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La rue algérienne offre la sortie la plus digne à Bouteflika !

REGARD

La rue algérienne offre la sortie la plus digne à Bouteflika !

Il serait peut-être un peu exagéré de comparer les manifestations en Algérie à celles de la fin de l’été 1978 iranienne ou à celles de 2011 en Syrie et encore moins à celles des gilets jaunes français.

Pour ces derniers par exemple et quand bien même ces manifestations seraient semblables sur la forme de leur appel sur les réseaux sociaux, restent différentes dans l’ampleur de leur revendications.

Pour les gilets jaunes la demande a évolué du simple au complexe : d’une taxe carbone au départ du président Macron. Ensuite une revendication satisfaite déclenche une autre de stade supérieur et crée ainsi une inflation des revendications qui à contraint les uns et les autres à de la violence sous toutes ses formes.

En Algérie par contre, la revendication est simple et appelle une autre beaucoup plus simple. Le peuple s’est senti humilié qu’un président malade, incapable de parler et qui reconnaît lui-même son handicap, se présente pour une  cinquièmes fois en infraction avec la constitution dont il est lui-même garant de son application. Ce peuple ne lui retient ni rancune ni lui demande des compte mais l’invite à rentrer chez lui et se faire soigner et passer de suite le flambeau dans les conditions consensuelles. C’est pour cela d’ailleurs que près des ¾ du corps électoral est sorti vendredi 8 mars dans les rues de la plupart des grandes villes et villages en Algérie avec une vigilance et une extrême discipline dans foule si dense où le contrôle pourrait échapper même à des pays à démocratie mûre.

Aucun incident majeur n’a pu être relevé à part le Musée National des Antiquités et Arts islamiques d’Alger, le plus ancien d’Algérie, a été « saccagé », des « objets volés » et des « bureaux incendiés ».

Inauguré en 1897, sous la colonisation française (1830-1962), ce musée, l’un des plus anciens d’Afrique, couvre 2.500 ans d’histoire de l’Art en Algérie. Dans un communiqué, reçu par l’AFP, le ministère de la Culture dénonce « un crime contre un patrimoine historique qui couvre plusieurs étapes importantes de l’histoire populaire algérienne ». Il reconnaît lui-même que des  « criminels » ont profité de la marée humaine ayant vendredi 8 mars envahi pacifiquement les rues du centre d’Alger, pour s’introduire dans le musée. « Une partie des ailes du musée a été saccagée, des objets volés et des bureaux administratifs incendiés, ainsi que des documents et registres détruits », donc il confirme que c’est les « Baltaguias » commandités par ceux-là même qui veulent rendre cette protesta saine et honnête aussi bien dans sa forme que son fond, une désobéissance civile pour obliger les tenants du pouvoir à instaurer un état d’urgence et faire sortir les chars dans la rue.

La preuve et c’est inédit, le même ministre précise que grâce à  l’aide de plusieurs manifestants qui ont créé des passages qui a permis « une intervention rapide des pompiers  qui a évité aussi que l’incendie ne se propage et que la police a réussi à récupérer un sabre datant de l’époque de la résistance algérienne à la conquête française de l’Algérie, dans la première moitié du XIXe siècle ».

Cette protestation ne faiblira pas pour la simple raison que Bouteflika a seulement peu de temps devant lui pour qu’il aille se reposer. Durant ces 50 jours qui lui reste, il pourra toujours anticiper et mettre en application sa feuille de route qu’il a proposée lui-même et s’en aller dignement. Mais en a-t-il la volonté ?

Auteur
Rabah Reghis

 




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