Site icon Le Matin d'Algérie

L’Algérie est à 80% arabe et 20 % berbère, dites-vous ? (I)

Tifinagh
Le Sahara algérien regorge de preuves immuables de cette identité millénaire.

S’il est un domaine où la science fait des bonds spectaculaires en termes de bilans de santé complets basés sur l’ADN et que le rapport élevé de l’offre à la demande a rendu accessibles à tous, c’est bien celui de l’analyse génétique.

Il y a, à peine quelques années, des tarifs exorbitants rendaient ces tests hors de portée de la plupart des bourses modestes. Mais depuis peu, de telles analyses se sont véritablement démocratisées aux USA, au contraire de l’Europe.

La France continue d’ailleurs de se noyer dans des problèmes d’éthique peu convaincants qui la rendent très frileuse par rapport à l’idée de suivre l’exemple américain en adoptant des lois à même de faciliter et de généraliser au grand public des tests ADN, souvent réservés aux seules enquêtes de police et de justice. – « Cela risque de créer des problèmes immenses » affirme un collègue pour justifier une telle réticence de la part des pouvoirs publics ! Et en guise d’exemple extrême, il n’y est pas allé par trente-six chemins : – « Imagine un peu que de telles analyses révèlent que ton fils n’est pas Ton fils ! ? » Sacrés Frenchies !

Au-delà de vous renseigner sur la distribution génétique de vos ancêtres qui inclut jusqu’à l’empreinte d’un croisement éventuel avec l’homme du Neandertal, ces tests vous offrent une mine de renseignements sur l’état des de votre organisme, en termes d’allergies, d’intolérance à certains aliments, de sensibilité à certains produits ou à certains milieux environnementaux, de troubles du sommeil, de résistance à l’alcool, etc. Me concernant, par exemple, une intolérance au lactose a été identifiée ! L’eussé-je su plutôt, ma prostate serait prémunie de certains petits soucis ! Mais bon, il vaut mieux le savoir tard que jamais !

En plus d’un intérêt personnel, essentiellement lié à un bilan de santé exhaustif, le côté le plus séduisant, à titre collectif, ce sont les renseignements, établis avec précision, sur la distribution de notre ADN et le patrimoine génétique qui représente des empreintes vivaces des interactions que nos ancêtres ont gardé de ceux qu’ils ont eu à côtoyer, de gré ou de force, à travers les temps et les époques de nos trois millénaires d’histoire !

On apprend ainsi, à travers les résultats de mes propres analyses, moi dont les parents, grands-parents et arrières grands parents sont tous nés dans un ensemble de villages voisins situés à l’intérieur d’un cercle qui n’excède pas quelques petits kms de rayon, voire quelques centaines de mètres, bien avant que « nos ancêtres les Gaulois » n’occupent  et ne transforment Larbaa-Nat-Iraten en Fort National en 1857, conférant ainsi une probabilité nulle dans l’absolu qu’il y ait eu quelconque croisement de mes aïeuls avec les roumis de 1832, que mon ADN contient 87,1% de gène nord-africain (ça, on pouvait bien s’en douter), 12,1% de gène européen (ceux de la péninsule ibérique et de l’Italie additionnés) et 1,1% d’un gène hybride  nord-africain-oriental, 0% de gène purement oriental, 0% de gène sub-saharien, et un léger soupçon de gène néandertalien (ceci peut se comprendre, du fait que le croisement de l’homme du Neandertal avec l’Homo-Sapiens n’a pu se réaliser qu’en Europe, telle trace s’est donc inévitablement encastrée dans les 12,1% de gène italo-hispanique! ).

Bien évidemment, de tels résultats individuels ne peuvent en aucun cas servir de référence absolue pour nous permettre toute légèreté de généralisation d’une distribution individuelle à tous les Algériens !

