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L’Arabie saoudite et Donald Trump, rencontre de deux jumeaux

Trump et MBS.

Trump et MBS. Credit: Daniel Torok/White House.

La visite de Donald Trump en Arabie saoudite, sitôt après son investiture,  n’est pas une surprise. Aucun autre tandem dans le monde ne pouvait offrir l’image d’une telle fusion. Deux jumeaux héritiers qui se rencontrent avec l’amour de deux frères de sang.

L’Arabie saoudite a toujours été l’alliée indéfectible des Etats-Unis. Son rôle d’acteur principal et de défenseur des intérêts du Moyen-Orient, seuls les crédules ou les illuminés pouvaient y croire.

Pour les émirs du golfe, en première position desquels se trouve l’Arabie Saoudite, n’étaient pas loin de traiter Donald Reagan et Margaret Thatcher de dangereux terroristes d’ultra gauche. Car, eux avaient osé aller jusqu’à l’acceptation d’un régime démocratique, une abjection politique. 

La puissance économique et le faste impérial, aussi ostentatoire que celui des nouveaux riches, inonde de mauvais goût le palais royal, depuis les meubles jusqu’à la cuisine.

Un journaliste avait décrit ce palais comme la copie parfaite de la résidence de Mar-a-Lago de Donald Trump, ou le contraire. Comment voulez-vous que le président américain ne soit pas chez lui dans le palais royal des maîtres du Moyen-Orient ? Il est dans son monde avec les mêmes mœurs de domination, presque d’essences divines.

Pour l’Arabie Saoudite, la seule politique est celle du business, aucune autre considération n’est de l’objectif de cette dynastie. La visite officielle s’est transformée en voyage de représentants de commerce. Un langage diplomatique que connaissent les deux parties, ils sont nés avec ce mode d’instruction pour héritiers.

La vision de la démocratie pour les rois du désert est un condamné dont on tranche la tête avec un sabre, aux yeux d’un public réuni dans un stade. Donald Trump tranche la tête aux institutions et aux universités devant les médias du monde réunis en spectateurs.

L’Arabie saoudite est le régime islamiste le plus doctrinaire qu’il soit. La femme n’est pas seulement mise au rang de l’esclavage, sa soumission est une jouissance. Plus elle est écrasée par les lois barbares du royaume, plus celui-ci se pavane en protecteur du dogme de l’Islam.

En miroir, les partisans de Donald Trump sont les plus grands adeptes de l’extrémisme religieux chrétien. La foi est leur légitimité, leur doctrine racialiste est le bannissement de tout ce qui n’est pas béni par le ciel comme l’est la race blanche et chrétienne.

La puissance de l’Arabie saoudite ne s’arrête pas là. Le divin dont ils se réclament être les élus, a accordé à ce pays un sceptre impérial. Ce sera le pétrole à flot comme les rivières d’or et le miel qui coulent au paradis selon la croyance au livre sacré. Comment le prophète aurait-il pu naître et mourir dans un autre lieu ? Même les météorites sont tombées du  ciel pour l’honorer d’une sépulture.

Donald Trump a le même jouet de puissance avec huit cent milliards de dollars de budget militaire. Il règne en émir sur un monde tétanisé par son pouvoir écrasant.

Une seule différence entre les deux frères siamois, l’un est dans le secret et le silence d’un palais royal dont la seule communication est la terreur. L’autre est dans l’outrance et la vulgarité des paroles, aussi ignorant que turbulent. Les cousins de sang n’ont pas forcément les mêmes comportements mais sont nés dans un même berceau familial.

Tous les deux se présentent comme les médiateurs des conflits du Moyen-Orient, tous les deux n’ont jamais obtenu le moindre début de résultat. Depuis ma jeunesse la médiation de l’Arabie Saoudite n’a pu résoudre quoi que ce soit sinon le prestige par l’illusion du grand frère protecteur du monde arabo-musulman.

Avez-vous entendu une seule parole dans un communiqué de ce pays à l’adresse de Trump à propos des Palestiniens ? Il voulait une Riviera sur les terres de Gaza, ils offrent, comme ils l’ont toujours fait,  les salons fastueux pour accueillir les délégations en conflit. L’Arabie Saoudite, comme à Alger, est le Sheraton qui loue des salles de mariage. 

L’Arabie saoudite et Trump, deux milliardaires en affaires. Le monde arabo-musulman n’est pour eux qu’un ramassis de la plèbe fasciné par le palais royal mystique et puissant, l’héritier du prophète.

L’Amérique a son dollar, les régnants du désert ont leur pétrole. La théorie de David Ricardo sur les avantages comparés dans les échanges extérieurs est validée.

Boumediene Sid Lakhdar

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