Vendredi 22 mars 2019
Le clan Bouteflika : entre guignols et girouettes
L’Algérie est aujourd’hui à un virage important de son histoire. Les Algériens ont décidé de prendre leur destin en main et il est illogique que cette situation de pourrissement, où une pseudo-tutelle composée de forces anti-constitutionnelles, continue d’imposer son diktat sur eux et de gérer le pays à l’aveuglette, suivant la règle du biberon de la rente.
Cela dit, tous ces changements d’attitude incompréhensibles vis-à-vis du mouvement populaire qui fleurissent comme des champignons, ces derniers jours, que ce soit au sein de la direction du FLN ou chez les partis de l’alliance présidentielle, illustrent une volte-face tactique des cercles du régime pour se repositionner dans le jeu politique de la période de la transition à laquelle s’apprête l’Algérie.
En même temps, ayant compris que l’époque Bouteflika est révolue, ces cercles-là tentent une rare opération de toilettage pour mieux tromper le peuple sur leurs intentions.
Leur objectif numéro n°1, c’est de parasiter ce ralliement de la rue autour du même mot d’ordre : «système dégage!». Sauver le système ou ce qu’il en reste, pour ne jamais rendre les clés de la maison, telle est la mission des affidés du régime qui, il y a quelques semaines seulement, pérorent comme des guignols que le cinquième mandat est une garantie de stabilité pour l’Algérie.
En gros, ils veulent que tout change pour que tout reste en place. Mais comment? Leur logique est toute simple, jouer sur le facteur temps pour que le mouvement s’essouffle, en accordant des petites concessions à la rue, à chaque vendredi de mobilisation, via des lettres prétendument «rédigées» par Bouteflika.
Puis, sacrifier s’il le faut des boucs-émissaires ou des «fusibles» appartenant au système, pour garder intact tout l’appareil de la prédation.
Enfin, en intégrant le mouvement, ils essaieraient sans aucun doute de dénaturer ses buts et sa finalité par des slogans autres que ceux portés par la majorité des manifestants. Il est fort probable qu’on débouchera dans les jours qui viennent sur une sorte de «guerre psychologique» qui, en plus des tournées diplomatiques du vice Premier ministre Ramtane Lamamra pour les besoins de la cause (assurer les partenaires économiques internationaux sur la validité de leurs contrats, en contrepartie de leur silence sur la gestion calamiteuse de la crise), constituera un autre signe du mépris de la volonté populaire.
En résumé, les officiels de l’autocratie bouteflikienne sont en train de prouver qu’ils font tout contre leur peuple, contre l’alternative démocratique, contre le passage du flambeau à la jeunesse, contre le développement de l’Algérie. Cela est d’autant plus dangereux pour le pays que notre situation économique très critique est drôlement passée à la trappe !
Y aura-t-il une issue positive à ce blocage, quand on sait que rien n’est fait, en haut lieu, pour sortir de l’ère de l’autoritarisme et de la corruption? La question reste grande ouverte. Il paraît que le pouvoir rend fou ceux qui l’occupent, au point que ces derniers oublient que sa source se trouve dans la confiance du peuple. Une confiance totalement perdue à la minute où j’écris ces lignes-là.