Site icon Le Matin d'Algérie

L’Algérie, un accouchement au forceps !

Ben Bella Boumediene
Ben Bella et Boumediene, le duo arrivé par la force au pouvoir en 1962, instaurant de fait la violence comme régime de gouvernance

L’Algérie était plus qu’une colonie, c’était «un morceau de la France». La France ne pouvait se « dépiécer» sans de profondes déchirures qu’il fallait panser aussitôt avant qu’elles ne s’infectent. 

C’était là le rôle dévolu aux services secrets français. Il était impensable à la France de laisser les Algériens construire seul leur propre Etat, de disposer de leur économie, de choisir librement leurs dirigeants. Il est dans la pratique française de coopter les dirigeants de ses ex colonies; ce qui ne fût  pas le cas des britanniques pour leurs propres colonies qui disposent, il faut le dire, d’une expérience plus grande et d’une connaissance plus avertie des mentalités des peuples arabes.

Le royaume britannique permettait à ses sujets de choisir leurs propres dirigeants. Il faut dire que l’empire britannique était plus expérimenté et plus avisé que l’empire français.

 Dans les faits, l’Etat indépendant continue l’Etat colonial, il reste séparé du peuple et proche de la métropole. Qu’est-ce que l’indépendance d’un pays ?  Est-ce la continuité, la rupture ou le  legs de l’Etat colonial ? Tenter une réponse à ces questions est une opération bien périlleuse. L’histoire officielle nous apprend que le pouvoir colonial avait atrophié l’initiative privée, empêché le développement autonome, marginalisé les autochtones. La réalité d’aujourd’hui nous interpelle. 

Le pouvoir post-colonial n’a-t-il pas poursuivi la même politique ? On croit savoir que la colonisation a été toujours placée sous le signe de l’économie dirigée et que de l’Etat colonial à l’Etat national ne s’est opéré qu’un certain déplacement du centre relais. Ce qui n’était qu’un centre administratif devient capitale d’où un certain recentrage politique.

L’acquisition de l’indépendance politique ne signifiait pas pour autant ni l’indépendance économique, ni l’abdication de la France coloniale.

L’indépendance politique n’avait pas suffi à elle seule à briser les liens de dépendance tissés à travers 130 ans de colonisation. En effet, une fois mis au monde, l’Algérie subira un traumatisme qui la

 plongea dans un coma profond.. Après une longue nuit d’un sommeil artificiel sous l’effet de l’administration de psychotropes que sont les revenus pétroliers et gaziers, le peuple algérien s’est réveillé par miracle dans un sursaut national salvateur. 

Il s’est aperçu que le cordon ombilical qui le relie à la France n’est pas coupé. Il déduit qu’il n’est pas tout à fait libre.. 

Dr A. Boumezrag

Quitter la version mobile