La plupart des journalistes et autres commentateurs dans le monde ont évoqué la séquence du bureau ovale puis celle du tirage au sort pour le premier tour de la coupe du monde de football qui se déroulera aux États-Unis.
Ils se sont tous interrogés sur une situation assez surprenante et répréhensible. Je suis pour ma part dans une monstrueuse colère devant l’outrage fait au football qui rassemble tant de populations à travers le monde et leur donne un bonheur absolu, celui qui les éloigne un peu, au moins pour un instant, des difficultés de la vie (lorsqu’il donne une image digne et non de violence).
Il faut rappeler les faits mais très brièvement car le monde entier a vu ces images, particulièrement les amoureux du football qui se comptent par dizaines de millions. Le président de la FIFA, Giani Infantino, s’est agenouillé comme le vassal le faisait en présence de son suzerain au Moyen-âge (j’ai en tout cas interprété la scène comme cela)
Voici les paroles que je rapporte, presque mot pour mot, « Monsieur le président, cette coupe n’est touchée que par les vainqueurs mais je vous la remets parce que vous êtes un vainqueur ». Et cela s’est reproduit au moment du tirage au sort. Tentatives permanentes de faire rire le souverain, comme le faisait le fou du roi. C’était un spectacle piteux. Comme un petit caniche qui suivait le maître et sautillait pour bien lui signifier son extase.
Le président de la FIFA n’honorait ni ne remerciait le chef de l’état d’un pays qui a bien voulu organiser la coupe du monde, il lui remettait la couronne impériale du football, sa coupe du monde. En général cela se fait par un discours convenu et chaleureux et, bien entendu, avec le sourire de la cordialité. Pas plus !
Comment voulez-vous que tous les pédagogues, enseignants, participants dans les associations ou autres, puissent continuer à convaincre les jeunes que le sport est apolitique et universel ? Comment le faire après un tel comportement si indécent ?
Sans compter qu’il s’agit d’un empereur autoproclamé qui a pourtant massacré le monde par ses extravagances, sa vulgarité, son racisme et sa dangereuse folie. Cependant personne ne blâme, ou en quantité minoritaire, le choix des Etats-Unis comme le lieu de la coupe du monde de football.
Si nous devions contester la participation dans tous les précédents pays organisateurs que chacun pourrait critiquer en raison de sa propre opinion, il faudrait organiser la compétition dans l’Antarctique, territoire reconnu neutre par les conventions internationales.
De même, les précédentes rencontres entre les deux hommes, y compris lors de la cérémonie d’investiture, peuvent se justifier légitimement car la FIFA se devait d’avoir des liens avec l’organisateur de la coupe du monde. Mais trop, c’est trop pour ne pas avoir des doutes sur les opinions de son président par un acte inadmissible qui le sort de sa neutralité.
Comme d’ailleurs le règne de l’argent, débordant et vulgaire, dont les salaires feraient nourrir un village pauvre du monde pendant deux millénaires. Nous critiquons et déplorons cet état de fait qui s’éloigne de la beauté et des bienfaits du sport, mais nous ne pouvons éternellement et en toutes choses poursuivre l’injuste comme le faisait Don Quichotte en croisade contre les moulins.
Puis encore, qu’un président de la FIFA ait des convictions politiques, cela est de sa liberté intime. Même si nous jugeons épouvantables l’association indirecte du sport avec une doctrine qui prône le suprématisme de la race blanche et la consécration d’une civilisation chrétienne. Mais le faire au nom d’un mandat donné par le monde du football, c’est tout simplement inacceptable.
Je ne comprends pas comment les représentants des différentes fédérations n’aient pas réagi le soir même ou le lendemain. Peut-être certains, je n’ai pas encore lu la presse ou écouté les informations au moment de la rédaction de ce billet de colère, mais il ne semble pas que la fronde sera à la hauteur de l’insulte au football ni même qu’elle existera.
Peut-être qu’un autre évènement les avait tous accaparés par un énorme soulagement qui fait tout oublier ? Le Soudan ne leur sera pas opposé.
Mais non, je ne suis pas méchant mais on a le droit d’avoir l’humour sarcastique de la tendresse.
Boumediene Sid Lakhdar

