La présidence de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Saïda Negha, a commis l’imprudence courageuse de rendre publique une lettre cinglante à Tebboune dans laquelle elle énumère les échecs de sa politique économique. Résultat : l’APS s’en prend à elle avec un savoir-faire éprouvé.
N’allons par par quatre chemins, la « nouvelle Algérie » de Tebboune est une démocratie Potemkine. Au lieu d’apporter une réponse sérieuse et concrète à une interpellation publique, la présidence a chargé l’APS de régler son compte publiquement à Saïda Neghza. La méthode est éprouvée. En lieu et place d’un communiqué du gouvernement, voire d’un echange avex le ministre de l’économie, l’agence officielle est chargée de la sale besogne pour jeter la boue sur la présidente de la CGEA. Cependant, la réponse de l’APS confine au risible. Elle accuse Mme Neghza d’être une nostalgique de l’ordre ancien, autrement dit celui de Bouteflika ; la vénérable APS oublie de rappeler aux Algériens que Tebboune en personne a servi Bouteflika pendant 20 ans, il a même été son premier ministre pendant quelques mois. Mais comme l’APS est une sacrée dévote, elle a la mémoire sélective, celle de sa seule foi en les puissants de l’heure.
Situation socioéconomique : la CGEA s’alarme et interpelle Tebboune
Tenez-vous bien, l’APS reproche à la présidente de la CGEA d’avoir rendu publique sa lettre à Tebboune. Comprendre : il ne faut pas partager avec les Algériens certaines réalités économiques. Le pouvoir est manifestement gêné par les vérités jetées sur la voie publique.
Dans la nouvelle Algérie, on ne dit rien, on se tait, on exécute les ordres de Tebboune, voire on est même autorisé à mentir si on nous le demande. Méthodiquement, l’APS s’emploie à démanteler tout l’argumentaire avancé par la présidente de la CGEA. Ne craignant pas de prendre quelques libertés sur l’inflation, ni avec la réalité d’un tissu économique moribond, elle avance même le chiffre invérifiable de 13 milliards d’exportations hors hydrocarbures. En vrai, il en est de ce chiffre comme des 20 milliards d’euros avancés par Tebboune comme étant récupérés auprès de la eissaba. Les Algériens n’y ont vu que du feu.
Abdelmadjid Tebboune et ses relais oublient que ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’ils feront baisser la fièvre. Ce n’est pas en mentant aux Algériens sur les vrais chiffres économiques que le pays ira mieux. Comment peut-on cacher la crise économique quand on n’est pas capable d’assurer la distribution des lentilles au peuple ?
Parce que cette dépêche est un cas d’école en matière de propagande officielle, nous la publions pour que les lecteurs s’en imprègnent.
Madame Saida Neghza s’est fendue d’un texte passéiste qui fait table rase de toutes les réformes engagées par le pays depuis 2020 pour le redressement des finances de l’Etat, afin d’éviter de tomber entre les mains du FMI et qui ont permis de booster la production nationale afin d’atteindre, à l’horizon 2023/2024, 13 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures.
Dans une contribution, au demeurant trop bien rédigée, paradoxalement, Mme Saida Neghza se fait le porte-voix d’intérêts qu’elle est sensée, prétendument, combattre, ceux de l’ordre ancien, ceux d’une Issaba dont le sport favori, n’était pas la pratique du golf, mais détourner l’argent du peuple. Et qui revendiquent le droit d’acquérir des biens à l’étranger avec des transferts illicites, issus du même argent de la surfacturation.
Dans cette missive, diffusée massivement sur les réseaux sociaux, bafouant les usages d‘une correspondance adressée à la présidence de la République, l’argumentaire principal de Madame Neghza est soutenu par ce même refus du changement, et cette obsession maladive des forces de l’argent sale qui ne veulent pas baisser les bras.
Nostalgique de l’ordre ancien, cette lettre respire les intentions de ses véritables auteurs, à savoir maintenir l’inertie, mais renseigne aussi sur le total déphasage de ses auteurs, sur les transformations profondes que connait l’Algérie.
Tous les opérateurs économiques et les administrateurs de l’Etat connaissent ce personnage et son peu d’envergure et son penchant pour tout ce qui est étranger et international. Mais de là à s’ériger en défenseur de l’économie algérienne, des opérateurs économiques et des citoyens dans leur ensemble est un exploit que Mme Saida Neghza a osé. D’ailleurs, c’est sa principale qualité: Elle ose et c’est à ça qu’on la reconnait.
