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L’Algérie : Mazal l’espoir !

REGARD

L’Algérie : Mazal l’espoir !

Outre leur caractère pacifique et civilisé, ce qu’il y a de plus magnifique dans les manifestations grandioses de ces dernières semaines, c’est l’absence de toute orientation idéologique ou partisane.

Les mots d’ordre sur les banderoles et les slogans traduisent souvent, au côté du profond sentiment de frustration d’une population avide de renouveau, la volonté d’enracinement patriotique de nos jeunes. Cela est, bien entendu, un signe plus qu’optimiste pour l’avenir.

On remarque aussi la participation de toutes les couches sociales, que ce soit des femmes, des enfants, des jeunes hommes, des vieux, et même de bébés dans leurs poussettes, pris dans certaines photos qui circulent sur le Net, d’abord en guise de réponse à la candidature de Bouteflika sur un fauteuil roulant, puis, comme symbole d’une génération nouvelle de jeunes en révolte, très attachée à son avenir. 

De toute façon, le message que nous envoie la rue est clair comme l’eau de roche : elle veut un changement sans heurts ni violence «khawa ! Khawa !» (nous sommes tous des frères !), scandent les voix vibrantes et harmonieuses des manifestants à la vue des troupes de policiers et des unités de CRS, venues assurer le maintien de l’ordre.

La douleur encore vive de la décennie noire, ajoutée aux répercussions négatives des troubles du « Printemps arabe », ont sans doute cimenté chez les Algériens la conviction que le recours à la violence est inutile, voire dévastateur. Il y a comme une incroyable maîtrise émotionnelle des événements, doublée d’un sens aigu de vigilance contre tout dérapage.

D’ailleurs, la multiplication des avertissements, les mises en garde et les signalements d’abus de la part de certains internautes, sur les réseaux sociaux, dénotent de la conscience de la foule et sa crainte de toute glissade des manifestations vers l’irréparable. De même, la lutte contre les «fake news» et l’intox semble être le cheval de bataille de beaucoup d’entre eux.

Bien que spontané, l’engouement des Algériens pour ces marches de la démocratie ne passe pas inaperçu. Il est la preuve que «mazal l’espoir» (l’espoir est permis), pour reprendre le refrain de l’une des stars du raï, assassiné pendant la guerre civile. 

Cela est d’autant plus vrai qu’il y a seulement quelques années, d’aucuns appartenant à cette élite nombriliste, traitent péjorativement les Algériens d’en bas ou de la périphérie, de «ghachi», tandis que d’autres se sont même dédaigneusement dits «s’être trompés de peuple».

Or, l’histoire est un éternel retournement et c’est ce peuple-là qui avait, auparavant, mené les résistances populaires contre l’occupation française, puis a déclenché la révolution de 1954 et a accompagné toutes les luttes démocratiques après l’indépendance, qui vient nous donner aujourd’hui une belle leçon de démocratie, avec son humilité, son courage, sa maturité et sa patience. 

 

 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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