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Le danger du retard démographie de l’Union européenne 

Démographie

Avec un nombre de décès dépassant désormais largement celui des naissances, la destruction de la population européenne est aujourd’hui une réalité incontestable. Synonyme de déclassement culturel, économique et géopolitique, cet autogénocide européen est de plus en plus dû au fanatisme écologique, qui affaiblit davantage une France encore loin d’avoir rattrapé son terrible retard démographique, et dont les erreurs ne devraient pas être reproduites par les pays francophones du Sud.

Selon les dernières données d’Eurostat, publiées le 11 juillet dernier, le nombre de décès au sein de l’Union européenne (UE) a dépassé celui des naissances de 1,174 million d’individus en 2023. Hors immigration, ayant permis de combler le déficit et de connaître une légère croissance démographique (0,37 %), la population de l’UE a donc baissé d’autant, soit l’équivalent de près de douze villes de 100 mille habitants qui auraient été rayées de la carte, ou encore de 8,4 bombes atomiques d’Hiroshima qui auraient été larguées (cette bombe ayant fait environ 140 mille morts au total).

Un processus qui s’accélère

Enclenché dès les années 1970, avec le passage du taux de fécondité européen global en dessous de seuil de renouvellement des générations de 2,1 enfants par femme, mais masqué jusqu’en 2011 par l’allongement de l’espérance de vie, ce processus d’autodestruction se caractérise par une terrifiante accélération, accompagnée parfois de quelques brèves périodes de stabilisation. En 2012, le premier déficit naturel enregistré n’était ainsi que de 23 700, avant de passer à 154 700 en 2016, puis à 484 400 en 2019 et à 1 208 800 en 2021. Un déficit qui s’est stabilisé depuis, notamment en raison des conséquences de la crise du Covid-19 sur le niveau de moralité (en baisse significative, après que la crise ait précipité le décès de bon nombre de personnes âgées), mais qui devrait rapidement repartir considérablement à la hausse, compte tenu de la pyramide des âges.

Aujourd’hui, ce sont donc 21 des 27 pays de l’UE qui affichent un solde négatif, comme l’Italie et l’Allemagne où il s’est établi à environ 300 000 personnes (respectivement 281 300 et 334 900). Pire encore, l’Indice conjoncturel de fécondité (ICF) global de l’Union européenne continue à s’effondrer, avec un plus bas historique de 1,4 enfant par femme (donnée encore indisponible pour l’année 2023, mais qui sera en baisse par rapport au niveau de 1,46 atteint l’année précédente). En Italie, la fécondité baisse encore, avec un ICF se situant désormais à seulement 1,2 (1,24 en 2022). Un niveau dramatiquement bas, mais qui est pourtant supérieur à celui observé en Espagne, où il n’est que de 1,1 (1,16 en 2022).

Quant à la France, la soi-disant « championne » de la natalité en Europe (mais qui n’est autre, avec son taux de fécondité inférieur au seuil de renouvellement des générations depuis 1975, qu’un cancre parmi d’autres…), a connu un nouvel effondrement du niveau de fécondité, avec un ICF de seulement 1,68 en 2023, contre 1,79 l’année précédente, et rejoindra très prochainement la majorité de pays ayant une croissance naturelle négative. Avec un solde naturel désormais quasi nul (0,07 %), la faible croissance démographique totale de la France (0.34 %, en 15e position au sein de l’UE) est déjà assurée à 80 % par l’immigration.

Par ailleurs, il convient de noter que le déficit naturel de l’UE serait encore plus important, sans l’apport des immigrés déjà présents sur son territoire. En effet, ce déficit se situe déjà à près de deux millions de personnes, hors naissances issues de personnes immigrées non européennes (asiatiques, moyen-orientales, africaines et latino-américaines).

Le processus d’autogénocide européen est donc maintenant une réalité incontestable, que nul ne peut plus nier. Et son rythme ira crescendo, même en cas de maintien du taux de fécondité global européen à son niveau actuel.

Ainsi, et selon les dernières projections de l’ONU, publiées ce mois-ci, l’ensemble du continent européen perdrait 41 millions d’habitants d’ici à 2050, puis 111 millions supplémentaires au cours de la seconde moitié du siècle, et ce, en incluant une immigration qui sera bien plus importante que par le passé. En 2100, et malgré une importante proportion d’habitants d’origine non européenne, l’Europe devrait alors ne représenter plus que 6 % de population mondiale. Une évolution de nature à engendrer de graves conséquences économiques et géopolitiques…

La responsabilité grandissante du talibanisme écologique

Si différentes raisons peuvent expliquer cet effondrement, l’impact du fanatisme écologique prend désormais une ampleur inquiétante. Le matraquage est tel, qu’une étude internationale publiée en septembre 2021, par la revue britannique The lancet planetary health, constatait même que 37 % des jeunes Français âgés de 16 à 25 ans hésitaient à avoir une descendance pour des raisons écologiques.

