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L’Algérie en panne : avancez à l’arrière ou disparaissez de ma vue

Tebboune

Tebboune a paralysée l'Algérie.

Il y a une scène qui se répète chaque jour dans les bus algériens : à peine monté, le chauffeur lance cette phrase devenue familière : « Avancez à l’arrière ! » L’expression, pourtant paradoxale, reflète étrangement l’état de l’Algérie aujourd’hui.

Comme dans un bus où l’on nous demande d’avancer tout en reculant pour laisser entrer de nouveaux passagers, le pays donne l’illusion de mouvement. Mais ce mouvement, loin d’être un progrès, ressemble plus à une descente incontrôlée dans un ravin, avec des pneus lisses sur une route accidentée.

Car, en réalité, le problème va bien au-delà des roues ou de la trajectoire. Le moteur lui-même est hors service : les pistons sont bloqués, faute d’huile, et pourtant, ceux qui tiennent les commandes continuent de prétendre qu’il suffit juste de changer les roues pour repartir. Mais qui peut avancer, même en arrière, quand tout le mécanisme est en panne ?

L’économie : le moteur à l’arrêt

Dans le domaine économique, cette image de défaillance totale est flagrante. L’Algérie, à l’image de ce bus à la dérive, est dépendante de son réservoir d’hydrocarbures depuis des décennies. Pourtant, le moteur s’essouffle, les pistons du développement sont bloqués, mais on préfère regarder les pneus – ou les problèmes de surface – plutôt que d’attaquer les vraies causes. Le pétrole ne suffit plus, les ressources se tarissent, et la diversification promise reste une promesse jamais tenue.

Au lieu de se préparer à l’après-pétrole, on se contente de rafistoler le véhicule à coups de slogans, sans jamais véritablement prendre les mesures nécessaires pour éviter le ravin. On avance, peut-être, mais on avance à l’arrière, sur une route sans issue.

La politique : un système bloqué

Sur le plan politique, c’est encore pire. On nous demande de croire que le changement est en route, mais à chaque nouvelle étape, on recule un peu plus. Ceux qui tiennent les rênes du pays s’accrochent au volant d’un système grippé, refusant de voir que les pistons du dialogue politique sont eux aussi bloqués. Le Hirak, ce formidable mouvement de contestation qui portait tant d’espoir, s’est vu confronté à un pouvoir qui, plutôt que de changer de direction, préfère l’immobilisme.

La solution proposée ? Avancer à l’arrière. Reculez pour laisser de la place, acceptez quelques concessions superficielles pendant que le moteur du pays reste irrémédiablement à l’arrêt.

Un malaise social sur une route dégradée

Les jeunes, dans ce contexte, sont comme les passagers de ce bus fou : coincés sur une route pleine de nids-de-poule, avec des pneus lisses qui n’ont plus aucune adhérence. Le taux de chômage grimpe, les perspectives d’avenir s’éloignent, et chaque sortie de route semble plus probable que la précédente. Beaucoup choisissent de sauter du véhicule en marche, cherchant à s’exiler dans l’espoir d’une vie meilleure ailleurs. Ceux qui restent, eux, regardent la route accidentée devant eux, conscients que le bus ne tient plus la route depuis bien longtemps.

Pourquoi changer de roues quand c’est le moteur qui est cassé ?

Ce qui rend la situation encore plus absurde, c’est que les problèmes sont connus de tous. Il ne s’agit pas seulement de changer de pneus ou de réparer quelques pièces ici et là. Non, le moteur lui-même est hors service, les pistons sont bloqués, faute d’entretien et d’huile, et pourtant, on continue à faire semblant que la solution viendra d’un simple changement de roues. Mais qui peut croire que l’Algérie avancera ainsi ?

Les dirigeants semblent jouer une partie de cache-cache avec la réalité. Ils ignorent les pannes fondamentales et choisissent de s’attarder sur des détails mineurs, comme s’ils étaient plus préoccupés par l’apparence du véhicule que par son état mécanique. Et pendant ce temps, le bus continue de rouler, de plus en plus vite, vers un précipice évident.

 Changer de direction, ou sortir de la route ?

L’Algérie se trouve dans une situation critique, et il est évident que la solution ne viendra pas de quelques réformes de surface. C’est tout le système qui doit être réparé, de fond en comble, pour remettre le pays sur la route du progrès. Car à force de faire semblant d’avancer, tout en reculant, c’est une sortie de route qui attend l’Algérie.

Le temps presse. Ce bus ne tiendra pas indéfiniment sur cette route accidentée, et à force d’ignorer les pannes, le ravin devient inévitable. Il est temps de réparer le moteur, de libérer les pistons et de choisir une nouvelle direction. Sinon, il ne restera plus qu’à regarder le pays dévaler la pente, sans jamais pouvoir freiner.

Dr A. Boumezrag

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