Mardi 29 janvier 2019
Le coordinateur du CLA de Ghardaïa passera le 6 février devant le juge
Au-delà du populisme et des idéologies dont souffrent les établissements scolaires qu’avait évoqués le Secrétaire Général du Syndicat National Autonome des Professeurs de l’Enseignement Technique et secondaire (SNAPET), M. Meziane Méliani, lors d’un forum, au siège du quotidien Le Courrier d’Algérie, M. Aouf Hadj Brahim, Coordinateur du Conseil des Lycées d’Algérie (CLA), de la wilaya de Ghardaïa, a soulevé, au niveau des établissements et des directions de l’éducation de ladite wilaya, racisme, marginalisation, corruption et surenchères de postes sensibles.
Ses multiples dénonciations et nombreux rapports adressés à la direction des études et au ministère de l’éducation nationale, ont valu à M. Aouf plusieurs contrôles judiciaires, ainsi que 7 convocations par la police judiciaire dont deux pour se présenter devant le procureur de la république. A croire qu’il s’est auto-dénoncé !
Ce qui est le plus choquant dans cette injustice qui sévit dans les coulisses de l’éducation depuis des décennies, c’est les témoignages recueillis qui décrivent la différence flagrante qu’il y a entre la gestion des lycées des quartiers mzab et les autres quartiers. D’ailleurs, M. Aouf a été soumis à un contrôle judiciaire tous les 15 jours, suite à la publication de l’article 26 de la convention internationale des Nations Unies, concernant les peuples autochtones, par arrêt du juge d’instruction de la deuxième chambre de Ghardaïa. Le délit ? Incitation à la haine et discrimination visant à entraver la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice des droits fondamentaux et des libertés fondamentales ! La question qui se pose et s’impose est : pourquoi est-ce que le procureur de la république n’a pas demandé l’ouverture d’une enquête pour vérifier les déclarations de l’accusé ?
Lorsque M. Aouf avait entamé une grève de la faim, le 22 janvier 2018, au siège du parti du Mouvement Démocratique et Social (MDS), le ministère de l’Education Nationale a envoyé une commission d’enquête sur les lieux qui, malheureusement, n’avait pris pour témoin que les cadres et les professeurs non mozabites, sous la direction de deux inspecteurs de Metlili. Leur rapport parut le 5 avril 2018, mais a été utilisé contre le gréviste, lui coûtant trois jours de mise à pied disciplinaire. Ce rapport ne lui a jamais été remis.
Prenons de simples exemples, l’école technique, Ramdane Hammoud, au centre-ville de la commune de Ghardaïa, a vu durant trois ans, les équipements de ses laboratoires des sciences et physique, acquis par le budget de ce même lycée, transférés aux autres lycées dans les autres quartiers. Pourquoi ? De quel droit ? Il semblerait qu’on déshabille «Bakir» pour habiller «Kada», ce qui ne réglera jamais le problème du manque d’équipements scolaires dans les lycées.
Au lycée Aflah, les équipements n’ont pas été renouvelés depuis 1999, soit, depuis la venue de l’actuel président de la république. Quant au lycée Ramdane Hammoud, les laboratoires de physiques-Chimie et sciences naturelles sont dans un état catastrophique qui menace la santé des professeurs et des élèves.
Mieux encore, lorsque M. Aouf a demandé, précisément au Wali, toujours sur le réseau social, d’ouvrir une enquête sur la corruption qui règne dans le secteur de l’éducation, dans la wilaya, le premier responsable n’a eu de réponse que de déposer plainte contre lui pour calomnie et outrage à son institution ; et pour ne pas changer de scénario, ni de personnages, le juge d’instruction de la deuxième chambre de Ghardaïa, encore une fois, le met sous contrôle judiciaire tous les 15 jours, l’accusant de calomnie et outrage.
Une des revendications du CLA est «les retards dans la titularisation des nouveaux enseignants». En effet, dans le collège Ramdane Ibrahim, le grand problème qui se pose est le manque de personnel dans l’administration et celui de l’éducation, comme les surveillants et le superviseur, sachant que le poste de superviseur a été confié à un professeur qui n’a aucune notion dans la gestion, ce qui a poussé bon nombre d’élèves à quitter les bancs.
Comme bon nombre de professeurs et cadres mozabites qui tentent de garder leurs postes, moyennant les démarchent légales, M. Aouf dénonce les dépassements de certains directeurs de l’éducation et leurs acolytes, ce qui lui fait subir la machine judiciaire infernale d’un système imposé, d’une méthode dépassée et surtout arbitraire, corrompue et abusive. Certaines écoles n’ont pas vu leur mobilier changer depuis plus de dix ans, pendant que d’autres sont délaissées sur le plan pédagogique. Les différents administrateurs qui, au lieu de mettre leur savoir faire au service de l’éducation, préfèrent imposer leurs idées et leurs amis aux postes déjà occupés.
En-deçà des problèmes matériels, M. Aouf dénonce le problème de racisme criant qu’il n’a de cesse de prendre de l’ampleur, de sévir dans les moindres locaux des différentes administrations de l’éducation.
Cette cabale judiciaire menée contre le coordinateur du CLA de Ghardaïa, a commencé le 28 avril 2018, lorsque le wali l’a insulté devant tous les présents à l’assemblé populaire de la wilaya, lui promettant une longue période sous les verrous. Cette pression et humiliation, ont coûté à M. Aouf deux mois d’arrêt de maladie, prescrits par son neurologue pour dépression nerveuse. Parmi les plaignants dans cette affaire, figure «Mme. Marzougui Hafitha, ancienne directrice du lycée Imam Aflah iben Abdel Ouahab, de la commune de Ghardaïa qui est actuellement directrice du lycée Karma Boudjemaa, de la même commune.
L’autre inculpation de M. Aouf est la calomnie, après avoir demandé aux autorités locales d’enquêter et d’arrêter un internaute qui diffusait des publications appelant à la haine contre les mzab et les ibadites. Même décision : contrôle judiciaire tous les 15 jours, à la demande du juge d’instruction de la deuxième chambre de Ghardaïa.
En résumé, les six poursuites et les 22 informations judiciaires, engagées contre le coordinateur du CLA de la wilaya de Ghardaïa, sont toutes basées sur des publications émises sur le réseau social bleu, où M. Aouf avait publié des informations très importantes sur des agissement très graves de certains commis de l’état, portant sur la corruptions, la ségrégation raciale et l’abus d’autorité ; après avoir adressé des courriers aux autorités locales et centrales, ainsi qu’au ministère de l’Education nationale qui sont restés lettres mortes. Il avait également publié ses correspondances et les accusés de réception avec les différentes administrations, comme il a publié de nombreuses conventions et pactes internationaux ratifiés par l’état algérien, portant sur les droits des autochtones.
M. Aouf veut alerter l’opinion nationale –et s’il le faut, l’opinion internationale- sur les pratiques utilisées par certaines autorités qui a engendré ce qui est communément connus par «les événements du Mzab».