Le 15 octobre 2024, Larbi Tahar, défenseur des droits humains, entre dans son 20e jour de grève de la faim à la prison de Labiod Sidi Cheikh, dans la wilaya d’El Bayadh, informe Riposte internationale.
Incarcéré depuis près d’un mois, l’activiste Larbi Tahar est affaibli mais déterminé à continuer son action pour contester les charges qui pèsent sur lui. Sa situation de détenu d’opinion, lourdement condamné, illustre les violations systématiques des droits humains en Algérie, particulièrement sous le régime de Tebboune.
Condamné le 26 septembre dernier à 15 ans de prison ferme, accompagné d’une amende de un million cinq cent mille dinars, Larbi Tahar fait face à des accusations graves, notamment de « diffusion de publications visant à nuire à l’intérêt national » et d’« insulte au président de la République ». En vrai, les autorités souffrent l’existence de voix dissidences dans cette région d’Algérie. Larbi Tahar est surtout un défenseur de l’environnement. Il a dénoncé le braconnage par des émirs du Golfe dans la wilaya d’El Bayadh. Des opérations de chasses à l’outarde, organisées au profit de princes tueurs du Golfe sous la protection de la gendarmerie sous l’ère Bouteflika. Des publications remontant à 2015 qu’il a repartagées en 2023, rappelle l’ONG Riposte Internationale.
Les juges inféodés au pouvoir politique reprochent à Larbi Tahar ses publications critiques sur Facebook et ses prises de positions courageuses contre le pouvoir autoritaire en place et le hold up du mouvement de dissidence citoyen.
Sa seconde lourde condamnation à huit ans de prison, assortie d’une amende d’un million de dinars, fait suite à ses critiques de la mascarade présidentielle qui a permis à Tebboune de rester au pouvoir. Tout le monde se souvient pourtant de l’annonce de deux résultats par deux institutions et la risible participation des Algériens à cette surpercherie électorale.
Le collectif de défense estime que Larbi Tahar « n’a commis aucun crime puni par la loi » et qu’il « a simplement exercé son droit à exprimer ses opinions sur des questions d’intérêt public », un droit garanti par la Constitution. « Il n’y a jamais eu dans l’histoire de la justice algérienne de condamnation d’un militant à quinze ans de prison en raison de publications sur Facebook », soutient par ailleurs le collectif qui s’est dit choqué par la lourde peine prononcée à l’encontre de son client.
Cette impitoyable condamnation d’un militant pacifique qui défend les intérêts de son pays renseigne sur l’absence totale de l’Etat de droit. Pire, elle met en lumière la criminalisation de la liberté d’expression et l’usage des lois pour étouffer les oppositions.
A la veille du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance, les prisons algériennes sont pleines de plus de 200 détenus d’opinion. Des centaines d’Algériens sont placés sous interdiction de quitter le territoire national, y compris des journalistes, des anciens ministres, walis, des officiers supérieurs… En clair, c’est toute la société qui est sous l’étroite surveillance d’un pouvoir « Big Brother ».
Yacine K.