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L’Algérie sur le divan : de la raison d’un État à un État de la raison

Tebboune

L’Algérie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Face à l’inertie d’un système qui semble reproduire la médiocrité et ériger l’autoritarisme en modèle, se dresse l’urgence d’une refondation étatique.

Les Algériens observant un pays riche de potentialités, mais prisonnier d’une rente pétrolière qui, au lieu d’alimenter le progrès, sert à nourrir une élite consolidée dans ses privilèges. La bureaucratie absorbe les initiatives et étouffe les espoirs, particulièrement ceux des jeunes, qui fuient souvent vers d’autres belles fautes de perspectives.

La « métaphore du divan » est le point de départ d’une introspection collective. Ici, le divan représente un espace symbolique où l’État est invité à s’analyser sans complaisance, à voir en face les pratiques qui l’ont vidé de sa substance première : servir l’intérêt général. Car, après des décennies d’une « raison d’État » qui masque les intérêts privés, vient le moment de « l’État de la raison », celui de la justice, de la transparence et de l’équité.

Cette exigence, loin d’être abstraite, répond à un climat institutionnel que beaucoup qualifient de « médiocratie » : un climat où la compétence devient suspecte, où la médiocrité assure la stabilité des positions acquises. La méritocratie, qui devrait être le socle d’un État moderne, se trouve marginalisée par un système qui semble ériger la corruption et la cooptation en culture étatique.

Les choix de gouvernance, au lieu de permettre l’innovation et l’efficacité, bloquent toute initiative capable de faire bouger les lignes. Ce climat ne se contente pas de freiner l’Algérie dans sa course vers le développement, il empêche également l’épanouissement d’une véritable souveraineté.

Le passage vers un « État de la raison » est un idéal vers lequel il devient urgent de tendre. Cet État nouveau, éclairé, transparent et tourné vers le bien commun, est l’aspiration d’une société civile qui revendique un changement de fond, et non un simple réajustement de façade. De plus en plus de voix, questions notamment du mouvement Hirak, invitant à des institutions qui incarnent la volonté du peuple et non les intérêts d’une minorité. Cette mutation exige des réformes radicales, en particulier dans la lutte contre la corruption et la diversification économique.

La dépendance à la rente pétrolière est un poids historique pour l’Algérie. Chaque année, des milliards qui pourraient financer l’éducation ou la santé s’évaporent dans les méandres d’un système opaque et inefficace. Pour mettre un terme à cette hémorragie, l’Algérie doit engager une transition vers des secteurs porteurs comme les technologies, l’agriculture et le tourisme. La jeunesse, en particulier, est un vecteur central de cette transformation.

Mais pour que ces jeunes deviennent les architectes de l’avenir, encore faut-il que l’État investisse dans une éducation de qualité et offre un environnement où le talent et l’innovation ne sont pas bridés par la paperasse administrative et l’absence de perspectives.

Sur le plan géopolitique, les défis sont tout aussi considérables. Entre influences étrangères et dépendances économiques, l’Algérie se retrouve souvent confrontée à des ingérences qui menacent son autonomie. Un véritable État de la raison, porteur d’une gouvernance indépendante et respectueuse de la population, est la meilleure réponse pour affirmer la souveraineté nationale et préserver les ressources du pays.

Finalement, le chemin vers un État de la raison n’est pas une utopie, mais un impératif vital. Cette transformation ne se fera pas sans sacrifices, mais elle est l’unique voie pour rétablir la confiance entre l’État et son peuple.

Pour que l’Algérie devienne cet État où la justice, la compétence et l’éthique l’emportent sur la complaisance et l’opacité, il faudra un engagement collectif, une implication pleine et entière de toutes les forces vives de la nation.

Le divan symbolise ici la thérapie nécessaire pour guérir un État malade de ses propres travers, un espace de vérité pour un système en quête de légitimité. Aux Algériens, désormais, de tracer ce chemin difficile mais porteur d’espoir, pour qu’émerge enfin un État où la raison et la citoyenneté avancent main dans la main.

