Le 7 septembre 2024 marque un tournant dans la trajectoire politique algérienne, avec une élection controversée, largement fraudée. Dans ce contexte, le régime ne montre aucun signe de renoncement à sa politique répressive, tout indique qu’il va persévérer dans cette voie par des actions contre les opposants, les activistes, et même les supporters de football.
La répression systématique continue à causer des victimes, la dernière tragédie est celle du décès tragique de Oualid Boumaazouz, un jeune de 23 ans, qui est mort suite à des mouvements de foule provoqués par la gendarmerie lors d’un match du MCA. Cet événement tragique met une nouvelle fois en lumière les tensions sociales grandissantes en Algérie, en particulier à l’égard de la jeunesse, souvent marginalisée et réprimée par les forces de sécurité.
Un contexte politique de plus en plus répressif
Depuis l’élection du 7 septembre 2023, le gouvernement algérien, partisan d’une souveraineté “au mérite” ne peut qu’intensifier son contrôle des espaces civiques et de la dissidence, une tendance déjà amorcée depuis la fin du Hirak.
Les autorités algériennes ont déjà adopté des mesures visant à museler les voix dissidentes, telles que la dissolution de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) et la fermeture de médias indépendants. La répression des manifestations est désormais une règle non écrite mais absolument effective.
Le contexte post-électoral ne peut qu’exacerber cette dynamique. Alors que les citoyens, par un rejet massif, remettent en cause la légitimité des institutions, l’État a choisi de nier l’évidente décidence citoyenne et renforce sa logique et son arsenal répressif.
Les forces de sécurité, notamment la gendarmerie nationale, semblent appelées à jouer un rôle clé dans la répression des mouvements de foule, qu’ils soient de nature politique ou sociale.
La répression lors des événements sportifs : le cas des supporters du Mouloudia
Le 22 septembre 2024, un match de football opposant le Mouloudia Club d’Alger au club tunisien de l’US Monastir est devenu le théâtre d’une répression brutale perpétrée par les Groupements d’intervention rapide (GIR) de la gendarmerie. Ces unités sont généralement déployées pour des missions de maintien de l’ordre lors de situations critiques, mais dans ce cas précis, elles ont été instrumentalisées pour provoquer délibérément les supporters.
Les effectifs mobilisés pour ce match étaient largement surdimensionnés par rapport aux besoins d’encadrement habituels pour un événement sportif. Selon plusieurs observateurs, la mission des gendarmes n’était pas seulement de sécuriser le stade, mais aussi d’empêcher les supporters du Mouloudia, réputés pour leurs chants de protestation, de s’exprimer librement.
Ces chants dénoncent la mauvaise qualité de vie et la détresse de la jeunesse algérienne. Ce groupe de supporters, profondément enraciné dans le tissu social de la capitale, représente une voix symbolique de contestation.
La situation a dégénéré lorsque les gendarmes ont commencé à intervenir directement dans les tribunes pour disperser les supporters et les empêcher de chanter. Ces interventions musclées ont créé une panique au sein de la foule, provoquant des mouvements de masse.
La mort de Oualid Boumaazouz : un symbole de la violence répressive
Dans ce contexte chaotique, Oualid, un jeune supporter de 23 ans, a perdu la vie lors des mouvements de foule. Bien que les circonstances exactes de sa chute restent à déterminer. Les témoignages font état d’une répression brutale des forces de l’ordre, qui auraient utilisé violence disproportionnée pour déstabiliser et désorganiser les supporters. Oualid Boumaazouz devient, malgré lui, devient un nième symbole de cette répression croissante, et son décès ne peut que susciter l’indignation dans tout le pays.
Les gendarmes, loin d’assurer la sécurité du match, ont été déployés dans une logique d’intimidation. Cette volonté d’écraser toute forme de contestation, même dans des espaces aussi populaires que les stades de football, montre à quel point le régime algérien perçoit toute forme de rassemblement comme une menace potentielle.
Un avenir incertain pour la jeunesse algérienne
L’affaire du stade de Douéra illustre une tendance inquiétante : la criminalisation croissante de l’expression des frustrations populaires. Le stade, autrefois un lieu d’évasion pour la jeunesse, est désormais perçu comme un espace de contestation qu’il faut contrôler. Les forces de l’ordre, notamment la gendarmerie, sont instrumentalisées pour réprimer toute forme de dissidence, qu’elle soit politique, sociale, ou culturelle.
Cette répression témoigne d’une crainte du régime face à une jeunesse totalement déconnectée des institutions. Le chômage, la précarité, et l’absence de perspectives économiques et sociales exacerbent les frustrations. Les stades de football, comme les rues durant le Hirak, deviennent des lieux de résistance où les jeunes expriment leur colère et leur désespoir.
Conclusion : un régime sous pression
L’épisode du match du MCA est un avertissement sur la fragilité de la situation en Algérie. Alors que le gouvernement continue d’étouffer les voix dissidentes, les tensions sociales et politiques ne cessent de croître. L’utilisation excessive de la force par les autorités montre à quel point le régime est sur la défensive.
Dans ce contexte, la répression ne saurait constituer une solution viable. L’Algérie se trouve à un carrefour critique, où la voix de la jeunesse, au lieu d’être étouffée, pourrait devenir le moteur d’un changement profond.
La question qui se pose est de savoir si le régime algérien saura s’adapter aux revendications légitimes de son peuple ou s’il continuera sur la voie de la répression, au risque d’aggraver encore davantage les fractures sociales.
Espérons que la digue de la Silmiya tiendra et que la réponse aux provocations de la Régence viendra de la société dans son ensemble.
Mohand Bakir