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L’Algérie sous les feux de la rampe de l’Union européenne

Pétrole

Il est clair qu’à la porte d’entrée d’un automne assez rude, l’hiver semble créer une panique en Europe. Cette dernière fait le dos rond et se prépare à une riposte de la Russie qui  marque désormais le pas en mettant en œuvre ses menaces de couper le gaz aux pays européens.

Autour de Kherson, cela ne semble pas facile pour l’armée russe qui fait l’objet d’une contre-offensive sporadique mais en même temps dans plusieurs endroits qui montrent distinctement que l’aide apportée aux Ukrainiens en armes sophistiquées lui fait mal. Il était donc temps qu’elle bouge pour mettre de la pression. Il se trouve que les principales économies européennes n’ont pas réussi à suivre les impacts de leurs sanctions contre la Russie dont les paramètres économiques vont bien, voire même très bien. Par contre, le stockage dont se vantent les 27 de l’Europe ne va pas selon toute vraisemblance suffire uniquement à un hiver moyen, il suffit donc d’une petite variation de la température pour que les journées hivernales soient dures à passer pour les citoyens.

La France par exemple, lit-on sur le site de la Commission de régulation de l’énergie, dispose de 130 TWh de capacité de stockage souterrain de gaz naturel, ce qui représente un peu moins d’un tiers de la consommation annuelle de gaz.

Dans le même sillage, les autres pays de l’Union européennes suivent pour un froid qui dure en général un peu plus que le 1/3 de la consommation annuelle. La première économie de l’Europe, l’Allemagne, a besoin de 90 milliards de m3 par an pour une sécurité de stockage qui ne dépasse pas 3 mois, idem pour l’Italie. Les autres pays ont un stock beaucoup moins important, soit dans une fourchette de 15 à 35 jours.

Les politiques européens se préparent à des prétextes

Rappelons que pendant l’hiver 2017, un responsable de GRTgaz qui est une filiale de la société française Engie a créé une polémique de toute pièce pour justifier leur incompétence pour gérer une météo non clémente de l’hiver.

Cette filiale a chauffé à blanc l’opinion publique française notamment du Sud-Ouest de la France en lui « faisant croire » à une rupture dans l’approvisionnement en gaz à partir de l’Algérie. Le lendemain un communiqué de Sonatrach a mis cette spéculation à nu. (01)

Aujourd’hui, on assiste malheureusement à une préparation de l’opinion publique européenne pour faire croire que l’Algérie va assurer l’approvisionnement en gaz de l’Europe pour remplacer à long terme les 400 milliards m3  de la consommation annuelle européenne et éventuellement à moyen terme la soulager de la pression russe. Et l’hiver prochain, elle mettra à leur disposition la quantité de gaz nécessaire. C’est du moins ce qui ressort auparavant de la visite du Président Macron en Algérie accompagné de la directrice d’Engie et les coups de fil fréquents du président italien Sergio Mattarella à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune.

Enfin la boucle a été bouclée avec l’arrivée le 5 septembre 2022 de Charles Mitchell, Président du Conseil européen qui conclu après son entretien avec le chef de l’Etat algérien que « dans les circonstances internationales que l’on connait, la coopération énergétique est évidemment essentielle et nous voyons dans l’Algérie un partenaire fiable. » 

L’Algérie est certes fiable mais ses capacités sont limitées

L’Algérie par la voie des responsables du secteur de l’énergie, au lendemain de la crise ukrainienne, a  fait savoir clairement que les quelques milliards qu’elle pourrait tirer de ses gisements en plus ne suffiront pas pour constituer une alternative pour remplacer même en partie l’approvisionnement  en gaz russe. La volonté dans ce cas ne suffit pas pourtant l’effort y est car depuis début 2022, l’Italie a déjà reçu 13,9 milliards de m3, dépassant  ainsi de 113%, les volumes contractuels programmés.

Il est vrai qu’elle dispose de 2400 milliards de m3 qui ne sont que des Réserves Récupérables Restantes avec une production annuelle dans le scenario le plus optimiste de 120 milliards de m3 dont le 1/3 pour sa consommation domestique, l’autre tiers pour la réinjection pour la conservation de ses gisements et le reste environ 40 à 45 milliards pour l’exportation.

Cette politique que l’Algérie a adopté depuis l’indépendance après la récupération de ses richesses naturelles, n’a pas changé d’un iota en dépit de ce que laisse miroiter certains organes de presse notamment publics fortement encouragés par le management actuel qui gère par « effet d’annonce ». Cela voudra dire en termes simples que quelque soit la situation dans laquelle vivra l’Europe en hivers prochain, l’Algérie ne pourra pas « sacrifier » ni la consommation interne et encore moins la conservation de ses gisements. Pour le reste tout est vendu sur contrat en attendant la mise en production des nouveaux gisements comme Tinhert, Ain T’sila, Hassi R’mel LD2 etc. prévus pour cette année mais déjà promis aux italiens pour des quantités modestes.

