Rappelé à Alger en février à la suite de l’affaire Amira Bouraoui, l’ambassadeur algérien à Paris Saïd Moussi est revenu à l’ambassade de Paris en signe d’apaisement entre les deux pays.
55 jours de fausse polémique emprunte d’effets de manches à Alger. Fin de la brouille donc ! Sans arracher le moindre renoncement ni mea culpa à la France, Tebboune renvoie finalement son ambassadeur à Paris. Tout ça pour ça ! A quoi bon ?
Saïd Moussi n’a pas un métier facile, surtout quand on sait qu’il travaille pour un Tebboune hiératique et imprévisible ! Le diplomate a regagné son bureau à Paris mercredi 29 mars, 50 jours après sa convocation par Tebboune à Alger pour « consultations », avait annoncé à l’époque un communiqué de la présidence. Les consultations ont conduit à quoi ? A une série de bluffs médiatiques sans lendemains.
Il a été convoqué suite à l’affaire de la militante franco-algérienne Amira Bouraoui, dont l’arrivée en France via la Tunisie a provoqué une crise diplomatique entre les deux pays. Cette affaire a conduit à une série d’arrestations arbitraires.
Le retour du représentant diplomatique à son poste est le deuxième signe d’un début de dégel dans les relations entre Paris et Alger après l’échange téléphonique qui a eu lieu le vendredi 24 mars entre les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune.
Alors qu’ils ne se sont pas parlé depuis le début de la crise, les deux dirigeants ont rouvert les lignes de communication pour démêler les circonstances de l’arrivée en France de la militante de 46 ans.
Une semaine plus tôt, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé que l’ambassadeur d’Algérie en France, Saïd Moussi, devrait bientôt regagner son poste.
Dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al-Jazeera le 22 mars, Abdelmadjid Tebboune a confirmé dans sa réponse à une question concernant l’éventualité d’un retour prochain de l’ambassadeur d’Algérie à Paris pour exercer ses fonctions prochainement, que cette affaire n’est «pas exclue», étant donné qu’il y a une importante communauté algérienne en France et qu’un «un travail consulaire doit être fait» pour prendre soin de ses préoccupations. Le déminage avait commencé.
À la même période, Paris a nommé Stéphane Romatet ambassadeur de France en Algérie en remplacement de François Gouyette, dont la mission expire fin juillet.
Romatet, actuellement chef de la diplomatie française en Égypte, occupe également le poste de directeur du Centre de crise et de soutien du Quai d’Orsay.
L’ambassadeur algérien en France a, par ailleurs, rencontré la secrétaire générale du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Marie Descott.
L'Ambassadeur Saïd Moussi s'est entretenu avec Mme Anne-Marie Descôtes, Secrétaire Générale du Quai d'Orsay. La rencontre a été l'occasion de faire le point sur les prochaines échéances bilatérales dans le cadre de l'agenda politique convenu entre les Hautes autorités 🇩🇿&🇫🇷 pic.twitter.com/kUNL5eL9mb
— Ambassade d'Algérie en France 🇩🇿 (@ambalgerieparis) March 30, 2023
Visite algérienne imminente
Pendant que les relations avec le Maroc sont au point mort, la France multiplie les déclarations de bonne intention envers l’Algérie. Si la visite de Macron à Rabat est renvoyée aux calendes grecques, Tebboune, lui, bénéficie des petits soins de Paris. Dans les prochains jours, les deux parties reprendront contact en préparation de la visite d’État de Tebboune en France, prévue les 2 et 3 mai, même si ces dates ne sont pas encore confirmées officiellement par Paris et Alger.
Bien entendu, pas question d’évoquer les violations des droits de l’homme en Algérie, le sort de la cinquantaine de condamnés à mort ou encore les 250 détenus d’opinion ne sera pas au menu de la rencontre entre Macron le Jupiter, et Tebboune.