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L’armée française se retire de l’Azawad

Barkhane

Mardi 14 décembre, la force française Barkhane a quitté officiellement la base de Tombouctou, après Kidal et Tessalit, dans le cadre de la réorganisation en cours du dispositif militaire français au Sahel. Sur place, ce départ et ces neuf années laissent une impression quelque peu amère.

Les soldats de la force Barkhane ont quitté la base de Tombouctou, mardi 14 décembre. Dans les faits, les soldats français étaient déjà peu nombreux, ici. Depuis plusieurs années, les forces maliennes et les Casques bleus assurent l’essentiel de la présence militaire. Mais ce départ est très symbolique.

On se souvient des scènes de liesse qui avaient accompagné l’entrée des blindés de Serval dans la ville et des mots du président français de l’époque, François Hollande, qui avait déclaré avoir vécu « le moment le plus important » de sa vie politique. Neuf ans plus tard, le sentiment vis-à-vis de l’armée française est plus mitigé.

Frustration palpable

Les attaques terroristes sont aujourd’hui peu fréquentes à Tombouctou, qui fait même pour cela figure d’exception dans le pays. Lors de la période d’occupation islamiste, pendant dix mois en 2012, lorsque Ansar Dine et Aqmi administraient la ville, Diadié Hamadou Maïga présidait le cadre de concertation, qui faisait office de médiateur entre les occupants et les habitants de Tombouctou. Il fait partie de ceux qui ont accueilli triomphalement les troupes françaises :

« L’enthousiasme avec lequel nous avons accueilli les soldats français à leur arrivée, et les relations qu’il y a eues entre nous – l’engagement, la mise en confiance des gens – ont permis d’acter des rapports d’amitié et de camaraderie avec ces forces venues nous aider. Malheureusement, avec l’évolution (de la situation), la présence de la France ne répondait plus aux attentes des gens. L’intervention n’était pas au rendez-vous. »

C’est que depuis, la criminalité a pris le pas sur le terrorisme : attaques à main armée, enlèvements, assassinats, les actes de banditisme violent sont de plus en plus fréquents. Et comme Diadié Hamadou Maïga, beaucoup de Tombouctiens reprochent à Barkhane sa passivité :

« Les justifications données étaient qu’ils n’étaient pas là pour lutter contre des éléments pas considérés comme islamistes. Les gens étaient frustrés parce qu’ils ne voulaient pas intervenir. »

La semaine dernière, deux hommes puis une fillette ont été tués par balle à Tombouctou par des hommes armés non identifiés, ce qui a suscité des mouvements de protestation. Il est revenu aux forces maliennes de sécuriser la ville.

Place à une nouvelle logique de coopération militaire

Barkhane repose désormais sur un triptique Gao-Ménaka-Gossi. Trois bases le long de la zone des trois frontières, épicentre des combats. De 5 100 soldats, la force passera à 4 800 en janvier. Puis, la décrue sera régulière mais moins rapide qu’annoncée : 4 000 hommes à l’été 2022, puis 3 000 à l’été 2023. Ce sera alors la fin de l’adaptation de l’opération Barkhane.

Dès janvier, l’intervention française glissera d’une logique de paix à une logique de coopération militaire. Plus de gros bataillons pour du contrôle de zones mais plutôt un partenariat de combat avec les forces armées maliennes, à l’instar de ce que fait la force européenne Takouba pour conduire les armées locales vers l’autonomie. Avec RFI

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