L’Algérie est à l’arrêt. Paralysée par un chef de l’Etat et ses soutiens incapables de présenter aux Algériens autre chose qu’une machine répressive qui broie tous les jours le peuple du Hirak/Tanekra.
« La répression pousse au pourrissement, elle pousse les Algériens à bout et fait grandir le sentiment de la hogra qui a fait sortir les Algérien.es dans la rue en février 2019 », s’alarme Saïd Salhi de la LADDH. « Le pouvoir l’a déjà oublié semble-t-il ? », s’interroge-t-il. Bien sûr que le régime n’a rien oublié du printemps de 2019.
C’est parce qu’il a la trouille d’un deuxième raz-de marée populaire qui pourrait cette fois balayer tout sur son passage que le clan au pouvoir s’emploie à étouffer toutes les voix qui s’indignent.
Abdelmadjid Tebboune a fait montre, depuis son intronisation à la présidence, d’un manque flagrant d’imagination managériale des hautes affaires du pays. Même Liamine Zeroual, confronté à un terrorisme particulièrement barbare et à une crise économique autrement plus grave, a fait mieux que l’actuel locataire de la présidence. C’est dire…
La situation confine au désastre permanent depuis deux ans. Le pays est quasiment à l’arrêt. Seule, pour le moment, la peur d’arrestations arbitraires retient encore la population. Le régime est perché, loin des cruelles réalités de l’Algérie profonde. Après presque deux ans au pouvoir, le chef de l’Etat a été incapable de mener la moindre sortie publique à l’intérieur du pays.
Cloîtré à Alger et relayé par une presse vassalisée, le binôme Tebboune-Chanegriha s’emploie à chacune de ses sorties médiatiques à critiquer d’improbables ennemis intérieurs et autres mains de l’étranger. Ils passent leur temps à habiller la crise de discours creux et rallonger le manche.
Une démocratie sans justice est une tyrannie, avait dit un grand philosophe. En Algérie, on n’a ni justice ni démocratie. On a en revanche, un régime hors de tout contrôle qui entretient avec cynisme la subordination totale et la soumission à ses desseins.
On ne peut en effet s’enorgueillir de popularité, de patriotisme, voire d’exemplarité démocratique quand on remplit les prison de détenus d’opinion, qu’on réduit la presse à une médiocre courroie de transmission et qu’on gouverne par la terreur.
A deux mois du 60e anniversaire de l’indépendance, l’Algérie officielle ne peut continuer indéfiniment à ignorer la situation et tenir au bout des manches tout un peuple.
Sofiane Ayache