Avons-nous encore aujourd’hui en Algérie  une chance de sortir avec des dégâts peu catastrophiques de l’épidémie du Covid-19 ? Oui, mais si nous changeons tout de suite, sans la moindre perte de temps, la méthode avec laquelle jusqu’à maintenant nous prétendons y faire face. 

L’Algérie est en train de subir cette pandémie en prenant des mesures insuffisantes et parfois inadaptées pour endiguer la propagation galopante de la maladie. Les hôpitaux qui font tout ce qui est de leur capacité, ne disposant pas des moyens nécessaires, se limitent à effectuer des prélèvements sur les personnes que l’on suspecte d’être atteintes pour les envoyer à l’Institut Pasteur en vue de les faire analyser et à compter les décès.

Parmi les mesures phares adoptées dans de nombreux pays européens, il y’a le fameux confinement qui est aussi adopté par d’autres pays y compris ceux de l’Afrique du nord. Dans notre pays il a été instauré total dans la wilaya de Blida et partiel (couvre-feu de 19h jusqu’à 07h) dans quatorze autres wilayas. Ces derniers jours de nombreuses voix dont celle du président du Conseil National des Médecins et le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus Covid-19, appellent les autorités à instaurer un confinement total généralisé à tous le pays. Mais est-ce que le confinement convient-il à notre pays avec ses spécificités économiques et sociales ? Est-ce que ce confinement à lui seul suffit pour arrêter la propagation de cette maladie ? 

Pour répondre à ces questions il est très important de se rendre à l’évidence qu’au point où nous sommes, la lutte contre cette pandémie ne peut absolument pas être uniquement du ressort des médecins. Il est impératif pour être efficaces d’adopter une stratégie en tenant compte des recommandations des sociologues, des économistes, des expert en commerce et des vrais journalistes qui connaissent les détails de notre société, du fonctionnement de notre économie, de notre commerce, de l’emploi dans notre pays et tout ce qui caractérise le mode de vie de notre peuple. Les recommandations des médecins sont primordiales mais elles ne sont pas suffisantes. A titre d’exemple, est-ce que ces médecins qui ont recommandé le confinement total et général de la population ont tenu compte du fait que la plus grande partie du commerce par qui le peuple est approvisionné en produits alimentaires et autres produits se fait au marché noir ? Savent-ils que la majorité des citoyens vivent en travaillant au noir et au jour le jour ? Les obliger à se confiner ne pourrait-il pas les affamer et les pousser à la révolte ? Et peuvent-ils prédire quels sont ses graves conséquences sur le semblant d’économie et de l’agriculture de notre pays à l’issue de la pandémie ? 

Certes, beaucoup de ceux qui recommandent le confinement total sont sincères et convaincus en eux-mêmes qu’il est indispensable, mais il y’a aussi beaucoup de citoyens qui ne sont pas  des médecins, qui le proposent avec insistance parce qu’il les arrange ; ils suggèrent de passer sans tarder au confinement parce qu’ils savent qu’à la fin du mois ils recevront leurs salaires sans travailler ; ils ne pensent pas à ceux qui, et ils sont très nombreux, n’ont pas de salaire à recevoir les fins des mois. Il y’a aussi ceux qui disent que nous allons assurer l’approvisionnement de la population en tous les produits dont ils ont besoin et distribuer des couffins remplis. C’est facile à dire mais impossible à faire.   

Même ceux qui le recommandent actuellement vont se métamorphoser en critiques acerbes des autorités dès que les choses tournent mal. 

Ce qui est certain, c’est que personne ne peut affirmer à lui seul si le confinement total est pertinent ou pas ; donc il est nécessaire pour les hautes autorités de notre pays de constituer, dans l’extrême urgence, un conseil composés d’experts dans les domaines de la santé, de la sociologie, de l’économie, du commerce et de la sécurité pour se concerter avant de prendre toute décision dans la précipitation.

Au vu des enseignements que l’on peut tirer de ce qui s’est passé dans le monde, le dépistage de cette maladie reste la seule et unique méthode efficace pour arrêter sa propagation. Si l’on se limite à tester seulement les personnes qui présentent les symptômes, il est impossible d’endiguer sa dissémination car le virus aura toujours une avance de plusieurs jours. Mais faute de moyens pour effectuer des dépistages massifs et généralisés, il est une nécessité absolue de tester systématiquement tout l’entourage des personnes atteintes ainsi que toute personne qui a été en contact avec elles quelques jours auparavant.

La lutte contre l’épidémie ne peut être ni l’affaire de certains, ni se résumer à une quelconque action spectaculaire. C’est l’affaire de tous et c’est un ensemble de mesures complémentaires que chacun doit respecter et appliquer.

Il y a des erreurs qui s’avèrent fatales et qui sont les conséquences des décision prises sans réflexion ni concertation et parfois même avec des arrières pensées ; dernièrement en Tunisie, les jours d’ouvertures des marchés de gros et des hypermarchés ont été réduits à trois jours par semaine  soi-disant pour limiter les risques de contagion du coronavirus, et cette décision absurde a provoqué des encombrements et a conduit à une grande promiscuité dans les marchés et magasins de détail. Malheureusement, ce n’est qu’après une catastrophe que les décideurs se sont rendu compte de leur grave erreur et ont ordonné leur ouverture durant tous les jours de la semaine sauf durant les jours de repos habituels.

Chez nous en Algérie, certains organismes publics ont trouvé dans cette catastrophe une aubaine pour réduire les journées de réception et d’ouverture ; les plus hautes autorités doivent donner des ordres stricts pour mettre un terme à ces agissements irresponsables.

Il faux aussi rappeler à chaque fois toutes les règles d’hygiène et obliger les citoyens à éviter les rassemblements et imposer le respect de la distanciation sociale en plus de toutes les mesures indispensables et efficaces. Les autorités du pays doivent assumer leurs responsabilités pleines et entières ; et les citoyens doivent respecter les mesures indispensables pour préserver leur vie, la vie des leurs et celle d’autrui.