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Le Camen refuse de s’inscrire dans l’agenda du système et dénonce

Dans un communiqué

Le Camen refuse de s’inscrire dans l’agenda du système et dénonce

Le Collectif des amis du manifeste de l’Algérie nouvelle (CAMAN) nous a fait parvenir le communiqué suivant.

Ce 20 février 2020, le peuple algérien s’apprête à commémorer le premier anniversaire du soulèvement civique et politique contre le système autoritaire en place. La semaine dernière, les manifestations populaires et pacifiques de Kherata, toujours dans le même cadre, confirment la détermination sans faille du peuple algérien de continuer dans le sillon tracé il y a un an.

Par sa ténacité et sa persévérance à occuper l’espace public massivement et deux fois par semaine – cas unique dans les annales mondiales en la matière – la révolution populaire a élevé une digue contre toute spéculation pour un changement de façade. Elle réitère par là son refus catégorique de laisser parler en son nom des acteurs autoproclamés.

Le peuple s’insurge de l’attitude schizophrénique du pouvoir qui, d’un côté, continue à réprimer, arrêter les manifestant(e)s, prolonger les lois liberticides, museler la presse, etc. – et, de l’autre, s’évertue  à louer « le béni hirak » pour reprendre l’expression institutionnelle. 

A l’ombre d’une ènième trituration de la Constitution, les grandes manœuvres recommencent de nouveau avec la même opacité et la même stratégie : le débauchage des militants ressources et l’étranglement du processus révolutionnaire. De nouvelles clientèles accourent au secours du régime en anticipant ses propres plans de restauration dans l’espoir de s’aménager des carrières dans une nouvelle recomposition autoritaire du champ politique aux seuls fins de perdurer le système de la prédation et du déni de Droit. 

Le CAMAN  qui refuse fermement de s’inscrire dans un quelconque agenda du système, rappelle  que la solution n’est pas dans la cooptation ou la promotion sociale de représentants auto proclamés aussi illustres soient-ils. Toute tentative de dévoyer la nature révolutionnaire des revendications populaires est vouée à l’échec et ses commanditaires et relais citoyens iront au rebut de l’Histoire. Le processus incontournable d’organisation et d’expression citoyennes autonomes ne saurait être réduit à des kermesses médiatiques de clientèles passées ou futures dans un espace public jusqu’ici strictement interdit à toute expression contraire à l’agenda du pouvoir de fait.   

Il s’agit de mettre en place les mécanismes vers un ordre politique où règnent la souveraineté populaire et la liberté et non d’aider un système à replâtrer ses frasques désastreuses pour la Nation.  Les slogans maintes fois proclamés par la rue sont sans équivoque. Il ne saurait y avoir d’octroi, cette technique politico- institutionnelle qui dessaisit le peuple de sa souveraineté au profit d’une oligarchie tapie derrière le rideau. La marche du peuple algérien pour recouvrer son histoire, sa dignité et sa liberté ne saura se contenter de demi-mesures à effet dilatoire pour semer la confusion dans les esprits. Plus rien ne sera plus comme avant, c’est cela qu’affiche ostensiblement le peuple car la tricherie a trop longtemps duré. Si preuve il en faut quand à l’impossibilité du système à s’auto réformer, c’est cette incapacité à se renouveler et cette obstination à s’accrocher au personnel bouteflikien usé et dépassé par l’accélération de l’histoire. La minorité technocratique appelée au secours du régime sait qu’elle sert de faire-valoir car  elle n’a aucune influence sur les décisions et, encore moins, sur une amorce du changement.

La transition démocratique demeure la clef de la légitimité de l’exercice du pouvoir. Les éléments de son contenu se situent dans le couple droits et libertés mais aussi, et c’est très important, la mise en place de contre-pouvoirs pour faire respecter les principes énoncés. C’est un enjeu crucial !

Il est temps que l’Algérie, hier phare de la lutte des peuples pour leur indépendance, rejoigne la voie de la démocratie et de la souveraineté populaire. C’est dans cette perspective que nous considérons que l’élection d’une assemblée constituante souveraine est le socle incontestable d’une légitimité politique incontestée.

C’est autour de cet objectif que nous appelons les Algériennes et les Algériens à se rassembler pour doter notre pays d’une puissance politique, juridique et institutionnelle garante de la stabilité si indispensable à l’Etat souverain. La souveraineté internationale et nationale est consubstantielle à la souveraineté populaire portée par la Constituante. 

En ce premier anniversaire de la révolution citoyenne, le CAMAN appelle les Algériennes et les Algériens à réinvestir massivement et pacifiquement l’espace public pour imposer un rapport de force démocratique qui mette fin au système de l’octroi et de la prédation au profit d’une transition démocratique indépendante dont la Conférence nationale souveraine sera l’instrument consensuel vers un changement démocratique pacifique et ordonné.   

Alger, le 19 février 2020.

 

 




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