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Le Conseil de sécurité, ce machin 

Conseil de sécurité

La réunion programmée de l’Assemblée générale de l’ONU la semaine prochaine me donne encore l’occasion d’aborder un point qui semble s’en détacher mais pourtant si lié à l’événement. 

Aussi je veux partager avec vous un autre et très vieux débat concernant le Conseil de sécurité  de l’ONU que certains estiment être crucial dans la gestion des conflits mondiaux et d’autres, aussi illégitime dans sa composition qu’inefficace dans l’application de ses résolutions.

Pour bien comprendre les deux points de vue opposés il m’a semblé qu’une des entrées dans l’analyse est de revenir sur la célèbre phrase du général de Gaulle qui avait qualifié l’ONU du mot dédaigneux de machin. Le premier côté de vision est certainement celui de l’hypocrisie car le général de Gaulle n’avait jamais accepté, ou plutôt digéré sa frustration et vexation, de ne pas avoir été invité à la conférence de Yalta où les trois grandes puissances allaient forger leur assise en imperium sur le monde dans les décennies qui suivront. 

Exclue des pays qui allaient gérer la phase d’occupation du territoire allemand, il avait fallu l’appui de Churchill pour que la France adhère au club fermé des grands. Mais il n’en n’a rien été pour faire disparaître le sentiment de domination des pays anglo-saxons et le désir de créer une troisième voie, indépendante et souveraine.

L’accusation de machin s’insérait également dans une autre pensée hypocrite parmi bien d’autres. On attribue ce mot machin au président français au moment de son refus de participer à l’opération d’envoi des casques bleus au Congo en 1960. La France y avait des intérêts et ne souhaitait pas que les autres puissances puissent venir les menacer.

De Gaulle adoptera la même démarche lorsqu’il décidera plus tard de quitter l’OTAN dans son commandement intégré. Pourtant la France ne sortira jamais du Conseil de sécurité qu’elle trouvait illégitime et inefficace. Si cette accusation est des plus hypocrites elle reste néanmoins juste dans ses fondements si on lui enlève la pensée dissimulée et calculée du président Charles de Gaulle. 

Le premier point qui fait basculer du côté de la critique très ancienne à l’encontre du Conseil de sécurité, d’ailleurs dès sa naissance, est donc son illégitimité par sa composition. Cinq pays membres permanents, quelle justification peut-on avancer alors que les réalités géopolitiques se sont modifiées depuis 80 ans ?

Le second est le blocage permanent dans les votes car l’unanimité est requise pour la prise de décision d’une résolution. Depuis de très nombreuses décennies Israël bénéficie du véto américain y compris ces derniers jours alors qu’un génocide se produit aux yeux du monde. Après cette horrible image de la main levée de la représentante américaine, que nous reste-t-il d’autre comme acceptation de la légitimité d’un conseil qui laisse passer un horrible massacre en continuant à exister.

Le troisième est l’inefficacité des résolutions du Conseil de sécurité dans leur application. Les deux résolutions concernant les frontières d’Israël ont-elles été un seul jour respectées ? Les Etats-Unis ont-ils bougé un seul petit doigt pour imposer les résolutions qu’ils ont eux-mêmes votées et stopper l’occupation illégale par la cessation de l’envoi des armes à Israël ?

Enfin un autre point d’inefficacité, celui des casques bleus. A-t-on vu une seule fois leur déploiement servir à quelque chose pour éviter la poursuite des combats et massacres ? Tous se sont terminés par un échec depuis la seconde guerre mondiale ou par  une efficacité qui ne méritait pas tant de dépense et d’efforts. Le Liban a-t-il été protégé en quoi que ce soit des incursions et bombardements d’Israël ?

Déployer une armée aux jolis et reconnaissables Casques bleus n’a jamais eu autre efficacité dans sa mission que d’arroser les plantes sur les lignes de démarcation des conflits (l’expression n’est pas de moi). Ce n’est pas sérieux et ce n’est même pas risible lorsqu’on considère les malheurs des populations qu’ils sont censés protéger.

Pour ma part je ne qualifierais effectivement pas le Conseil de sécurité de machin mais d’une vaste plaisanterie qui ne fait pas rire. Avec l’atrocité qu’ils subissent, les Palestiniens n’ont certainement pas le cœur à rire.

Pour leur grande majorité leur a été épargnée la vue de  l’atroce main levée en véto dans le Conseil de sécurité pour s’opposer à une résolution contre Israël. César baissait le pouce pour décider de la mort, chacun sa culture pour exprimer sa décision de condamnation à mort. 

Boumediene Sid Lakhdar

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