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Le démantèlement de l’empire Wagner a commencé

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Les déclarations de Poutine au sujet de Prigojine et son empire semblent démenties par les dernières décisions. Deux semaines après la rébellion avortée du groupe paramilitaire Wagner, les autorités russes semblent s’attaquer aux affaires très lucratives de son chef.

L’empire d’Evguéni Prigojine est-il en train de s’effondrer ? Deux semaines après la mutinerie des mercenaires du groupe Wagner en Russie, plusieurs indices semblent attester d’un démantèlement des biens et des entreprises de leur célèbre chef. Un effacement progressif, à l’image du quartier général de la milice russe, à Saint-Petersbourg, où le célèbre logo « W » a été retiré des vitres jeudi 2 juillet.

Médias, relais d’influence, entreprises de restauration, patrimoine financier… Le tout-puissant Evguéni Prigojine, dont la localisation fait l’objet de nombreuses rumeurs, est en train de perdre, pièce après pièce, son empire financier, selon les révélations de plusieurs médias russes.

Le dirigeant de la milice privée Wagner, Evguéni Prigojine, se trouve à Saint-Pétersbourg, en Russie, a déclaré jeudi le président biélorusse, Alexandre Loukachenko.

Des sites d’information bloqués

Les relais d’influence d’Evguéni Prigojine privés de voix. Des portails d’information appartenant au groupe médiatique Patriot, proche du patron de Wagner, ont été bloqués dès le 30 juin par le gendarme russe des télécoms. Plusieurs sites d’actualité politique et économique russe, dont Ria Fan, tous liés au groupe d’Evguéni Prigojine, étaient inaccessibles depuis la Russie, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Leurs adresses internet figurent dans le registre « accès restreint » de Roskomnadzor, l’agence gouvernementale russe chargée de bloquer les contenus illégaux et extrémistes, mais aussi les médias et autres ressources bannies par les autorités. D’autres médias liés au groupe Patriot, Nevskie Novosti et Ekonomika Segodnia, ont annoncé qu’ils cessaient leurs activités, selon leurs chaînes Telegram respectives.

Jusqu’en mai, le patron de Wagner était à la tête du conseil d’administration du groupe médiatique Patriot, créé en 2019, et ensuite vice-président de son conseil d’administration, selon les médias russes. D’après The Guardian, les autorités russes semblent également en train d’absorber la société Internet Research Agency (IRA), une usine de trolls liée à Evguéni Prigojine, surtout connue pour son ingérence dans l’élection présidentielle américaine de 2016.

Des contrats publics résiliés

Le « cuisinier » de Vladimir Poutine voit également le socle de son empire s’éroder. Ses sociétés de traiteur et de restauration, dont le navire amiral Concord, qui fournissait les plats des soldats russes depuis une quinzaine d’années, ont perdu tous leurs lucratifs contrats publics, raconte Ouest-France. Le conglomérat était poursuivi, depuis des années, pour des manquements répétés aux normes d’hygiène et des tromperies destinées à rogner les coûts, rappelle Libération.

Le coup est rude pour Evguéni Prigojine, car ces contrats avec l’armée étaient juteux. Le 27 juin, Vladimir Poutine avait lui-même reconnu que l’Etat avait « complètement financé » le groupe Wagner, soulignant que l’entreprise de restauration Concord, détenue par Evguéni Prigojine, avait « en même temps gagné 80 milliards de roubles », environ 850 millions d’euros, grâce aux commandes publiques russes.

« J’espère qu’au cours de ces opérations, personne n’a rien volé ou, pour ainsi dire, ‘volé peu' », avait poursuivi le président russe. « Bien sûr, nous nous occuperons de [vérifier] tout cela », avait promis l’autocrate russe, lors d’une réunion avec des responsables militaires diffusée à la télévision après le coup de force de Wagner.

Une perquisition menée chez lui

La fortune personnelle d’Evguéni Prigojine est également dans le viseur des autorités russes. Des médias russes ont diffusé mercredi des images de la perquisition dans la demeure du chef du groupe paramilitaire Wagner, menée à Saint-Pétersbourg, lors de sa tentative de rébellion armée fin juin. Ces photos, visiblement prises par les forces de l’ordre et publiées soudainement dans plusieurs médias publics et privés russes, montrent une vaste et luxueuse maison, avec un hélicoptère stationné dans le jardin.

Lors de la perquisition, selon ces clichés, les enquêteurs ont également découvert des liasses de dollars et de roubles, des lingots d’or, de nombreuses armes, mais aussi plusieurs passeports avec des noms différents et une armoire remplie de perruques. Le site Fontanka, basé à Saint-Pétersbourg, a également rapporté qu’une photo avec des « têtes tranchées » avait été retrouvée au domicile d’Evguéni Prigojine, alors que ses mercenaires sont régulièrement accusés d’exactions.

Fontanka a aussi publié un cliché montrant une énorme masse disposée dans une pièce de la maison d’Evguéni Prigojine et dont la tête en métal porte le message « En cas de négociations importantes ». La masse est l’un des symboles du groupe Wagner, qui se vante d’utiliser cette arme pour exécuter ou torturer sauvagement ses ennemis.

Avec agences

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