Pourtant, et même si notre planète souffre d’un certain nombre de maux, la réalité est que seule une infime partie de son potentiel en énergies renouvelables est aujourd’hui exploitée, de même qu’une infime partie de ses ressources minières et fossiles. De plus, et malgré les vastes espaces non encore exploités, et la stabilisation prochaine de la population mondiale, les avancées scientifiques sont permanentes en matière d’agriculture (comme avec l’aéroponie, qui permet un rendement à l’hectare près de 80 fois supérieur, sans terre, soleil ni pesticides !), d’architecture, de transports, ou encore de traitement des déchets. Et tout cela, sans même parler des perspectives infinies qu’offre l’univers…

Il est donc bien naïf de s’imaginer que notre planète est surpeuplée, que l’humanité sera bientôt à court de ressources, ou que les déchets nucléaires ont vocation à être stockés ad vitam æternam sur notre planète (si tant est que la problématique continue à se poser, le prix Nobel français de physique, Gérard Mourou, affirmant qu’il devrait prochainement être possible d’en réduire la durée de radioactivité à seulement 30 minutes…).

Quant au réchauffement climatique, la hausse attendue des températures ne fera que redonner à la France le climat qui était le sien aux époques de Charlemagne et de l’empire romain (ou d’Astérix et d’Obélix), elles-mêmes séparées par un refroidissement climatique, accompagné de terribles catastrophes naturelles, et parfois considéré par nos ancêtres comme une malédiction ou une punition divine.

Il y a un millier d’années, à l’époque de l’Optimum climatique médiéval, les vignes étaient plantées jusqu’au sud de l’Angleterre et du Danemark, et le célèbre col du Théodule n’était autre qu’une importante route commerciale. Autrement dit, la catastrophe ne réside guère dans la fonte médiatisée de l’immense glacier qui le recouvre actuellement, mais dans la formation de celui-ci, il y plusieurs siècles. Un véritable drame pour toutes les populations qui peuplaient la région à l’époque la région.

Si urgence il y a, en France et plus globalement dans les pays du Nord, déjà assez vertueux en matière de respect de l’environnement, celle-ci est donc avant tout démographique, n’en déplaise à certains. Pour paraphraser partiellement un ancien président de la République française, notre famille brûle, et nous regardons ailleurs…

Le terrible retard démographique de la France

Si la situation de la démographie européenne est fort regrettable, elle l’est encore davantage pour la France, déjà fortement affaiblie par un retard démographique de deux siècles par rapport aux autres grandes puissances européennes, et que le bref et léger baby-boom de l’après-guerre ne permit guère de rattraper (avec un indicateur conjoncturel de fécondité n’ayant jamais dépassé les 3,04 enfants par femme). D’ailleurs, si la France était proportionnellement aussi peuplée que le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie, elle compterait, pour sa seule partie métropolitaine, non moins de 154, 128 et 107 millions d’habitants, respectivement. Et si l’on devait étendre cette comparaison au Japon, à la verdoyante Corée du Sud – aux deux tiers recouverte de forêts – ou à la partie uniquement non désertique et habitable de l’Égypte (dont les 106 millions d’habitants se concentrent sur seulement 6 % du territoire), elle abriterait respectivement 181, 281 et… 972 millions d’habitants !

Ce retard considérable puise ses origines dans la très lente progression de la population française entre 1750 à 1945. Au terme de ces deux siècles perdus, celle-ci n’a ainsi été multipliée que par 1,6. Dans le même temps, et également dans leurs frontières actuelles, l’Allemagne et l’Italie multipliaient leur population par trois, les Pays-Bas par quatre, et le Royaume-Uni par six !

Pourtant, l’essor démographique des autres pays européens se fit en dépit de lourdes pertes humaines, dues aux nombreux conflits et, surtout, à l’importante hémorragie migratoire qu’a connu le continent… à la seule exception de la France. Sur cette période de deux siècles, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie ont ainsi perdu entre 20 et 25 millions de nationaux, chacun au total, tandis que l’Hexagone ne subissait qu’une « modeste » saignée d’environ 4 millions de personnes.

La France a donc longtemps été, démographiquement, l’homme malade de l’Europe et du monde. Elle, qui était trois fois plus peuplée que le futur Royaume-Uni, en 1750, et aussi peuplée que le Japon vers 1800. Une situation qui résultait d’une déchristianisation précoce, ainsi que d’une propagation bien plus importante que partout ailleurs des simplistes idées malthusiennes, qui ne cessent pourtant d’être infirmées génération après génération. Ce qui n’empêche pas pour autant certains responsables politiques français, cherchant à dissimuler leur incompétence, à évoquer parfois l’existence d’un lien entre chômage et natalité plus élevés qu’ailleurs, comme l’avait encore fait François Hollande au cours de son mandat.

Pourtant, dans l’année qui précédait la fin de celui-ci, en 2016, douze des quatorze pays de l’Union européenne à avoir connu une croissance démographique totale – immigration incluse – supérieure à celle de la France, avaient terminé l’année avec, à la fois, une croissance économique supérieure et un taux de chômage inférieur….

