Pour la 3e jeudi consécutif, la ville de Larbaa Nath Irathen était ce jour en grève en soutien aux prisonniers lourdement condamnés dans l’affaire du lynchage à mort du jeune Djamel Bensmaïl. Une dizaine de personnes arrêtées ce matin.
La ville de Larbaa Nath Irathen, à 20 km à l’est de Tizi-Ouzou, était ce jeudi en état de siège. Malgré le dispositif sécuritaire déployé, elle maintient sa solidarité avec les prisonniers tous originaires de cette ville de haute montagne.
Dans un procès inédit et expéditif, 38 sont condamnés à la peine capitale. Six personnes condamnées à 20 ans de prison. Une à 10 ans de prison ferme. 15 à 3 ans de prison ferme. Jamais dans l’histoire de l’Algérie indépendante, pareils verdicts n’ont été prononcés. Surtout si l’on sait dans quelles conditions sont arrachés les quelques aveux. Pire encore : les médias proches du pouvoir se sont employés à condamner les prévenus bien avant la justice. Si le lynchage du jeune Bensmaïl fut ignoble, celui vécu par les désormais condamnés est tout aussi ignoble. Leur présentation devant la télévision bien avant le procès relève d’une dérive d’un système pour lequel la justice n’est qu’un simple outil d’exécution.
Pour intimider les citoyens et empêcher toute volonté de manifestation, un impressionnant dispositif sécuritaire a été en effet déployé à Larbaâ Nath irathen et dans d’autres localités limitrophes. Une dizaine de personnes, essentiellement des parents des condamnés à de lourdes peines de prisons, ont été arrêtés ce matin.
Dans un communiqué, le Rassemblement pour la culture et la démocratie est le seul parti à prendre position dans cette grave affaire. Hormis ce parti, aucune formation politique ne semble intéressée par cette grève et le sort des condamnés.
« Ce jeudi, 16 novembre 2023,la grève générale de protestation contre le traitement infligé aux détenus de Larbaa Nath Irathen lors du procès de l’assassinat de Djamel Bensmail s’est élargie à d’autres communes ». Le parti démocrate poursuit : « Les citoyens sont dans leurs droits en protestant pacifiquement contre ce fait du prince. Il met en garde contre les provocations et le climat de terreur que les services de sécurité tentent d’instaurer pour interdire l’expression légitime et pacifique du mécontentement des populations. Il tient pour responsable les pouvoirs publics quant à d’éventuelles dérives. »
Le RCD en appelle aux autorités pour prendre rapidement « des mesures d’apaisement ». Ajoutant qu' »un procès politique nécessite des mesures politiques . Elles sont du seul ressort du pouvoir politique ».
Sofiane Ayache