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Le cas de FormulaTV de David Kezerashvili : la liberté de la presse sous pression en Géorgie

 

Le 3 mai 2022, sortait l’Index de la Liberté de la Presse dans le monde, selon Reporters sans Frontières. Le recul le plus spectaculaire est enregistré par la Russie, qui sombre à la 155e place, l’Ukraine, du fait de la situation guerrière, se trouve à la 104ᵉ place.

La Géorgie est, elle, passée de la 60ᵉ place à la 89e, suite à des violences politiques, fréquemment dues à la pression russe et à la volonté de contrôle du pouvoir en place, comme l’illustre bien le cas de la chaîne privée FormulaTV, appartenant à David Kezerashvili, plusieurs fois menacée de fermeture. La région est soumise au risque autoritariste et c’est précisément là que l’effort de démocratisation doit porter. 

La Géorgie veut rapidement entrer dans l’Union Européenne

La demande d’entrée de la Géorgie dans l’Union européenne s’est réalisée, dans le cadre tourmenté de la guerre en Ukraine, Kyiv ayant fait sa demande le 28 février, 4 jours après le début de l’invasion russe. C’est avec les mêmes aspirations et craintes que Tbilissi a, officiellement, formulé sa requête.

D’autre part, la Géorgie compte parmi les plus proches partenaires de l’OTAN. Elle aspire à devenir membre de l’Alliance. Au fil du temps, l’OTAN et la Géorgie ont mis en place des activités de coopération pratique très diverses, à l’appui des efforts de réforme du pays et de son objectif d’intégration euro-atlantique.

La première démarche relève d’un choix de régime politico-économique, pour la démocratie libérale fondée sur la liberté d’expression et de circulation ; la seconde, d’un engagement vers des procédés de défense mutuelle en cas d’agression extérieure. À quelques années près, on observe que les situations de la Géorgie, agressée en 2008, et de l’Ukraine, en 2022, sont jumelles. 

FormulaTV : une chaîne où souffle un vent de liberté

Ancien Ministre de la Défense, David Kezerashvili a, depuis, gagné le respect pour son travail visant à aider la reconstruction de l’économie et du secteur privé de la Géorgie. M. Kezerashvili s’est établi en tant qu’entrepreneur et investisseur, se concentrant sur l’aide à la croissance de l’économie géorgienne et sur le lobbying pour que les entreprises étrangères de haute technologie investissent en Géorgie.

Le nombre de médias indépendants a augmenté ces dernières années, mais la réponse récente du gouvernement et la rhétorique croissante contre les médias privés suggèrent qu’ils sont constamment sous la menace de perdre leur liberté.

David Kezerashvili a toujours été un ardent défenseur d’un journalisme indépendant et de liens plus étroits avec l’Occident pour renforcer le chemin de la Géorgie vers la démocratie. En août 2019, David Kezerashvili est devenu l’actionnaire majoritaire de la nouvelle chaîne de médias privée FormulaTV et a déclaré ; « La nouvelle plateforme de télévision respectera les normes les plus élevées d’un journalisme libre et impartial ».

Technique sans appel : liquider la chaîne pour un $ symbolique

FormulaTV a été menacée de fermeture, de façon identique à ce qui s’est passé, en 2011, pour la chaîne Rustavi 2, vendue à un allié bien connu du leader du Rêve Géorgien actuellement au pouvoir, Bidzina Ivanishvili, pour seulement 1 $.

D’autant que David Kezerashvili est réputé aller jusqu’au bout de ses engagements. Au moment même de l’invasion, la télévision privée FormulaTV a déployé des efforts considérables pour rallier la société géorgienne au soutien à l’Ukraine. L’ancien président géorgien Giorgi Margvelashvili, le parti Droa (Il est temps !) et des groupes de la société civile se sont joints à l’effort soutenu par l’ambassade d’Ukraine en Géorgie. Le 27 février, ils ont créé un fonds de soutien à l’Ukraine, avec une contribution initiale de 500 000 Lari (153 592 €) de FormulaTV. Les livraisons se poursuivent régulièrement. Or, plus la situation régionale est critique et plus le parti au pouvoir en Géorgie fait pression pour adopter une position beaucoup plus restrictive, qui pourrait potentiellement priver les organes de presse non gouvernementaux de leur droit d’exercer et, ainsi, permettre un contrôle gouvernemental plus direct par des suspensions arbitraires et la révocation de ces licences. Un phénomène bien connu en Russie. 

Les journalistes géorgiens estiment que la situation s’aggrave. Une voix que l’on entend, parmi les journalistes, est celle de Nata Dvalishvili, directrice de la Charte géorgienne d’éthique journalistique. La pression sur les journalistes s’est tellement accrue que certains ont dû fuir la Géorgie après avoir dénoncé la corruption du gouvernement. Les actions contre Rustavi 2, FormulaTV et d’autres entreprises médiatiques indépendantes portent des coups sévères à la liberté d’expression du peuple géorgien. Sans une véritable liberté de la presse, les gens ne peuvent être sûrs d’obtenir des informations fiables et d’entendre toutes les versions de l’histoire.

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