Site icon Le Matin d'Algérie

Le dissident tchadien Tom Erdimi libéré de sa prison en Égypte

Tom Erdimi 

Le dissident Tom Erdimi a été libéré de sa prison en Égypte, selon la présidence tchadienne et sa famille. Premier directeur de cabinet d’Idriss Déby Itno, avant de passer dans l’opposition où il était considéré comme l’éminence grise de la rébellion dirigée par son frère jumeau Timan Erdimi, Tom avait disparu depuis 2020. Il séjournait alors en Égypte.

Depuis, toutes les tentatives de sa famille pour le faire libérer avaient été vaines, jusqu’à récemment, lorsque son frère a participé au pré-dialogue de Doha avant de retourner à Ndjamena pour le dialogue national inclusif et souverain.

« Tom Erdimi est sorti de prison, il est libre », nous a annoncé en début d’après-midi, ce mercredi, le secrétaire général adjoint de la présidence tchadienne, Ousmane Abdramane Djougourou, en mission au Caire pour conclure cette affaire.

Une libération qui nous a été confirmée dans la foulée par un proche de l’opposant tchadien, tout à sa joie de le retrouver.

Des membres de sa famille se trouvent au Caire depuis plusieurs jours, ils y attendaient sa libération qui intervient après une grâce présidentielle que lui a accordée le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, il y a deux jours.

« C’est le PCMT, le président de la transition au Tchad, qui a intercédé pour lui », précise son secrétaire général adjoint. Une intercession qui intervient, selon nos sources, dans le cadre d’un accord avec son frère jumeau, le chef rebelle Timan Erdimi qui en avait fait l’une des conditions pour sa participation au dialogue national inclusif et souverain qui se déroule en ce moment à Ndjamena.

Timan et Tom Erdimi, tous deux des proches parents du président défunt Idriss Déby Itno, dont ils ont été les bras droits dans les années 1990, avaient ensuite pris les armes contre lui. Timan Erdimi avait d’ailleurs été à deux doigts de prendre la capitale en 2008, M. Déby ne devant son salut qu’à une intervention de l’armée française.

Depuis, tous deux vivaient en exil, Timan au Qatar alors son frère jumeau croupissait depuis deux ans dans une prison égyptienne. « Le calvaire de Tom Erdimi a pris fin aujourd’hui », commente un proche. Il devrait gagner le Tchad « incessamment », annoncent la présidence tchadienne et sa famille.

L’aboutissement d’un long combat

Tom Erdimi vivait depuis plusieurs mois en Égypte, avec le statut de réfugié, lorsqu’il a disparu des radars fin décembre 2020. Sa famille mettra plusieurs mois avant de s’en apercevoir. Ensuite, cette dernière va opter, dans un premier temps, pour la discrétion, même si elle va remuer ciel et terre pour tenter de le retrouver – en vain.

Ses proches vont finir par apprendre qu’il a été arrêté par les services secrets égyptiens à la demande des autorités tchadiennes, mais c’est alors le silence radio qui domine dans les deux capitales. Aussi, pour la famille Erdimi, c’est clair : la discrétion ne paie pas. Elle décide donc de monter au créneau à partir de juillet 2021.

Médiatisation de l’affaire, « sit-in » devant l’ambassade égyptienne au Tchad, plainte devant le comité des Nations unies chargé des droits de l’homme pour « disparition forcée »… Un changement de cap radical, et les informations commencent à remonter.

Des sources sécuritaires égyptiennes contactées par RFI à l’époque n’avaient pas voulu confirmer ou infirmer l’arrestation de Tom Erdimi. Mais elles le décrivaient comme « un dangereux terroriste qui a déstabilisé la Libye pour le compte du Qatar », l’ennemi juré de ce pays. La famille de l’opposant tchadien finit également par apprendre dans quelle prison il croupit, mais impossible de l’approcher.

Puis c’est le choc du 20 avril de cette année : le président Idriss Déby Itno est tué lors d’affrontements contre les rebelles du FACT. Son fils Mahamat, devenu président de transition, engage des négociations avec les groupes armés à Doha.

Le chef rebelle Timan Erdimi sera parmi ceux qui vont accepter de rentrer au Tchad pour participer au dialogue national en cours aujourd’hui à Ndjamena, contre la promesse notamment de la libération de son frère Tom, chose désormais faite.

RFI

 

Quitter la version mobile