Voilà arrivé le jour de ce qu’ils appellent la fête nationale où une population doit se ranger comme un seul homme derrière les militaires qui nous font danser et chanter au rythme des tambours, du drapeau et de l’hymne national.
Personne n’a à me dire ce que je dois penser, ressentir ou faire pour honorer les braves qui sont morts pour que mes parents aient une vraie nationalité et que nous profitions d’une bonne scolarisation.
Mais je parle des hommes courageux morts qui nous ont transmis cet héritage, pas des vivants qui nous ont fait passer au tiroir-caisse pendant 60 ans pour le prix des larmes.
Il n’est pas né celui qui me dictera mes sentiments envers le pays qui m’a vu naître et que j’aime. Personne ne me mettra à genoux devant un drapeau sali par ceux qui le brandissent à ma figure et personne ne me dira quelle est ma langue, ma croyance et mon histoire. Et certainement pas les militaires corrompus et criminels.
La seule date de fête nationale qui sera la mienne sera la date de décolonisation. Or, il ne semble apparaître à personne qu’une colonisation a remplacé une autre. Le premier novembre n’est pas pour moi la date de décolonisation et donc de la fête de l’indépendance.
Honneur aux morts mais honneur aussi appuyé aux milliers d’incarcérés par la nouvelle colonisation.
Un jour, on fêtera l’indépendance et ce jour-là également personne n’aura à me dicter mon comportement et la forme de mes sentiments.
Ce qu’on aime n’est pas à démontrer avec un drapeau et un hymne. Et encore moins à m’en demander un tribut liberticide et financier.
Non, il n’est pas encore né, celui qui me l’imposerait.
Boumediene Sid Lakhdar