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Le discours tangentiel d’Ouyahia

Hydrocarbures, opposition et 5e mandat

Le discours tangentiel d’Ouyahia

A la question des journalistes lors de sa conférence de presse tenue jeudi s’il lui arrivait de rencontrer le président de la république, le secrétaire général du RND, changea de casquette pour redevenir chef de gouvernement en empruntant la tangente. « Est-ce qu’il y a un pays où le Premier ministre ne rencontre pas le président ? Pas au point de prendre un café avec lui, ce n’est pas dans les usages», dit-il, «mais on travaille tous sous ses instructions». Or tout le monde travaille avec lui par instructions interposées. C’est une situation inédite, jamais dans les pays du monde entier, même dans les régimes les plus dictatoriaux, un leader politique ne s’adresse pas directement à son peuple en leur parlant les yeux dans les yeux.

L’Algérie vient ainsi de créer un précédent qui s’inscrira dans l’histoire présidentielle dans le monde. Maintenant si comme le fait Ouyahia à chacune de ses sorties, il fait allusion à Franklin Delano Roosevelt, il fut photographié seulement deux fois en fauteuil roulant, pourtant  assis comme il était, parce que  paralysé, il mit fin à la prohibition, sortit les Etats-Unis de la crise économique et vint au secours de l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale sans jamais se lever.

Ce n’est pas le cas aujourd’hui de Bouteflika qui à chaque sortie dont la dernière lors de l’inauguration de la mosquée Ketchaoua et la bouche du métro où il paraissait extrêmement affaibli. Maintenant là où Ouyahia pourrait voir juste, est que ce ne sont pas les ambitions des uns et des autres qui peuvent ramener un changement du système mais c’est un projet de société qui le fera sans aucun doute. Il se trouve malheureusement que les courants politiques ne travaillent en ce sens mais se focalisent sur le énième mandat au lieu de travailler en équipe soudée sur une alternative crédible.  

Après analyse de la situation, seraient- ils arrivés à la conclusion que le champ politique est fermé et quel que soit le candidat qui y participe, il ne représente que lui-même ou perpétuera ce qui existe déjà. De nombreux parmi eux donnent l’impression de participer soit pour forger une expérience soit pour acquérir une popularité. Plus la présidentielle prend cette tournure, plus on crédibilise au sein de la masse populaire le cinquième mandat, non pas mandat pour Bouteflika lui-même mais  pour un système qui le connaissent depuis l’indépendance. Les citoyens censés penseront qu’il est préférable de continuer avec un système qu’on connaît que de s’aventurer avec des candidats virtuels.

Désormais, les états-majors des opposants semblent prendre le programme d’un futur président comme une simple feuille de route quinquennale. Très peu d’entre eux s’apprêtent à débattre sur les grandes questions stratégiques comme la tendance démographique de l’Algérie, l’alternative aux hydrocarbures, la transition énergétique, la politique industrielle, de l’emploi, de l’habitat, du tourisme etc. Mais tous et sans exception croient que l’aisance financière permettrait de diversifier l’économie nationale et de remettre les gens au travail pour un réel décollage économique qui n’a pas pu avoir lieu jusqu’à présent. Or, cette approche n’est pas évidente pour au moins deux raisons :

S’ils comptent sur le partenariat hors hydrocarbures avec des étrangers, le capital international a montré son fort attachement à son but même et qui consiste à maximiser le profit. Les entreprises étrangères n’investissent que dans les secteurs à forte croissance pour la partager avec les algériens. Elles ne laisseront rien en contrepartie. Même si les chiffres avancés ici et là restent discutables, ces entreprises ont transféré plus qu’elles ont investi. Ceci vient de la déclaration du candidat Bouteflika lui-même lorsqu’il était en forme lors de son discours en juillet 2008 et qu’il faudrait prendre comme une consigne.

-La diversification est avant tout un état d’esprit, une forme de capitalisation et d’encrage d’un savoir et d’un savoir-faire, fruit de ce partenariat. Elle dépend donc des hommes et des femmes au travail et du développement de leur curiosité et de leur créativité. Or, la réorientation de l’économie nationale du début des années 80 qui a rendu vains les sacrifices de deux décennies,  suivie juste après octobre 88 par le «tripotage» successif du secteur industriel sans stratégie ni objectifs précis, ont abouti à une importante « entropie » du système social. Aujourd’hui, on se trouve désormais en face d’une population active jeune et pleine d’énergie. Cette énergie est utilisée ailleurs que dans le sens de l’intérêt général qui devrait coïncider avec celui de la nation.

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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