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L’Algérie de demain : entre le fascisme et la démocratie

OPINION

L’Algérie de demain : entre le fascisme et la démocratie

C’est une véritable tutelle militaire qui est en train de s’installer sous nos yeux. Depuis le début de la révolte, les algériens ont pris l’habitude de voir le général-major Gaïd Salah investir le terrain politique avec des discours dans un style cynique : les injonctions, les velléités, les menaces, les mises en garde ….

Depuis plus de deux mois, chaque mardi de la semaine, les Algériens ont le droit à une missive de sa part. Quand la situation l’exige, il nous rajoute un autre jeudi pour se contredire. En fait, il souffle le chaud et le froid.

Albert Camus disait(1) : « Le fascisme, c’est le mépris, en effet. Inversement, toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme »

Il est utile de la savoir, selon wikipedia, le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme et totalitarisme au nom d’un idéal collectif suprême.

Avec son influence pernicieuse, cette attitude désobligeante a fini par susciter de l’indignation et de l’exacerbation de la part des révoltants, qui refusent, pour l’instant, la confrontation. Pour eux, l’ANP, n’est pas une structure politique, sans discuter, c’est une institution militaire émanant du peuple. Son premier rôle est de protéger le pays et non d’interférer dans les affaires qui ne sont pas de son ressort.

Un scénario à l’égyptienne risque de se mettre en place s’il y a une baisse de vigilance ou la moindre imprudence. Progressivement on constate l’intrusion des militaires dans les affaires politiques, à commencer par le forcing pour l’application de l’article 102. Et voilà, dans une feuille de route, il nous impose des élections présidentielles pour le 4 juillet.

A comprendre les déclarations nombreuses et contradictoires de Gaïd Salah, on comprend bien qu’il agit selon le principe d’un vase communiquant. D’un côté il menace et de l’autre il tempère, c’est à dire dépendamment de quel côté il reçoit de la pression pour maintenir un équilibre relatif, et la réaction du peuple est en une.

D’une région militaire à une autre, devant un auditoire réservé aux cadres de l’ANP, de la gendarmerie et de la police, le chef des armées du pays en tenu de combattant, il lit des lettres avec des contenus qui nous laissent présager qu’elles sont écrites par différentes mains de sa garde rapprochée.

De plus, des images en boucles avec des personnages en casquettes ont pris le dessus dans les médias, en diffusant simultanément des messages pour des raisons de propagandes.

Si le maréchal Sissi dirige l’Égypte d’une main de fer, c’est justement, les Égyptiens ont été dupés dès le départ en faisant des mauvais choix en élisant un président islamiste sous l’euphorie d’un succès éphémère soutenu par un populisme aveugle.

Entre la peste et le choléra, le chaos est certain. L’Algérie a vécu cette mauvaise expérience en 1991, les militaires ont pris les commandes du pays avec les pleins pouvoirs, car la situation l’exige pour rétablir l’ordre. La suite est désastreuse, et la violence est devenue un moyen de s’imposer en bravant toute les règles démocratiques et de justice.  

Aujourd’hui, le peuple est uni autour d’un seul mot d’ordre, il réclame la fin du système, car il réfute toutes les répliques en duplicata qui incarnent le fascisme ou le franquisme. Depuis 1962, c’est-à-dire depuis l’indépendance l’Algérie est dirigée par des institutions militaires. La culture politique est axée sur le mise place des tutelles pour contrôler la société dans un mépris total. L’Algérien est considéré comme un sous-citoyen incapable de prendre entièrement son destin. Et Ahmed Gaïd Salah fait partie de ses dirigeants qui ont investi dans cette politique de tutorat. Animé d’un esprit de militarisme, il croit que l’armée est le meilleur instrument au service du pays.  

Le danger est de voir quelques injonctions soient appliquées dans la foulée par une institution judiciaire, soutenues par un conglomérat de médias au service d’un général. Tout un paradoxe qui ne dit pas son nom vis-à-vis de ces millions d’algériens qui réclament l’indépendance de la justice. L’autorité actuelle est caduque et non valide.  

Certaines décisions comme celle de mettre Issad Rebrab en prison pour une simple déclaration relative à un prix d’une machine importée d’Allemagne, est un exemple de cette maxime politico-judiciaire qui relève d’un règlement de compte. Alors qu’Ouyahia et le général Hamel se sont présentés au tribunal pour une histoire de décors avec des gardes du corps dans des voitures banalisées.

Des dossiers sur les accointements des membres de la famille Gaïd avec les milieux des affaires de corruption sont révélés au grand jour. Profitant du statut d’un père qui occupe les très hautes fonctions de l’État, les enfants font la pluie et le beau temps à Annaba. Des câbles de Wikileaks sont en ligne pour connaître les détails des infractions.

Toujours dans le paradoxe et des questions, après la France qui veille sur son viatique politique en Algérie avec la complicité des Bouteflikas pour leur accorder une forme d’immunité, et voilà notre général qui s’affiche fièrement avec les monarques émiratis dans le cadre des relations incompréhensibles entre les deux pays.

M.M.

1.- « L’homme révolté » un essai d’Albert Camus

Auteur
Mahfoudh Messsaoudene

 




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