Site icon Le Matin d'Algérie

La Tunisie se retire de la Cour africaine des droits de l’Homme

En ce jour de l’indépendance, la Tunisie renie ses engagements et anéantit une autre garantie pour le peuple tunisien en matière de droits humains, écrit le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT).

En ce jour symbolique du 20 mars, célébrant l’indépendance de la Tunisie et la souveraineté de son peuple, nous apprenons avec une profonde consternation que les autorités en place en Tunisie ont décidé de retirer leur déclaration sous l’article 34(6) du Protocole de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.

Cette décision prive désormais les citoyen-ne-s tunisien-ne-s et les ONG de défense du droit de saisir directement la Cour africaine pour alléguer les violations des droits fondamentaux commises par l’État tunisien et demander les remèdes et les indemnisations auxquels ils ont droit. Elle constitue un manquement grave à la Constitution de 2022, notamment tout son chapitre II, et un reniement ignoble des engagements pris par la Tunisie en matière de justice et de protection des droits humains, découlant de la ratification de la Charte africaine des droits de l’homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Un engagement historique réduit à néant

Le parcours de la Tunisie au sein de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples témoigne d’un engagement progressif en faveur de la justice internationale :

En choisissant de faire marche arrière, les autorités tunisiennes annulent ces avancées et rejettent une justice indépendante qui aurait pu constituer une protection subsidiaire pour les citoyens contre les abus du pouvoir.

Une décision lourde de conséquences

Le retrait de la déclaration sous l’article 34(6) affaiblit gravement la protection des droits humains en Tunisie:

Un repli honteux et une tentative d’échapper à la justice

Le retrait de la déclaration sous l’article 34(6) n’est pas une simple décision technique, mais un choix politique visant à se soustraire aux mécanismes de reddition de comptes. Il intervient à un moment où la Tunisie est de plus en plus critiquée pour ses dérives autoritaires et la multiplication des violations des droits humains.

Le CRLDHT rappelle que ce retrait ne prendra effet qu’en mars 2026, selon la jurisprudence de la Cour africaine. Nous appelons toutes les victimes de violations des droits humains à déposer des plaintes auprès de la Cour avant cette échéance, afin d’empêcher que ce retrait ne serve de bouclier à l’impunité du régime. Le CRLDHT reste à leur disposition pour leur fournir le conseil juridique approprié.

Il nous reste la justice internationale

Si les autorités en place en Tunisie pensent pouvoir échapper à leurs responsabilités en restreignant l’accès à la Cour africaine, nous leur rappelons que la justice internationale ne se limite pas à cette Cour.

Le Comité des droits de l’homme des Nations unies, la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes les plus graves, les mécanismes des rapporteurs spéciaux et de pression des Nations unies et de l’Union européenne, ainsi que la compétence universelle des tribunaux nationaux restent autant de voies pour dénoncer les violations commises en Tunisie et exiger des comptes. Le CRLDHT n’hésitera pas à saisir ces instances et à assister les victimes dans leurs démarches.

Le CRLDHT réaffirme son engagement à poursuivre le combat pour que les responsables des abus et des crimes ne restent pas impunis.

Appel à la mobilisation

En ce jour de l’indépendance, qui devrait être une célébration de la souveraineté et de la justice, nous refusons d’accepter ce retour en arrière.

Le CRLDHT appelle :

En ce jour du 20 mars, nous rappelons que la véritable indépendance ne peut exister sans justice, sans responsabilité et sans respect des droits fondamentaux.

CRLDHT

Quitter la version mobile