« Ce ne peut être que par erreur qu’il a reçu un cerveau : une moelle épinière lui suffirait amplement». Ainsi parla Einstein du militaire.
Comme on ne peut raisonnablement pas s’adresser à une moelle épinière, osons interpeller ceux qui ont confisqué les clés de nos destinés, à supposer qu’il reste encore un tant soit peu de cervelle dans la caboche des civils au pouvoir :
Oui, vous avez du courage d’emprisonner des innocents qui ont pour seul tort de dénoncer vos boniments !
Oui, vous avez du courage de dresser des listes rouges aux frontières pour nous empêcher d’effectuer le moindre pèlerinage sur la terre de nos aïeuls !
Oui, vous avez du courage d’édicter vos lois, celles qui font de ceux qui vous combattent par la plume des parias !
Oui, vous avez du courage de jeter en pâture des pacifistes en leur collant des étiquettes de terroristes !
Oui, vous avez du courage de vouloir falsifier l’Histoire d’un peuple en lui accolant des constantes nationales factices importées d’ailleurs !
Oui, vous avez du courage de renier jusqu’à vos origines et vous comporter en colons bi-ismi eddine !
Oui, vous avez du courage de traficoter des constitutions qui font de nous des descendants de fiers mecquois, en remplacement de « nos ancêtres les gaulois » !
Oui, vous avez du courage de décréter « Islam religion d’état » alors que nous sommes les enfants de la Kahina, elle qui a combattu les conquérants venus d’Al-Madinah !
Oui, vous avez du courage d’organiser des élections pour nous imposer vos plus vieux canassons !
Oui, vous avez du courage de transformer des taux de participation qui n’excèdent pas quelques pourcents en ras de marais populaires indécents !
Oui, vous avez du courage de nous faire croire à un pouvoir civil alors que rien ne se fait sans le feu vert des militaires !
Oui, vous avez du courage de faire croire au reste du pays que seule la Kabylie résiste à vos élucubrations et vos fantasmes d’une Algérie unie autour de vos lubies !
Oui, vous avez du courage de faire de la France votre ennemie éternelle quand vous ne rêvez que d’y finir vos vieux jours, une retraite dorée et des comptes en banque achalandés !
Oui, vous avez du courage de pointer du doigt la langue de Molière quand vos enfants se promènent gaiement dans les cours de récréation des Lycées français !
Oui, vous avez du courage de berner le peuple en le gavant de discours dans une langue que nos mères ne comprennent pas !
Oui, vous avez du courage de fermer toutes les associations culturelles du pays, celles qui ne vibrent pas aux rythmes et aux sons de vos incuries !
Oui, vous avez du courage de considérer toute voix discordante à votre cacophonie comme ennemi de l’Algérie !
Oui, vous avez du courage de fricoter avec l’islamisme pour nous apeurer !
Oui, vous avez du courage d’angoisser un peuple après l’avoir affamé !
Oui, vous avez du courage de nous faire croire que vous vibrez aux rythmes de la démocratie quand, en vous, ne coulent que torrents « d’islamocratie » !
Oui, vous avez du courage d’avoir confisqué un pays dont les Hommes l’ont délivré du joug des roumis !
Oui, vous avez du courage de faire courir les Algériens derrière la pitance après 60 années d’indépendance !
Oui, vous avez du courage de vous accrocher au pouvoir en laissant le peuple livré à ses multiples déboires !
Oui, vous avez du courage de vous entourer de ceux qui ont prêté allégeance à vos petites manigances !
Oui, vos petites vaillances se recensent à l’abondance…
Mais il vous manquera toujours le seul et unique Courage des Hommes, celui de rentrer dans l’arène du véritable combat, là où les seules armes permises sont celles des idées et du débat ! Mais ça, vous ne l’oserez pas !
Le peuple vous abhorre jusqu’aux tripes, vous le savez bien ! Alors pourquoi continuer à vous asseoir ainsi sur une illégitimité absolue, ne reposant guère plus que sur quelques milliers de fidèles assermentés au… cachir et autres mets ?
Terrés derrière cette armée qui vous sert de points d’appui, il est si facile de vous donner tant d’assurance face à un peuple fatigué et désabusé par toutes ces années de peines, de sang et de souffrances ! Et sans ces généraux qui vous utilisent comme de simples marionnettes dont on rétribue les faveurs immorales, il est à se demander quelle serait votre durée de vie ! Allez, soyez courageux un jour, descendez une des grandes artères de la capitale ou une ville de votre choix, sans garde rapprochée, pour jauger votre popularité ! Combien de mètres pourriez-vous parcourir au milieu de ce peuple que vous dépréciez avec une arrogance immonde et inhumaine ? Les paris sont ouverts. Je vous accorde 500 m, soit 7 mn de marche, en comptant le temps perdu à serrer les mains de vos derniers admirateurs.
Par les chars et la mitraille, vous avez conquis notre terre et ses filons mais jamais vous ne conquerrez les hommes libres et leur rang !
Vous avez votre police, la paf et vos baltaguias pour nous effrayer, nous n’avons que nos mots pour vous décrier. Puisse quelque tsunami populaire vous emporter ! Et il vous emportera, un jour ou l’autre ! Peut-être bien demain…
Kacem Madani