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Le dur métier d’être Algérien

REGARD

Le dur métier d’être Algérien

Bricoler de la joie dans un pays triste. Regarder le soleil d’automne, tout en pensant déjà à la dureté de l’hiver. Laisser filer les jours, comme si l’on est dans la chanson de la Bohème, pour ne pas sombrer dans le dégoût d’un train qui stagne.

Ecouter les fake news à la télé officielle, tout en buvant par dépit un délicieux thé à la menthe. Lire un journal, tout en sachant que tout  ce qui est dedans est faux et que ce papier ne sert qu’à empaqueter de la sardine, aujourd’hui malheureusement hors de portée des modestes ménages.

Aller au marché le matin, la peur au ventre et revenir avec un couffin vide, en espérant que le lendemain tout cela allait changer. Chercher de l’espoir dans un long chapelet de cauchemars. Tel est le destin de l’Algérien de nos jours. 

L’Algérie est devenue un miroir déformant ; une illusion d’optique ; une chimère qui chante les fausses symphonies du printemps. Le pays se vide de ses compétences et de ses cerveaux à une allure inquiétante ; le pays assiste à son dépeçage par des pillards ; le pays est l’otage des feux de toutes parts : feux de forêts, feux de prix, feux d’arrestations arbitraires, feux de discorde, et paradoxalement feux de haine, à défaut de ceux d’amour. L’amour: un gros mot est lâché par là !

L’Algérien en est-il capable, pardi ? Question philosophique me diraient les « poseurs de questions simplistes »! Mais non, c’est une grande question, à mon avis. Car, on manque, chez nous, d’amour et de tendresse par ces temps durs, où l’on a pourtant besoin d’un grand élan de solidarité pour resserrer nos liens distendus.

Les Algériens ont surtout grandement besoin d’une grande « Tiwizi », d’un marathon d’amour, d’un Téléthon d’empathie, organisé à ciel ouvert, où l’on lira à haut décibel des lettres d’amour échangés entre les enfants du même pays.

Les Algériens veulent un concentrateur d’amour et un extincteur des haines. écrit récemment un internaute en ironisant sur le manque flagrant des concentrateurs d’oxygène dans nos hôpitaux. Vœu pieux ou idée réaliste, il n’est de place qu’à la tristesse dans ce grand pays, au pourtour de la Méditerranée, qui se noie dans ses passions contradictoires, illisibles, brouillonnes.  

 Notre défaut, à nous autres Algériens, n’est-il pas de trop demander aux autres de nous aimer, alors que nous avons la haine de nous-mêmes ? Commençons par nous aimer les uns les autres, par retisser ce cordon ombilical qui lie la mère à son enfant, par cultiver le sentiment d’empathie entre nous, pour que le soleil, notre Soleil de Fraternité irradie de ses rayons notre avenir commun. 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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