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Le 28 octobre, la désobéissance civile ?

TRIBUNE

Le 28 octobre, la désobéissance civile ?

J’en suis tombé de ma chaise lorsque j’ai entendu la rumeur sur les réseaux sociaux. Elle court et arrive à mes oreilles, confirmée par plusieurs intervenants.

Je suis stupéfait que la grève générale soit demandée pour en finir avec les danses et les youyous dans les rues, le vendredi.

J’ai été invectivé et insulté et voilà que les mêmes demandent ce que j’avais proposé, il y a des mois.

Alors, même si je n’ai pas de rancune et souhaite, bien entendu, la survenue de ce que j’ai tellement proclamé, j’ai de la mémoire.

Je vais répliquer à tous ceux qui nous ont fait perdre du temps, aux intellectuels compris, surtout à eux, par les arguments qui m’avaient été jetés à la figure. S’ils ont été réfléchis par ces intellectuels, au moment de leurs attaques à mon égard, je suis donc en légitimité de les rendre dans les mêmes propos.

Alors, comme cela, vous voulez provoquer la colère des généraux qui se retourneraient en violence contre la foule ?

Alors, c’est ainsi que vous voulez mettre la jeunesse face à un danger incontrôlable qui la  mettrait en péril et saboterait des mois de marches pacifiques ?

Alors, vous allez provoquer la division et la haine au sein d’un mouvement d’espoir, de jeunesse et de pacifisme voué à des lendemains qui chantent ?

Vous êtes des inconscients à vouloir une grève générale qui étranglerait les généraux jusqu’à provoquer le pire car lorsqu’on touche à leur porte-monnaie, ils deviennent des bêtes enragées.

Vous êtes des irresponsables en provoquant le trouble et la violence au sein d’une société qui veut une révolution pacifique, avec danses, youyous et fleurs.

Je serais effectivement tout à fait légitime à renvoyer ces arguments qui m’avaient été opposés, sans compter notre lâcheté à être des planqués à l’étranger. Je serais tout à fait dans mon droit pour regarder, droit dans les yeux, les intellectuels de la sagesse, du mouvement pacifique éternel envers les généraux et qui, aujourd’hui encore, retourneraient leurs vestes pour être en  direction d’un vent qui tourne.

Des mois perdus avec des danses, des youyous et des intellectuels abonnés au pacifisme dès lors qu’il s’agit de s’attaquer frontalement au régime militaire. 

Des dizaines d’incarcérés et des milliards, probablement évaporés pour fuir offshore. Et ces intellectuels qui, comme d’habitude, attendent pour voir tourner le vent de la colère.

En attendant, nous avons un mouvement de foule avec des milliers de foulards ainsi qu’une obédience à une chaîne de télévision appartenant au fils d’Abassi Madani, devenu le chantre de la révolution démocratique. Si je n’avais pas de solides jambes, j’en tomberais d’apoplexie de rires.

Bravo, du beau travail, je félicite les farouches adversaires de la désobéissance civile. Et maintenant, qu’allez-vous proposer pour vous rattraper ? Faire sortir les baïonnettes dans les rues pour combattre les généraux ?

Car ce sont toujours les mêmes qui veulent se racheter en faisant du zèle. Cette fois-ci, c’est moi qui met en garde la population de ne pas être entraînée très loin par ceux qui veulent faire oublier le passé.

Oui pour la grève générale mais sans foulard, en silence de mort, pour rappel de celle qui attend de foudroyer le régime militaire. Et, une fois pour toute, décidez-vous car depuis 1962, votre cœur balance vers le képi puis vers les babouches, puis l’inverse.

Il est temps que vous sachiez qui vous êtes, ce que vous voulez et quelle est la direction de votre projet national ?

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar

 




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