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La valse des chiffres entre Sonatrach et Arkab : dans quel but ? 

DECRYPTAGE

La valse des chiffres entre Sonatrach et Arkab : dans quel but ? 

Auditionné par la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN), dans le cadre du débat du projet de loi de finances (PLF 2022), Mohamed Arkab, ministre de l’Energie avait déclaré que la  production des hydrocarbures a enregistré une augmentation sensible de 15% durant les neuf premiers mois de 2021 par rapport à la même période de l’année dernière, pour atteindre 121 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), dont plus de 77 milliards de m3 de gaz naturel commercialisé, précise t-il. (01)

Ces chiffres qui vont figurer dans le procès-verbal de la commission de l’APN, sont quelque peu en contradiction avec ceux contenus dans les rapports officiels de Sonatrach qui confirment que la baisse de production est continuelle depuis 2019, date de référence sur laquelle s’appuient les arguments du ministre de l’Energie.

Que sous-entend le ministre de l’Energie ? Vise-t-il à montrer que c’est la production qui a tiré les recettes vers le haut qu’il estime à 24 milliards de dollars les neuf premiers mois de l’année 2021 avec un prix de référence du baril qui avoisine les 65 dollars le baril ? Sachant le prix de référence a terminé en 2020 à peine à 41,2 dollars le baril moins que le Brent qui était de 43,21 dollars le baril.

Rappelons pour mémoire que les rapports publics qui contiennent la production primaire et celle de la production commerciale, cette dernière représente le volume de la production primaire à laquelle on soustrait les volumes de gaz réinjectées, sont diffusés périodiquement. Il se trouve que les bilans de production du ministère de l’Energie s’arrêtent à 2018 et celui de Sonatrach à 2020.

A la lecture du rapport de Sonatrach disponible sur son site Web (02), les chiffres sont moins optimistes que ceux révélés « intentionnellement par ce responsable. Ainsi lit-on à la page   17 du rapport, ou page 10/79 PDF  et la  20 du rapport et celle 11/79 PDF les chiffres ci-après :

La production Primaire                          La production Commerciale    

En 2019 : 187 millions de TEP               En 2019 : 150 millions de TEP

En 2020 : 176 millions TEP                           En 2020 : 140 millions TEP

Première conclusion

 La baisse de la production commerciale en 2020 est moins que celle de 2019 contrairement à ce qu’on  tente d’insinuer. Quant aux recettes de l’année 2019, elles étaient de 33 milliards de dollars pour un prix 64 dollars soit moins que celui de 2021. Rappelons juste que cette année 2020 est celle durant laquelle la pandémie due au Corona Virus, Covid 19 a atteint son pic et a causé un désastre économique.

A titre d’illustration, le 21 avril 2020 restera certainement dans l’histoire le jour où l’« or noir » a coûté moins cher que l’eau de pluie comme le  disait Sadek Boucenne ancien ministre de l’Energie dans les années 80 /90.

À la clôture de la Bourse des matières premières à New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) s’est échangé au prix négatif de — 37,63 dollars sur le marché à terme. 

Le ministre de l’Energie a déclaré aussi en se référant à l’année 2018, année éloignée de la pandémie de 11 mois que la production nationale en matière d’hydrocarbures, avait atteint 140 millions de TEP  à fin septembre 2019 contre 143 million TEP durant la même période en 2018, enregistrant un recul de 2%.(03) Si on suit ce raisonnement, le chiffre de 186,67 millions de TEP, tel que avancé par le ministre soit : (140/9)* 3 + 140 = 186,67 millions de TEP.  

Deuxième conclusion 

Si on applique le même procédé de calcul pour l’année 2021 sur la base des chiffres annoncés par le ministre soit 121 millions de TEP les 9 premiers mois de l’année 2021, on aura (121/9)*3 +121 = 161,33 millions de TEP soit la pire année en dépit de la relance économique et des  orientations technico-économique du président de la république dans sa feuille de route qu’il a exposé lors de la réunion avec les Walis en septembre dernier et les conseils des ministres entre autre celui d’augmenter la production en agissant sur le taux de productivité pour le ramener à 35%. Avec ces mêmes chiffres, on obtient une production primaire en perpétuelle diminution dans les années évoquées soit : 

 2019 :  187  millions de  TEP

2020 : 176 millions de  TEP baisse de 6.5 % par rapport à 2019

2021 : 161   MM TEP baisse de 8.5 % par rapport à 2020 ; et de 14 % par rapport à 2019

Partant, il est difficile de conclure qu’on a fait mieux que l’année la plus dure économiquement comme on tente de le véhiculer à travers les médias. Cela bien entendu en dépit d’un prix parmi les meilleurs depuis le déclenchement du le crise due au Covid-19.

R.R.

Renvois

(01)-https://www.aps.dz/economie/129825-augmentation-de-5-de-la-consommation-nationale-d-energie-a-la-fin-du-mois-de-septembre,

(02)-https://sonatrach.com/wp-content/uploads/2021/10/RAPPORT-ANNUEL-2020.pdf     https://www.energy.gov.dz/?article=bilan-des-realisations-du-secteur

(03)-https://www.energy.gov.dz/?article=le-ministre-de-lrenergie,-monsieur-mohamed-arkab,-a-lrapn

 

Auteur
Rabah Reghis, économiste pétrolier

 




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