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Le coup de bluff de Saïd Bouteflika !

COMMENTAIRE

Le coup de bluff de Saïd Bouteflika !

Saïd Bouteflika, l »exprésident bis », le décideur de l’ombre vers lequel convergeaient tous ceux qui gravitaient autour du système vient d’être condamné à deux ans de prison pour entrave à la justice dans le procès de Tayeb Louh.

Deux ans de prison pour un homme qui avait incarné la face noire du système calamiteux de son frère , un système mafieux qui avait permis à une bande de criminels de s’accaparer du pouvoir et de s’enrichir sur le dos du pays !

Deux ans ? Rien que ça ? Une condamnation vraiment symbolique comparée à ce qui attend les spéculateurs qui risquent des peines allant de 30 ans de prison à la perpétuité si on fie au projet de lois que le gouvernement est entrain d’élaborer pour lutter contre les spéculateurs considérés comme des affameurs de la population .

Il n’est un secret pour personne que c’est Saïd qui était le faiseur des ministres, des hauts responsables ,des cadres de l’État.Il était l »omniscient et l’omniprésent, celui qui était partout, qui veillait sur tout et qui contrôlait tout. Il était l’œil et la gâchette de son frère. l’homme le plus craint et le plus puissant du clan après le Président, il était sans foi, ni loi. Ses courtisans lui devaient tout. L’obéissance, l’allégeance, la soumission, la loyauté à toute épreuve sont les critères de référence pour faire partie du clan. Gare à celui qui tenterait de rompre le contrat ! Il serait exclu et jeté aux orties. Benflis et Belkhadem en savent quelque chose..

Ceci dit, ce procès de Louh a été pour Saïd Bouteflika une occasion en or de vider son sac et d’asséner  »quelques vérités » dont lui seul en détient le secret .Nageant à contre courant et pris dans le tourbillon du mensonge et de la mauvaise foi, Said Bouteflika qui avait perdu toute influence et tout crédit, voulait se ménager une sortie honorable en tentant un coup de bluff et rien d’autre pour se montrer utile et important et pouvoir jouer encore dans la cour des grands en n’hésitant pas à déclarer .

 »Je détiens des secrets d’État et si je les divulgue, un jour, les fondements de l’État seront ébranlés. Je préfère garder le silence”

Hilarant ! et ceci sans blêmir ni rougir !

La tentative mesquine de Said Bouteflika de diversion prête à sourire tant que les faits ne plaident pas en sa faveur. L’enregistrement des faits sont accablants.

Pour obtenir gain de cause, Said n’a pas eu honte d’inventer une mise en scène ubuesque et grotesque qui frise le ridicule en prétendant détenir des secrets d’État qui d’après lui risquent de porter atteinte à l’Algérie et d’ébranler ses fondements .Il faut avoir une sacrée dose de culot et un écrasement de soi pour accoucher d’une pareille ineptie . !

Et là on découvre une autre facette de l’homme qui s’était confiné dans un mutisme total et volontaire durant tout le long règne de son frère et qui est devenu subitement prolixe et bavard. Renversant !

En vérité , quels sont les secrets d’État que peut cacher Saïd Bouteflika et qui ne sont pas connus du commun des mortels ? Parmi ces secrets , il y en a un qui revient souvent et qui est sur toutes les lèvres .Said Bouteflika, en est tristement le héros – selon le témoignage d’un ancien militaire très haut gradé – Said avait envisagé de décréter l’état de siège ou d’urgence pour faire échouer le Hirak et sauver le 5ème mandat de son frère et ce en violant la constitution et en s’opposant par la force à la volonté populaire .Il était dans un état second , il s’accrochait vaille que vaille au pouvoir en ne mesurant pas l’ampleur des dégâts que son entêtement aller provoquer .C’est son comportement irresponsable devant la réalité des faits qui allait ébranler les fondements de l’État .Heureusement que le Hirak veillait au grain et avait triomphé en chassant les Bouteflika .

Ceci est un petit résumé non exhaustif des propos de Said Bouteflika récoltés çà et là durant la tenue de ses multiples procès qui se suivent et qui se ressemblent et qui deviennent lassant et qu’on peut évaluer comme suit: la montagne qui accouche d’une souris . En tant que citoyen algérien , Je ne m’abstiendrai pas de porter des jugements et de faire des commentaires et cela sans chercher à tirer sur l’ ambulance .

 »Je déments catégoriquement les accusations qui sont portées sur moi… Tout ce qu’il y a, c’est que je ne veux blesser personne, car sans cela nous irons loin ».

 »Je me retrouve en prison pour des affaires imaginaires fabriquées de toutes pièces. Quant à mon frère, il a daigné garder le silence, comme il l’aura fait durant 20 ans, en acceptant de subir ce triste sort pour préserver son pays », a-t-il ajouté.

