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L’Arabie saoudite fait un pas en direction d’Israël

Israël Arabie saoudite

Le président américain Joe Biden atterrit cet après-midi en Arabie Saoudite, dans le cadre de sa tournée au Moyen-Orient, après une visite trois jours en Israël et dans les Territoires palestiniens. Riyad a déjà fait un pas vers Tel Aviv en ouvrant son espace aérien, annoncé aujourd’hui.

« Un premier pas » pour Israël dans son rapprochement avec le chef de file des monarchies du Golfe, et plus largement les pays du Moyen-Orient.

C’est un tournant dans l’histoire des relations guerrières entre les pays arabes et l’Etat hébreu. Riyad ouvre son espace aérien aux avions israéliens. En attendant sans nul doute d’autres annonces les prochains mois.

L’annonce saoudienne est intervenue avant le vol direct inédit Tel-Aviv/Jeddah que devra effectuer Joe Biden, le premier du genre entre Israël et l’Arabie saoudite qui ne reconnaît pas officiellement l’État hébreu. En signe de détente, Riyad a annoncé dès ce matin, ouvrir son espace aérien à l’ensemble des compagnies, y compris les compagnies israéliennes. Le geste des Saoudiens a immédiatement été salué par les responsables de l’État hébreu. Plus besoin donc pour les compagnies aériennes israéliennes de faire d’énormes détours, pour rejoindre les pays asiatiques d’Extrême-Orient.

Lorsqu’un avion décollera désormais de l’aéroport international de Tel-Aviv, et prendra la route de l’est, il pourra survoler le territoire saoudien sans aucun problème. « Il s’agit d’un premier pas », a déclaré le Premier ministre israélien Yaïr Lapid en « remerciant » l’Arabie saoudite pour cette mesure qui va, selon la ministre du Transport Merav Michaeli, « permettre de renforcer les relations entre Israël et les autres pays du Moyen-Orient ».

Transfert de souveraineté des îles de Tiran et de Sanafir

Les Saoudiens ne sont pas les seuls à faire un geste envers l’État hébreu. Les médias israéliens annoncent également une initiative de leurs dirigeants, en faveur de la grande monarchie du Golfe. L’État hébreu aurait approuvé un accord entre Américains, Égyptiens et Saoudiens sur le transfert de souveraineté des îles de Tiran et de Sanafir à Riyad. L’Égypte a déjà rétrocédé ces îles à l’Arabie saoudite en 2017. Mais Israël avait encore son mot à dire.

Car ces deux îles stratégiques, situées sur la mer Rouge, permettent notamment l’accès au port israélien de Eilat. Après la guerre des Six Jours en 1967, elles ont été occupées par l’État hébreu. L’armée israélienne a fini par se retirer des îles en 1979 en vertu de l’accord de paix entre Israël et l’Égypte. Depuis, les deux îles sont démilitarisées et une force multinationale y est présente. C’est à ce titre qu’Israël a un droit de regard sur le changement de souveraineté de ces deux îles.

Volonté d’une solution à deux États Israël/ Palestine

Ce vendredi matin, Joe Biden s’est rendu ce matin en Cisjordanie occupée où siège l’Autorité palestinienne, présidée par Mamoud Abbas. Après un discours presqu’incisif du président palestinien Mahmoud Abbas, qui a énuméré une liste de requête aux Américains, le chef de la Maison blanche, lui, n’a pas surpris, rapporte Alice Froussardnotre correspondante à Ramallah.

Il a d’abord rappelé son attachement à la solution à deux États, où chaque personne « doit être traité avec dignité », le tout en faisant un rare clin d’œil aux difficultés rencontrés par les Palestiniens. « Je sais que cet objectif vous semble lointain, dit-il, alors que les restrictions de voyage, ou l’inquiétude quotidienne pour la sécurité de vos enfants sont réelles et immédiates  ».

Joe Biden était aussi attendu au tournant sur l’affaire Shireen Abu Akleh dans son discours, il « salue le travail vital » de la journaliste, appelle à faire « toute la lumière » sur sa mort, « une énorme perte », mais réussit à écorcher son nom. Le tout face à une vingtaine de journalistes qui portaient un fameux tee-shirt noir avec le visage de leur collègue.

Avancées économiques pour les Palestiniens

Mais Joe Biden n’avait pas grand-chose à promettre aux Palestiniens à part des avancées économiques : financements pour l’UNRWA, l’agence des nations unies pour les réfugiés palestiniens et pour les hôpitaux de Jérusalem Est, installation d’un réseau internet à haut débit, la 4G.

Ce n’est pas ce qu’espéraient les Palestiniens. Eux souhaitaient la réouverture d’un consulat à Jérusalem-Est, par exemple, ou des mesures pour inverser significativement l’héritage de l’administration Trump sur le dossier israélo-palestinien. Car, disent les Palestiniens, « des discours sur la paix ne suffisent pas pour y arriver, il faut d’abord en terminer avec l’occupation ».

Désormais, l’étape saoudienne de la tournée de Joe Biden au Moyen-Orient, est un terrain miné pour le président qui avait promis de mettre les droits humains au cœur de sa diplomatie. Encore candidat, Joe Biden avait promis de faire de la monarchie pétrolière un « paria » à cause de l’assassinat du journaliste et critique saoudien Jamal Khashoggi, et une fois élu, avait déclassifié un rapport accablant sur la responsabilité du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS).

À Jeddah vendredi, Joe Biden rencontrera le roi Salmane et participera ensuite avec son équipe à des discussions avec MBS, dirigeant de facto du royaume, et des ministres saoudiens.

Avec RFI

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