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« Le désert des Tartares » et le cruel destin des hommes

JEUNES ALGÉRIENS A VOS LIVRES !

« Le désert des Tartares » et le cruel destin des hommes

Le destin est certainement l’un des plus anciens thèmes de la littérature. Aujourd’hui, je vous en propose une version brillante de Dino Buzzati, un chef d’œuvre de la littérature mondiale publié en 1940.

L’œuvre de l’écrivain italien a souvent traité de l’injustice du destin mais, dans ce livre, il s’agit d’un aboutissement magistral et fascinant de la thématique. La parabole du destin raté est portée au sommet de l’écriture littéraire.

Un jeune officier, Giovanni Drogo, est muté dans une forteresse militaire comme commandant en second. Le fort Bastiani se situe à la frontière du royaume et de l’État du Nord. Entre les deux, un territoire inhabité nommé Désert des Tartares.

On comprend immédiatement qu’il s’agit d’un territoire et d’un ennemi fictifs, fantasmés dans la conscience collective.

Le commandant est pressé d’en découdre avec cet ennemi invisible de l’État du Nord afin d’obtenir une gloire pour une carrière qui nourrirait sa réussite personnelle.

Mais rien ne se passe si ce n’est l’affreux ennui répétitif du quotidien, une insulte à son envie de destinée glorieuse.

Le lecteur sent bien la pesanteur d’une vie réglée dans une insignifiance qui ne peut mener à aucune épopée.

Mais à la fin, lorsque le paquetage du commandant est prêt pour un départ sans gloire, voilà que l’ennemi attaque. L’officier Drogo n’en retirera aucune gloire, le destin a été cruel avec lui.

Lorsqu’on résume un livre, il ne s’en dégage pas forcément une envie extraordinaire et soudaine de lecture surtout avec un livre qui décrit la longue attente et l’ennui.

Pourtant, si des millions de lecteurs ont été éblouis par ce roman, c’est que vous devriez tenter cette expérience, la lecture d’un chef-d’œuvre.

La parabole évoquée dans ce livre est celle du temps qui passe et, finalement, de la mort en bout de course d’un chemin dont on ne comprend pas toujours le sens s’il ne mène à une gloire attendue.

La conclusion de la littérature, en tous temps au regard de cette thématique, est équivalente aux messages de la religion (lorsqu’ils sont bien compris et bien suivis).

D’une part, c’est à l’être humain d’essayer de trouver le sens de la gloire et le chemin qui l’y mène. Le destin, c’est à lui de le forger dans son quotidien.

D’autre part, nous le savons depuis longtemps, c’est la mort qui permet de donner un sens à la vie des mortels. Lisez ce livre extraordinaire, vous seriez peut-être enfin poussés à trouver du sens dans la vie quotidienne que dans l’attente des grandes gloires vaines.
 

S. L. B.

PS : un tout petit ennui pour ce livre, qui peut freiner l’ardeur de quelques jeunes lecteurs, son titre qui évoque les grands peuples nomades des steppes désertiques d’Asie. Il n’en est rien, nous l’avons expliqué.

Auteur
Sid Lakhdar Boumediene, enseignant

 




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