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L’Algérien a-t-il la haine du livre ?

DEBAT

L’Algérien a-t-il la haine du livre ?

D’après le classement établi sur la base de l’étude World Culture Index, publiée en juin 2013 (données qui restent à actualiser en l’absence de statistique viables), mais qui est toujours d’actualité, l’Indien passe 10 heures et 42 minutes par semaine devant un livre. Et si l’ont croit aux données révélées dans un autre article de presse, paru en mars 2016, une particularité fait état de la constance d’un chiffre : l’Algérien ne lit que 6 minutes par an ! 

Dans sa première acception, le mot lire englobe indistinctement la littérature, la presse, les revues scientifiques, les modes d’emploi et les manuels de bricolage… À l’ère du numérique, où les nouvelles technologies sont censées promouvoir la lecture et la démocratiser, nul ne peut ignorer cette bien triste réalité.

L’Algérien ne lit que très peu, voire pas du tout. Ce ne sont pourtant pas les écrits qui manquent et ce n’est aucunement de la barrière linguistique qu’il pourrait s’agir non plus. Car il suffit de se rappeler que dans tout ce qui fait leur diversité, les textes existants se produisent en berbère, en arabe, en français, voire en latin (Saint-Augustin). 

Comment échapper à cette fatalité ? Ni l’industrie du livre, ni les bibliothèques publiques, ni le système éducatif ou quelque autre créneau ne sont parvenus à réhabiliter la lecture au sein de la société algérienne ou, dans d’autres termes,  réconcilier le lecteur et le livre dans le pays de Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Kamel Daoud, Yasmina Khadra, Mouhamed Dib, Taous et Jean Amrouche, Amin Zaoui… pour ne citer que ceux-là. 

Et si pour anticiper par une réponse préconçue une justification hasardeuse et selon laquelle, dans l’inconscient collectif, le malheur du peuple inhibe cette aspiration au plaisir de la lecture, une citation de Charles de Secondat, baron de Montesquieu, vaut mille autres annotations : « L’étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n’ayant jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé. » 

Auteur
Azeddine Idjeri 

 




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