Hassi Messaoud est un gisement pétrolier : il n’a pas de gaz disponible

De nombreux quotidiens européens ont repris une «manchette » d’un journal algérien qui leur avait donné de l’eau à la bouche en  annonçant « qu’on  pourrait récupérer jusqu’à 50 milliards  de mà Hassi Messaoud. » Or récupérer  le gaz associé quelque soit le progrès technique auquel on est arrivé, c’est massacrer le géant gisement pétrolier algérien. Pourquoi ?

Il a été découvert en 1956 et mis en exploitation depuis 1958, en utilisant principalement le balayage par gaz miscible comme méthode de maintien de pression et de récupération améliorée.

Sonatrach  opère ainsi le plus grand projet d’injection de gaz miscible au monde, avec une production à un taux de soutirage inférieur à 2 %, un des plus bas au monde. Une stratégie qui  vise une production à très long terme à condition de respecter strictement toutes les procédures ainsi que  les principes de conservation et d’optimisation des réserves, en veillant  principalement l’injection de gaz et d’eau en volume et en répartition adéquats.

Les conditions de miscibilité sont strictement respectés et enfin plus globalement en assurant toute la gestion technique et logistique du champ qui devient de plus en plus complexe avec son système réservoir – puits-réseau de surface- installations de surface.

De nombreuses tentatives ambitieuses pour surexploiter ce gisement ont été déjoués pour que ce champ dans ses deux parties, l’une centrale et l’autre dite  zone complexe poursuivent leur production et donnent le meilleur de lui même. Il faut dire aussi que depuis 2010, date de départ de l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil qui a fondé son ambition pour surexploiter ce géant pour atteindre une production de 2 millions de barils par jour, a été vite abandonnée pour revenir au plan de développement initial tout en respectant les caractéristiques petro-physiques des couches productrices et le maintien permanent de la pression du gisement par les travaux de work over.

Donc le champ de Hassi Messaoud a connu des déclins, liés principalement à des problèmes d’exploitations et jamais un déclin fatal lié aux réserves, en général en phase de plateau depuis des décennies grâce au maintien de la pression par injection d’eau, de gaz miscible, et un programme de forage et de stimulation de puits.

Il a connu aussi une croissance. Théoriquement si l’on se réfère au plan de redéveloppement aussi bien pour la partie centrale que celle complexe et les upsides le taux de récupération est variable d’une zone à l’autre. Pourquoi ? Les roches géologiques de son réservoir, composé principalement des grés du cambrien sont caractérisées par une très forte hétérogénéité. Cette dernière se constate par les différences de niveau de récupération qui atteignent dans certaines zones jusqu’à 40% mais d’autres restent moins productives dans une fourchette allant de 3 à 8%. Mais en moyenne le taux n’a jamais descendu moins de 25%, passé à 28  % en 2006 suite à la 3D et des puits horizontaux, à la période 2015 au premier semestre 2017 il devait dépasser 28,5% suite aux études EOR (Enhanced oïl Recovery).

« Si ce taux est amélioré de 0,1%, 0,2% à 1% par an, on pourrait récupérer 5 milliards de barils, soit autant que toutes les réserves récupérables de pétrole découvertes en Algérie depuis la loi 86-14 » avait  affirmé un ancien responsable de Sonatrach rapporté par Algérie Watch.(02)

Les réserves quant à elle ont augmenté durant les années 2000 suite à la quasi généralisation du forage horizontal et des reprises en short radius, avec une stricte gestion de l’injection de gaz et d’eau ayant permis de drainer et de mobiliser et de préserver les réserves.

Hassi Messaoud a subi un déclin faible en 2011, lié principalement à la gestion et  à l’exploitation, le déclin  s’est accentué fortement de 2012-2014. Une reprise de la croissance a été réalisée à partir de l’année 2016, avec une mobilisation des réserves. L’année 2018 a malheureusement connu le retour au déclin

Pourquoi justement ? A cause de ces types d’approches irresponsables de transformer  un gisement pétrolier en un autre gazier par euphorie commerciale.

Rabah Reghis

 Renvois

(01)https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fradioalgerie.dz%2Fnews%2Ffr%2Fnode%2F101185%3Ffbclid%3DIwAR2MX22U4i_jpWNKGkbMvDNctgCMvck9NOHv1FVbkyTGKtwbSXv1MPEJMig&h=AT1z6JsUBOWjYRUmN_K03nn0nES1YeN2WoCFIAHkTDnTm6mBHWz31kOCDcH-uxOrfh-PypzMHXiQkgshSWee4SBYZYI7JJZ_BxXa7Zjj0CowmYziva33ufaw6iEoguqfZTwjc8kMwqAmJUY

(02)-https://algeria-watch.org/?p=10395       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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