L’augmentation des dépenses publiques a déjà alimenté l’inflation et ébranle la confiance dans les monnaies fiduciaires qui se déprécient et finissent par ne plus avoir de valeur.
Les dépenses publiques, c’est la ruine de l’économie de production Les dirigeants algériens ont conçu la rente pétrolière et gazière comme un instrument d’une modernisation de l’Etat sans mobilisation de la nation.
Pour ce faire, ils ont été conduits à affecter une part grandissante de la rente aujourd’hui en cours de tarissement à la production et la reproduction de la base sociale c’est à dire à la consommation soit directement par la distribution de revenus sans contrepartie productive, soit indirectement par subvention, soit par les deux à la fois. Cette pratique a donné naissance à une véritable débauche des dépenses publiques et à une grande auto-complaisance en matière de politique économique et sociale. La rente a constitué un soporifique en masquant toutes les insuffisances en matière de production et de gestion.
Elle a donné lieu à des problèmes très difficiles à résoudre : le premier de ces problèmes fût posé par des investissements considérables dans les projets inutiles entrepris notamment pour des raisons de prestige ou visant à satisfaire une boulimie de consommation : le second problème résulte des gaspillages des gouvernements en matière de dépenses courantes.
Il faut citer les dépenses excessives de certains départements, une augmentation inutile du nombre d’emplois destinés aux fonctionnaires de l’économie nationale, les subventions destinées à diverses activités improductives etc.
Le troisième problème, le plus épineux, devenus excessivement riches à la faveur d’une embellie financière exceptionnelle, les gouvernements successifs, pris dans le tourbillon de l’argent facile de l’impunité, n’ont pas eu la sagesse et la lucidité d’adopter une politique économique saine et rationnelle en matière de dépense, de subvention, de crédit, de change etc.
Ce laxisme dans la gestion n’est pas fortuit. Il est le produit de tous les frustrations et traumatismes accumulés. C’est l’explosion des dépenses publiques au-delà des besoins réels de la société et des capacités disponibles du pays. C’est ainsi que le train de vie de l’Etat se trouve sans freins et sans aiguillon.
Le droit de « battre monnaie » est un attribut de souveraineté qui remonte à la création des Etats. Le système de financement de l’économie et des ménages apparait essentiellement basé, en premier lieu, sur le principe de la centralisation des ressources et leur affectation en fonction d’objectifs politiques décidés centralement.
L’idée finalement admise voulait que les hydrocarbures devaient assurer les ressources financières et ensuite de les mettre à la disposition de l’Etat qui se chargera ensuite de les répartir entre les différents secteurs économiques pour être finalement utilisées par les entreprises et les administrations. L’équilibre socio-économique a pu être préservé parce que les problèmes financiers étaient résolus soit par la nationalisation des hydrocarbures, soit par la hausse des prix des hydrocarbures sur le marché mondial.
Les revenus pétroliers et gaziers sont pour l’Algérie ce que le sang est pour l’organisme humain. Il ne survit pas à une hémorragie. Une hémorragie correspond à une perte importante de sang. Un saignement qui ne s’arrête pas. Il s’agit d’une hémorragie externe. Les fonds se trouvent à l’étranger.
Le fleuve ne remonte jamais à sa source. Une vraie richesse se crée, elle ne s’imprime pas. On ne compte plus l’argent avec ses doigts. Le monde a changé, le temps s’est accéléré, les espaces se sont réduits.
L’argent est comme le Covid-19, il est invisible et se propage à la vitesse de la lumière. Le support importe peu. Le billet n’a aucune valeur en soi, c’est la confiance placée en lui qui lui donne sa valeur et sa substance.
Il n’est pas seul sur le marché. Il se mesure aux monnaies fortes comme le dollar et l’euro sur lesquels il s’appuie. Aujourd’hui, ils connaissent une instabilité chronique provoquée par la guerre en Ukraine et les tensions entre la Chine et les USA, rendant impossible toute anticipation sur le futur marquée par un contexte inflationniste alarmant.
La confiance dans la monnaie locale est l’alpha et l’oméga du lien social. Avoir confiance dans sa monnaie, c’est avoir confiance dans l’institution qui la légitime, dans l’ordre social, dans l’économie. Ce qui n’est pas le cas chez nous.
Dr A. Boumezrag