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Le drame de Oued El Harrach et l’imposture du chef islamiste Bengrina

Abdelkader Bengrina

Abdelkader Bengrina

Au lendemain de l’accident tragique survenu à Oued El Harrach, qui a coûté la vie à 18 passagers après la chute d’un bus vétuste du haut du pont, l’émotion et la colère demeurent vives dans l’opinion publique. Le drame a mis en lumière l’état alarmant du parc national de transport en commun et l’attentisme des pouvoirs publics quant à son renouvellement.

Il y a des drames qui réveillent les charognards. Mais alors que les responsabilités institutionnelles sont pointées du doigt, la réaction d’Abdelkader Bengrina, président du mouvement El Bina, a suscité incompréhension et indignation.

L’ancien ministre islamiste a choisi de détourner le débat en s’attaquant aux médias, accusés de ne pas avoir alerté suffisamment sur la vétusté des bus. Selon lui, une « vigilance » journalistique aurait permis au ministère des Transports de prendre les mesures nécessaires et d’éviter la catastrophe. Pour épargner l’incurie et l’incompétence de ses maîtres, le vassal Bengrina pointe le doigt ailleurs.

Cette déclaration est perçue évidemment comme une tentative grossière de défausse, qui élude les véritables responsabilités politiques et administratives. Car ce n’est pas à la presse de pallier l’inaction de l’État, ni de se substituer aux mécanismes de contrôle et de sécurité publique. Le propos de Bengrina illustre davantage une volonté de diversion qu’une réflexion sérieuse sur les causes structurelles de l’accident.

Redoublant de cynisme et d’ironie malvenue, le chef islamiste a également reproché à la ministre de l’Environnement et de la qualité de la vie de ne pas avoir initié un projet structurant à même d’empêcher l’association du nom d’El Harrach au fleuve pollué qui traverse la ville. Une sortie perçue comme déplacée et saugrenue, au moment où des familles pleurent leurs proches et où la société réclame des réponses claires.

L’accident d’Oued El Harrach a révélé les failles d’un système de transport à bout de souffle et l’incapacité chronique des pouvoirs publics à anticiper les drames. Il est le symptôme d’un système hors d’âge. Sans imagination qui passe son temps à faire semblant de rafistoler pour se maintenir le plus longtemps possible.

Les propos du guignol Bengrina, eux, témoignent d’une autre faillite : celle d’un discours politique qui, loin d’assumer ses responsabilités, s’empresse de chercher des boucs émissaires.

Sofiane Ayache

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