Mais, il est fort à parier que si des analyses ADN sont effectuées sur des échantillons représentatifs de toutes nos tribus (au sens affectif du terme), le gène oriental serait d’une extrême rareté ! D’ailleurs, il suffit de regarder l’Histoire pour s’en convaincre. Comment diable 11000 cavaliers, arrivés sur nos terres sans femmes ni enfants, peuvent-ils effacer la génétique de millénaires d’évolution ? À moins de faire intervenir la qadrat Allah ! Là évidemment temmet el-hikaya ! (Fin de l’histoire).  Quant à énoncer, d’une façon bien légère pour un livre d’histoire du primaire, que l’Algérie est à 80% Arabe et 20 % Berbère, autant s’en esclaffer et bien expirer pour ne pas suffoquer par telle odeur nauséabonde de falsification, voire de putréfaction de nos propres corps, alors que nous ne sommes pas encore morts !

Pareille odeur me poursuit d’ailleurs depuis l’article « Questions aux algériens » de Noureddine Boukrouh, paru dans Le Soir d’Algérie, en janvier 2016 (*). Dans cet article, notre présidentiable éclairé s’acharne à démonter de façon atomique et avec un humour caustique dont la noirceur n’a d’égale que celle de la grotte hira, la raison d’être du calendrier berbère lequel affiche 2966 (en 2016) et non pas 1438, celui qui marque l’exil entre la Mecque et Médine !

Monsieur Boukrouh se lâche en facéties peu académiques pour jeter le trouble sur le fait que nous affichions 2966 ans au compteur, soit un bon millénaire d’avance sur celui des enfants de Jésus et quinze siècles sur ceux de Mahomet, alors que, selon ses propres appréciations de ce que devrait représenter toute civilisation millénaire, nous ne pouvons-nous targuer de nulle invention, de nulle technologie dont nous nous devions de faire bénéficier l’humanité !

En gros, nous aurions 1000 à 1500 ans d’avance alors que la logique des conquistadors de tous bords voudrait que nous soyons relégués à la queue des nations qui nous ont apportés moult avancées. La plus importante, vous l’aurez bien deviné, étant celle des banou-hillal envoyés par Allah en personne pour nous sortir de notre état primitif et nous rallier à la rahma du Ciel !

Quoiqu’en pense, Monsieur Boukrouh, les trois millénaires du calendrier amazigh représentent l’histoire de peuplades méditerranéennes pacifiques et l’empilement d’une période trois fois millénaire pendant laquelle les Berbères n’ont jamais cherché à envahir quelconque contrée située en dehors de leur Tamazgha d’origine ! Je me ferais l’économie d’une démonstration éloquente en me contentant de vous faire remarquer qu’en termes d’avancées scientifiques, vos 1438 ans d’histoire n’ont rien apporté non plus, sinon un acharnement « divin » à vouloir abrutir l’humanité entière, et ça continue en l’an de grâce 2966 ! Réaliser une telle performance, je vous le concède, nous en sommes bien incapables !

Ces 2966 années représentent la trace d’une sagesse et d’une symbiose avec dame nature que vous qui vous croyez plus Arabes que ceux qui gravitent autour de la Mecque et Médine ne pouvez comprendre !

Ces 2966 années représentent la trace de tous les envahisseurs qui se sont succédé sur nos terres pour contraindre nos ancêtres à se réfugier dans des montagnes peu accueillantes et peu propices à quelconque épanouissement conforme à votre définition, sinon celui d’une vie paisible éloignée de toutes sortes de barbaries que les hommes aidés de Dieux factices ont semé sur la planète pour piller les richesses d’autres hommes dont le seul tort est de vouloir cultiver leurs petits jardins de bonheur dans la paix du cœur et la sérénité de l’âme, en compagnie du silence des arbres, du chant des oiseaux, et du rire des enfants.

Ces 2966 années de notre histoire représentent la signature de notre façon d’entrevoir le monde et les hommes, un regard dénudé de toute tromperie aliénante. Nous n’avons pas eu besoin de prophète pour dévoiler nos vices, nos vertus, nos forces ou nos faiblesses. Même si comme tous les peuples, aux quatre coins du monde, nous nous en remettons souvent au « créateur du ciel et de la Terre », pour apaiser nos souffrances et offrir des jours meilleurs à nos lignées, nous n’avons jamais misé le bonheur des nôtres sur quelconque débordement de l’espace vital des autres : « aktil abardass, t-kimeḍ !» (contente toi d’un empan pour te poser) disaient nos vieux sages.

À suivre

Kacem Madani

(*)http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2016/01/16/article.php?sid=190166&cid=41

 

Quitter la version mobile