Vendredi 16 août 2019
Le défi démocratique qui attend les Algériens
Crédit photo : Zinedine Zebar
Vu ce qui se déroule dans la rue, on devrait s’attendre à voir notre pays passer sans transition de l’ombre à la lumière. Mieux que quiconque, le peuple a su déjouer les manoeuvres politiciennes qui visent à le déstabiliser psychologiquement et à le fragiliser sur le plan politique.
Au grand bonheur des masses, on découvre dans cette Algérie qu’on a cru à jamais à genoux, une société nouvelle qui, sans rien savoir de ce qui l’attend, s’attache à l’essentiel : le renouveau démocratique.
La désolation, caractéristique centrale des régimes totalitaires selon Arendt, s’est évaporé sous les clameurs d’une jeunesse en effervescence. En ce sens, l’ébullition révolutionnaire de la rue a rompu les pensanteurs idéologiques désuètes, accumulées des décennies durant dans le subconscient collectif des Algériens.
Elle marque l’accélération vertigineuse dans la succession des victoires symboliques du peuple sur l’autocratie. Davantage qu’une tranche d’espoir, cette année apparaît comme le prélude à un grand aggiornamento de l’architecture institutionnelle, idéologique et politique de la maison commune.
L’explication selon laquelle le peuple a fait le choix de se suicider démocratiquement n’a pas de consistence, balayée qu’elle est par les démonstrations politiques civilisées des nôtres à travers toutes les villes du territoire national. A vrai dire, la Rue avec une grande majuscule n’est pas seulement un défouloir de litanies haineuses d’indignations, mais le véritable espace de mobilisation positive des ressentiments collectifs.
Preuve en est qu’après plus de cinq mois de tension, les Algériens maintiennent le cap sur leur objectif initial : le départ de tout le système, sans faire aucune concession. Le mot « échec » a sans doute été brandi par certaines voix fatalistes avec trop de désinvolture pour paraître encore crédible aux yeux d’une opinion publique assoiffée du changement.
De même, la peur n’a plus de place dans le moral d’acier de ces jeunes qui affluent par milliers pour signifier leur rejet du règne des faux oligarques.
Pour toutes les raisons qui viennent d’être évoquées, il est permis de dire que toute démarche de dialogue qui ne s’inscrit pas dans une logique purement populaire est vouée d’avance à l’échec.
Bref, le régime devrait comprendre que la voix de ceux d’en bas pèse désormais lourd sur la balance, elle est la variable principale dans l’équation de la crise. C’est pourquoi, la perspective d’une solution politique sans la participation effective de ces derniers ne tient pas debout.