L’Algérie, riche de ressources mais engluée dans une gestion opaque, fait aujourd’hui face à une profonde remise en question. Enracinée dans une économie de rente pétrolière, elle se trouve bloquée dans un système qui, au lieu de servir le bien commun, perpétue les privilèges d’une minorité.

Le pays semble être sur un « divan », métaphore de la nécessité d’une introspection collective et d’un examen de conscience sincère. Car pour progresser, l’Algérie doit passer de la logique de la « raison d’État » à celle d’un « État de la raison » — un État qui gouverne par la transparence, l’éthique et la compétence.

Depuis des décennies, l’Algérie est paralysée par un cercle vicieux de corruption et de clientélisme. La cooptation a pris le pas sur la méritocratie, et la médiocrité semble être devenue une condition de survie dans les institutions. Ce « charlatanisme » établi en culture d’État décourage les compétences et étouffe l’innovation. Les efforts de modernisation s’évanouissent face à la bureaucratie et au conservatisme des élites, plus soucieuses de préserver leurs privilèges que de bâtir un avenir commun. Une modernisation de façade, alimentée par des discours mais freinée par une absence criante de volonté politique.

Une jeunesse étouffée dans son propre pays

Dans ce contexte, la jeunesse algérienne est la plus grande victime. Confrontée à une économie fermée, à une absence de perspectives et à une bureaucratie étouffante, elle voit peu d’espoir pour l’avenir. La « fuite des cerveaux » se poursuit, avec des milliers de jeunes diplômés qui préfèrent partir à l’étranger pour trouver des opportunités correspondant à leurs ambitions et compétences. Cette fuite est un échec national, privant l’Algérie de talents essentiels pour sa transformation.

Comme le souligne Dr. A. Boumezrag, « ce paie a de l’or entre les mains, mais un système qui préfère la poussière à l’or. » Il ne s’agit pas seulement de ressources naturelles, mais de ressources humaines qui pourraient propulser l’Algérie dans une ère de prospérité et de justice sociale. Mais pour cela, l’État doit investir dans l’éducation, la formation et l’innovation, et offrir aux jeunes un environnement où ils peuvent s’épanouir et contribuer au développement de leur pays.

Le piège de la rente pétrolière et des intérêts étrangers

La dépendance aux hydrocarbures reste le principal obstacle à cette transformation. Elle rend le pays vulnérable aux fluctuations du marché mondial, mais surtout, elle sert de levier pour les puissances étrangères qui influencent les décisions politiques et économiques algériennes. Dans un monde en pleine mutation géopolitique, l’Algérie doit renforcer sa souveraineté, non pas par des slogans, mais par des actions concrètes. Diversifier l’économie et investir dans des secteurs d’avenir comme les énergies renouvelables, l’agriculture durable et la technologie est une urgence stratégique pour réduire la dépendance aux hydrocarbures et faire face aux défis du XXIe siècle.

Vers un État de la raison

Passer de la « raison d’État » à un « État de la raison » signifie rompre avec un système figé et se tourner vers une gouvernance éclairée, transparente et inclusive. Cela nécessite une réforme en profondeur des institutions, où la compétence première sur le clientélisme et où les responsables publics rendent des comptes, non seulement à leur hiérarchie, mais surtout à la société.

Il est temps que l’État algérien écoute la société civile, intègre la jeunesse et réponde aux aspirations légitimes de son peuple. L’Algérie a les moyens de devenir un modèle de développement durable et de justice sociale, mais cela exige une volonté politique, une transparence radicale et un engagement de tous les citoyens. Ce chemin vers un État de la raison est difficile, mais il est essentiel pour construire une Algérie digne des ambitions de son peuple.

En conclusion, « l’Algérie sur le divan » n’est pas qu’une image : c’est un appel à l’introspection et à l’action collective. La transition vers un État de la raison est un défi de taille, mais c’est aussi une promesse pour l’avenir, pour une Algérie souveraine, forte et juste. Que cet idéal inspire chacun à prendre sa place dans cette transition, car l’Algérie de demain sera le fruit des choix de chacun aujourd’hui.

Par Dr A. Boumezrag

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