« J’ai grandi avec Boumediene, Medeghri et mon frère »

Il cite le clan d’Oujda par excellence avec à leur tête Boumedienne .Pour certains Algériens , Boumedienne est un dictateur ,c’est le malheur de l’Algérie, l’homme qui avait confisqué la révolution .Pour une autre catégorie d’ Algériens , Boumediene est un grand parmi les grands , un grand homme d’Etat , un vrai héros. Peu importe le coté vers lequel on se penche .Là n’est pas la question .La question , c’est le drôle de transfert que nous fait Said. Drôle d’apprenti héros dans la mesure où il s’identifie aux martyres , s’autoproclamant héros parmi les héros et victimes parmi les victimes .

 »Je ne réponds pas aux questions relatives aux propos contenus dans les enregistrements. Ces derniers sont illégaux parce qu’ils sont en violation avec l’article 46 de la Constitution. Le jour où vous rendrez publics ces enregistrements, je répondrai à vos questions‘.

Toute honte bue, Saïd Bouteflika évoque et s’abrite derrière la constitution .Cette citation de la constitution révèle le mépris qu’une personne a d’elle-même. Said ne nous explique pas pourquoi son frère et lui n’avaient jamais respecté la constitution en la violant maintes fois et en la triturant à maintes reprises pour permettre à son ainé aphone et malade de briguer un 3ème mandat et un 4ème mandat .Aucune preuve de mea culpa de sa part !Quelle mauvaise foi ! plus dure sera la chute !

Ses déclarations parlent d’elles’ mêmes. Said Bouteflika semble malheureusement pour une fois horriblement vrai. Il n’a pas peur du ridicule .

Sans son frère Said ne vaut absolument rien .Il ne veut pas se rendre à l’évidence. Lui qui avait la gâchette facile et qui tirait sur tout ce qui bougeait .Par quel miracle , ce phénomène s’est métamorphosé et est devenu subitement humain, sensible . émouvant !lui qui se dit victime des réseaux sociaux ? Quelle triste déchéance ! Le coupable qui devient la victime et la victime qui devient le coupable ! Incroyable !

Toujours est-il que dans ses différents plaidoiries , Said a jugé utile de mettre en exergue le profil et le CV de son frère n’hésitant pas à souligner dans un but inavoué les qualités de son frère , ses compétences ,ses expériences, ses sacrifices ainsi que les tâches qui lui sont dévolues. Une sorte de publicité et un plaidoyer pour blanchir son frère ! J’ai du mal à reconnaître ce Président qu’il présente avec des termes élogieux en sa qualité de Moudjahid et le même Président qui est allé se soigner dans un hôpital militaire français sous l’œil bienveillant du portait de Hollande . On ne juge jamais la personne d’après sa fonction aussi élevée soit-elle dans la hiérarchie , on juge la personne par ses actes .Et les actes de Abdelaziz Bouteflika et de Said Bouteflika ne sont pas honorables !Et c’est le peuple algérien qui le proclame et le dit !

Une autre question ! Ça va prendre combien de procès, combien de rapports , combien de commissions d’enquêtes pour que s’en rende compte que Bouteflika et son frère ont ruiné le pays , eux qui étaient à la tête d’un système pourri , basé sur la rente . Qu’on le veille ou non , on avait bel et bien affaire à une bande de criminels , un réseau bien huilé qui pendant 20 années faisait la pluie et le beau temps , un réseau qui avait a permis l’éclosion en son sein d’une véritable oligarchie et d’une véritable mafia qui avait réussi à gangréner tous les rouages et les mécanismes de l’État. Tel un cancer elle s’est développée partout en violant la constitution et en érigeant la corruption en institution .

Et si autant d’oligarques ont pu pendant des années détourner des sommes colossales se comptant en centaines de milliards de dollars ce n’est pas parce que Bouteflika et son frère fermaient les yeux devant leur agissement -ce qui serait déjà en soi inadmissible- .

C’est parce que Bouteflika et son frère les encourageaient à puiser dans le trésor public et les protégeaient .

En conclusion

Au-delà de la question d’éthique qu’impose l’implication de Saïd Bouteflika dans la violation de la constitution pour «usurpation des prérogatives du Président», ce procès soulève un autre problème plus grave encore, à savoir l’opposition de Said Bouteflika à la volonté populaire et sa tentative désespérée de garder le pouvoir, ce qui est en soi une violation de la loi et un acte autant immoral que fondamentalement irresponsable et irréfléchi .

Said Bouteflika a failli à sa mission de conseiller de son frère. Il a usurpé la fonction de président, ce qui est anticonstitutionnel et contraire à la loi. Il cherche à tromper les Algériens par des contrevérités infamantes en inventant une mise en scène abracadabrante complètement ridicule mais la vérité finira tôt ou tard par triompher.

Auteur
Dr Abderrahmane Cherfouh

 




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