Au moment où le pays se cadenasse de plus en plus avec la fermeture de dernières valves d’expiration sociale et dans une situation géopolitique totalement défavorable à une ligne politique que continuent à préconiser certains tenants d’un nationalisme « hermaphrodite », le Département américain du Trésor sort sa grosse artillerie à très longue portée en incluant l’Algérie dans une liste de pays soutenant « le terrorisme du Hamas palestinien ».
Le FinCEN (Réseau de la lutte contre la criminalité financière) a émis le 20 octobre courant, un bulletin d’alerte visant à aider les institutions financières à identifier les « flux de financement qui soutiennent l’organisation terroriste Hamas ». Le bulletin rappel que la décision fait suite à « une attaque dévastatrice contre Israël le 7 octobre 2023 », qui a fait des victimes, dont des citoyens américains.
Le même organisme américain exhorte les institutions financières à être « vigilantes dans l’identification des activités suspectes liées au financement du Hamas et à la déclaration au FinCEN ». Une fois identifiés, les banques et autres établissements de la finance devraient inclurent le terme clef « FIN-2023-TFHAMAS » dans le rapport d’activités suspectes (SAR) en précisant clairement qu’il y a un lien avec l’alerte émise par le Trésor US.
Ce dernier a clairement mentionné, qu’en plus de l’Iran, principal bailleur des fonds de l’organisation palestinienne avec le Jihad islamique et le FPLP, des pays comme le Soudan, la Turquie, le Qatar ainsi que l’Algérie sont à inclure dans la surveillance du mouvement des capitaux étrangers.
Sommes-nous désignés comme « Etat-voyou » selon la terminologie conservatiste US ? Une telle alerte n’est nullement anodine puisqu’il y a eu une fouille bien minutieuse dans les comptes de l’Algérie et certainement grâce à des complicités qui ont été encouragées par l’absence des vigilances bien compétentes.
Le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du Trésor américain surveillait depuis quelques années les mouvements de capitaux à destination des organisations palestiniennes, en provenance d’Iran ou d’ailleurs.
Le 18 octobre en cours, le même Trésor fédéral a émis un communiqué de presse « suite à l’attaque terroriste contre Israël, le Trésor sanctionne des agents du Hamas et le facilitateurs financiers » et travers lequel, il est clairement mentionné les noms d’individus et d’entités liés « au terrorisme et au financement du terrorisme ».
En plus d’Amer Kamal Sharif Alshawa, alias Amar Alshawa, DG de la Trend GYO, Ahmed Saad Jahleb et Walid Mohammed Mustapha Judallal, nous lisons celui d’Aïmen Ahmed Al-Duwaïk qui serait basé à Alger, de nationalité jordanienne et né le 24/9/1962. Ce cadre du Hamas est désigné pour être derrière la création de la Sarl SIDAR-Algérie exerçant dans le secteur de la promotion immobilière et les projets touristiques dont le siège est à Dely-Brahim.
L’un des projets réalisé par ladite Sarl, est le centre commercial El-Qods de Chéraga, dont la presse algérienne l’avait évoqué en 2010, comme étant « la plus grande structure à béton jamais construite ». Réalisé en 2006, la somptueuse bâtisse « comportait des défauts architecturaux et des problèmes de trésoreries face à des copropriétaires qui ne se manifestent plus pour payer les charges.
Si la Sarl a existé depuis 1998, son nom apparaît encore une fois dans un document paru bien avant les attaques du 7/10/2023, et cet fois sur un document officiel émanant du Ministère de la Défense de Tel-Aviv daté de 2016 sous le titre « ordre de saisie administrative (ASD. 35/22) selon la Loi antiterroriste n° 5776 » désignant le même cadre du Hamas comme étant gérant de SIDAR-Algérie et de la UZMALAR-Turquie. La note est bien signée par le ministre de la guerre Benjamin Gantz qui précise que « cet ordre est valable jusqu’à la date du 1/8/2024 ».
Que devrions-nous retenir de ce début de campagne anti-palestinienne en Algérie ? C’est la première fois que le pays est mentionné dans des documents aussi lourds de conséquences, vis-à-vis de son choix de soutenir la cause palestinienne. Le Trésor US ne s’arrêtera pas à ce niveau, il patronne depuis des années toutes les sanctions internationales contre la République Démocratique et Populaire de Corée, l’Iran, la Russie, Cuba et le Venezuela. Il sera certainement attentif à mener d’autres sanctions et à un niveau mondial à l’encontre de l’Algérie.
A ceux qui s’interrogeaient sur la suite de l’après-manifestations algéroises de solidarité avec la Résistance palestinienne à Gaza et au Liban, la réponse est simple, tant que nous sommes sous la loupe des impérialismes, il y a un grand « ménage » à entretenir chez soi avant que l’USS Eisenhower ne fasse le boulot à notre place.
Mohamed-Karim Assouane, universitaire.