ultime occasion manquée de Randal Kolo Muani menant, après prolongations (3-3), tout droit à la séance fatidique, des Bleus insuffisamment préparés se présenteront à la séquence couperet pour recevoir, faute du bienfaiteur coup du sort, leur coup de grâce. Révélatrice du manque d’audaces, l’épreuve réclame, à l’écart du présupposé sursaut héroïque, une analyse critique mettant en exergue les renoncements d’un sélectionneur français enclin à abandonner la possession du ballon, à accepter des déséquilibres tactiques loin de satisfaire les attentes d’afficionados amoureux du quadrillage territorial du Real Madrid, club ibérique propice à la maîtrise circulatoire du jeu.
Formé à bonne école, Zinédine Zidane ne recevra pas l’adoubement espéré, l’actuel président de la Fédération française de football (FFF) lui préférant Didier Deschamps, soit l’orchestrateur du prochain désenchantement.
Celui-ci risque fort de resurgir pendant ou après la phase éliminatoire inhérente à la qualification à la Coupe d’Europe prévue du 07 juin au 07 juillet 2024 en Allemagne, là où la « nationalmannschaft » aura, entre temps, probablement su sécréter une « qatarsis » à la suite de sa sortie précipitée de la Coupe du monde de football organisée au Qatar.
Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art et de la culture