Pour revenir à des altitudes plus clémentes pour la patronne autoproclamée de la CGEA, il existe, déjà, dans la nouvelle Algérie, d’autres institutions pour porter, haut et fort, les doléances économiques et sociales, que sont le CREA et le CNESE et la CGEA n’en fait pas partie, même si sa patronne a fait de la « proximité » des décideurs, des « passerelles », un fonds de commerce et une force de son marketing personnel. Et le niveau des inepties de cette lettre, complètement déconnectée des évolutions du monde, démontre qu’elle s’élimine, d’elle-même, du débat économique constructif et cohérent.
Juste à titre d’exemple, sa diatribe sur la hausse des prix, ceux des produits essentiels, tels que les pates alimentaires, l’huile, le sucre, le concentré de tomate et d’autres, est un exemple de cette méconnaissance des réalités économiques. Ces produits n’ont pas connu de hausse de prix, sauf pour les viandes dont l’importation a été autorisée, pour toute l’année, pour juguler les prix. Quant à l’huile, l’Algérie en produit actuellement, trois fois ses besoins et en exporte même de grandes quantités, alors que la semoule et la farine n’ont pas vu leur prix augmenter, car l’Etat continue de soutenir leur prix, pour ne pas mettre à mal précisément, le pouvoir d’achat des citoyens.
Comparé à de très nombreux pays qui connaissent une inflation record, avec des augmentations des prix de la majorité des produits et des matières premières, les prix en Algérie sont les plus bas.
Cette lettre nous rappelle étrangement, une organisation fantoche de « défense des consommateurs », qui défendait tout sauf le consommateur. Cette organisation qui ne fait que défendre, d’ailleurs, le seul dossier de l’automobile et des licences d’importation des véhicules. Mais les inepties deviennent suspectes quand il s’agit d’évoquer le dossier des surfacturations ! En quoi Mme Neghza et ses sbires, sont-ils gênés que l’Etat ait décidé de récupérer l’argent du peuple ? L’une des missions présidentielles n’est-elle pas de récupérer l’argent du peuple, là où il se trouve et chez qui il se trouve ?! Pour l’engagement en faveur des Algériens, il faut bien se dire que cet argent devra être récupéré et sera récupéré. N’en déplaise aux patrons récalcitrants. Car la grande majorité des opérateurs économiques sont cleans, honnêtes et patriotes. D’ailleurs, c’est grâce à ces patrons propres et patriotes que l’Algérie va relever le défi d’exporter, en 2023, 13 milliards de dollars hors hydrocarbures.
En revanche, ceux qui font dans les magouilles et la surfacturation: l’Etat ne les lâchera pas. Donc, cette missive ne vise qu’à réhabiliter ceux qui ont dilapidé l’argent du peuple avec la complicité des forces extraconstitutionnelles. Donc pourquoi cette lettre, en ce moment précis, si ce n’est une version améliorée des pressions qui font rappeler, l’ancien temps, lorsque des groupes de pressions, des lobbys et des oligarques exerçaient leur chantage sur l’Etat, tels que des organismes prédateurs comme l’ex-FCE dont l’existence a été exterminée, et ceci d’abord, grâce au Hirak béni et, ensuite, grâce à la présidentielle de 2019.
Mais la cerise sur le gâteau de cette lettre bizarre est la proposition faite par madame Neghza avec un appel, toute honte bue, à une réactivation de la tripartite. Cette fameuse tripartite, servie durant deux décennies, et qui fut le théâtre du dépeçage de l’économie algérienne et des entreprises publiques. Cette mise en scène mascarade qui servait d’outil pour les détournements et le bradage des entreprises publiques et dont Mme Neghza qui qualifiait la tripartie en 2016 de « formidable expérience en matière de dialogue et de protection sociale », appelle, sinon exige son retour, alors que l’Algérie a choisi sa voie et s’oriente vers l’émergence économique.
C’est par la tripartite que de nombreuses entreprises du secteur public marchand ont été cédées aux oligarques du FCE. C’est par la tripartite, qu’a été distribué l’argent de la planche à billets au FCE. C’est la tripartite qui a coûté des milliards de dollars au Trésor public. Madame Neghza, dans son infini délirium, ne propose à l’Etat que de rejouer au Monopoly avec l’argent du peuple au profit d’autres oligarques.
Depuis l’avènement de la Nouvelle Algérie, l’Etat et son Président n’ont jamais été avares dans l’écoute des délaissés, les sans voix et favorisant les propositions les plus constructives et les plus patriotiques. APS