Le déclin démographique de l’Hexagone ne fut naturellement pas sans conséquences sur son influence, et contribua même dans une large mesure au déclenchement des deux grandes guerres mondiales. En effet, si les équilibres démographiques étaient restés inchangés, l’Allemagne, moins sûre d’elle, n’aurait probablement jamais été aussi belliqueuse en 1914. Et la France, non effrayée par son écrasante infériorité numérique, n’aurait sans doute jamais cherché à mettre à genoux l’Allemagne après 1918, favorisant ainsi l’émergence du nazisme…et la mise en œuvre de l’Holocauste. Ainsi, si certains pensaient bien faire en faisant moins d’enfants, ils ont en réalité, et involontairement, provoqué la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes.

Déjà lourdement affaiblie par les inepties malthusiennes, la France ne doit pas maintenant laisser endoctriner sa jeunesse par les talibans de l’écologie, héritiers spirituels des prophètes de l’apocalypse et des théoriciens de la surpopulation humaine, auxquels l’Histoire a toujours fini par donner tort, faute d’avoir correctement apprécié le potentiel de la Terre et le génie humain.

En s’affranchissant de ces fanatismes et idées simplistes, elle pourrait alors redynamiser son économie, rattraper progressivement son retard démographique sur ses grands voisins, et contribuer à limiter le déclin de la civilisation européenne au niveau international.

Des leçons à tirer pour les pays francophones du Sud

Par ailleurs, les pays francophones du Sud devraient tirer des leçons des erreurs de la France et du drame actuel que connaît le continent européen, en ne laissant pas le champ libre aux idées extrémistes portées par les lobbys environnementaux, de nature à entraver leur décollage démographique et économique. Et en particulier pour les pays d’Afrique subsaharienne, qui souffrent notamment d’un important retard démographique qu’il convient de rattraper.

En France, les lobbys de l’écologie sont si puissants qu’ils parviennent à bloquer bon nombre de projets industriels et de développement, même dans les domaines les plus inattendus.

À titre d’exemple, la grande multinationale française Bridor, spécialisée dans les produits de boulangerie (viennoiseries, pains et pâtisseries fines), avait dû renoncer en novembre 2022 à la construction d’une grande usine de 500 employés, et décider de délocaliser la production dans d’autres pays européens après avoir été harcelée par des militants écologistes. Pourtant, ce projet respectait déjà pleinement les normes françaises en matière de protection de l’environnement, déjà particulièrement strictes.

Parallèlement, et toujours sous la pression de ces mêmes lobbys, la France a pris un certain nombre de mesures, directes et indirectes, afin d’empêcher presque toute exploitation de ses richesses naturelles. Et ce, comme il fut encore possible de le constater récemment en Guyane, avec l’annulation d’un important projet portant sur la construction de la première mine d’or industrielle du territoire (le projet Montagne d’or), tel qu’il en existe déjà plusieurs dans tous les pays voisins, et même en Europe. Une situation aberrante, de surcroît pour un dossier respectant lui aussi des normes environnementales très strictes, et faisant de la France le seul et unique pays au monde, parmi les pays disposant de richesses naturelles significatives, à s’interdire, dès maintenant, de lancer d’importants projets d’exploitation de ses propres richesses.

Les pays francophones du Sud doivent donc faire preuve de vigilance afin de défendre au mieux leurs intérêts. Occasion de rappeler que la vaste Afrique subsaharienne francophone, et bien que 2,5 plus vaste, continue à avoir une population inférieure à celle de l’ensemble composé par l’Union européenne, le Royaume-Uni et la Suisse (526 millions d’habitants début 2024, contre 369 millions), ou encore à celle de l’Inde, qui concentre une population près de quatre fois supérieure sur une territoire 3,3 fois plus petit…

L’Afrique subsaharienne francophone a donc un important retard démographique à combler, d’autant plus que ce vaste ensemble connaît un dynamisme économique globalement supérieur à sa croissance démographique, ce qui constitue d’ailleurs une particularité en Afrique subsaharienne.

À titre d’exemple, cet ensemble de 22 pays, qui a réalisé en 2023 le niveau de croissance économique le plus élevé d’Afrique subsaharienne pour la dixième année consécutive et la onzième fois en douze ans (selon les dernières données du FMI, qui confirme la tendance pour cette année 2024), a enregistré un taux de croissance annuel de 3,6 % en moyenne sur la période décennale 2014-2023 (et même de 4,0 % hors cas très particulier de la Guinée équatoriale), soit un rythme supérieur à sa progression démographique annuelle de 2,9 % sur la même période.

Dans le même temps, le reste de l’Afrique subsaharienne enregistrait un taux de croissance économique annuel de seulement 1,9 % en moyenne, en deçà de sa croissance démographique (elle-même légèrement inférieure à celle de la partie francophone).  

Ilyes Zouari

Président du CERMF (Centre d’étude et de réflexion sur le Monde francophone)

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