Avec le recul, on peut considérer que la chose était tout simplement ridicule pour rire jusqu’à en pleurer, mais, à ce jour, personne ne peut nous expliquer ce délire qui a agité les dirigeants de cette marquante enseigne « souk El fellah » qui ont, au mépris de toutes les dispositions des lois en vigueur, imposé cette vile méthode de vente qui nous contraignait à l’achat d’un produit en plus de celui prévu.
Cette pratique est donc de retour. A l’évidence, cela nous rappelle tristement cette vente concomitante connue sous l’ère « socialo-anarchique » du président Chadli, une époque où les citoyens de notre cher pays se ruaient à un rythme quasi quotidien vers ces bazars auquel le noble fellah a prêté son nom pour faire leurs emplettes en produits de première nécessité.
Attiré par les prix plus ou moins attractifs de cet espace commercial dédié à l’origine aux ménages à faibles revenus, le pauvre consommateur tombe comme une proie facile dans ce piège de cette affreuse vente concomitante qui a compté ses victimes. Il était alors très fréquent de revenir chez soi avec un manche à balai, une truelle de maçon ou même un arrache-clou dans ses courses. Là, on oublie complétement de ressasser le long temps passé dans cette file d’attente qui connait, comme à ses habitudes, des bousculades accompagnées de cris.
C’était bien évidemment une pratique absurde, illégale et malheureusement bien courante. Elle fut, au-delà de tout entendement, pratiquée par nos pauvres « Souks El Fellah ». C’est pourquoi à ce jour, personne n’a souvenir que le sulfureux parti unique de cette époque ait, d’une manière ou d’une autre, dénoncé ou mis un frein à cet incroyable abus qui a duré hélas fort longtemps.
Aux dernières nouvelles, cette féroce pratique a refait surface ici et là. Il faut donc bien se résoudre à y croire, car au royaume des fâcheuses surprises, l’impossible relève toujours du possible. Est-ce donc aussi le retour des plan anti-pénurie (PAP) qui ont marqué les années 1980 ?
Yazid Sadat