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Le Front des forces socialistes (FFS) et la question identitaire

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Le Front des forces socialistes (FFS) et la question identitaire

Deux voies s’affrontent. Celle de Krim Belkacem, Lakhdar Bouragaa, Ali Yahia, Mohand Oulhadj, qui consiste à renverser le régime par les armes, et celle de Hocine Aït Ahmed qui prône une opposition pacifique.

« Nous avons le devoir de reprendre le combat », déclarait Krim. Ben Bella réagit en accusant le signataire des accords d’Evian d’avoir « des crimes sur la conscience », allant jusqu’à parodier son nom, l’assimilant à « crime » ; ce patronyme signifie en fait noblesse, grandeur et révérence dans la langue officielle de l’Algérie de Ben Bella. De l’autre côté, Aït Ahmed se disait foncièrement pour la lutte pacifique et non radicale ; cela ne l’empêchera pas de croiser le fer avec le régime de Ben Bella deux mois plus tard.

Retranché seul en Kabylie, Hocine Aït Ahmed, après avoir quitté l’hémicycle, crée, à son tour, son mouvement politique, le Front des forces socialistes. Certes, le FFS ne sera pas le prolongement direct de l’UDRS, mais Aït Ahmed va récupérer la composante de ce parti, notamment le chef de la Wilaya III, Mohand Oulhadj, de même que le travail de préparation et de contact réalisé en amont par Krim Belkacem, désormais condamné à l’exil.

Craignant de subir le sort de Boudiaf, Krim gagna la France en urgence. Toutefois, la tâche de Hocine Aït Ahmed sera ardue. La proclamation publique du FFS aura lieu le 29 septembre alors qu’elle était prévue pour le 3 septembre 1963 en prévision du référendum sur la Constitution programmé pour le 8 septembre. Ce retard est dû principalement à l’indécision de Mohand Oulhadj. Le FFS sera sur pied dans un climat d’incertitude et de confusion, pas seulement en Kabylie mais dans tout le pays. Dans un meeting populaire à Tizi-Ouzou, Aït Ahmed fustige « le coup de force constitutionnel » opéré par le groupe d’Oujda et lancera un appel à « l’union des avant-gardes nationales ».

Le chef du FFS est épaulé de Medri Belaïd, Mourad Oussedik, Ali Yahia Abdenour, Mohand Oulhadj, Lakhdar Bouragaa, Si Sadek, Yaha Abdelhafidh, Aboubakr Belkaïd, Ali Ammar, Mohand Benyounes et Djilali Leghima, les membres fondateur du FFS. Ce jour-là, Hocine Aït Ahmed troque son costume d’homme politique pour arborer un uniforme militaire. A la télévision française, il déclare : « Aujourd’hui nous avons atteint un seuil à partir duquel ou c’est la fascisation, c’est-à-dire la mort, la misère morale pour notre peuple, la misère sociale qui doit suivre nécessairement la misère morale, ou bien la résurrection de notre révolution…»

Cette déclaration fait suite à la question du journaliste qui relevait ce changement radical aussi bien au niveau de l’accoutrement que dans l’orientation politique : « Il y a à peine deux mois, quand je vous ai rencontré, vous étiez en civil et aujourd’hui vous êtes en militaire, c’est donc l’épreuve de force ?» Le journaliste se tourne ensuite vers Mohand Oulhadj, qu’il désigne dans le reportage avec le surnom « le Sage », et l’interroge : « Vous avez fait sept ans de guerre ; vous êtes prêt à recommencer ? »

Le vieux colonel répond : « Oui, j’ai fait sept ans de guerre contre le colonialisme, mais si le gouvernement algérien se décide à remplacer le colonialisme, je suis prêt à faire face, c’est après avoir réfléchi que j’ai décidé de me retirer et prendre mes responsabilités. »

Raconter la Révolution algérienne et son Indépendance en la dissociant de la question identitaire, la question kabyle en l’occurrence, serait une erreur. La question identitaire constituait la réelle pomme de discorde entre les différents antagonistes au lendemain de l’indépendance, une divergence qui existait depuis la naissance du Mouvement national mais a été aggravée par l’influence « orientale », tout particulièrement de l’Egypte.

Hocine Aït Ahmed, comme Abane Ramdane, Krim Belkacem et d’autres encore, l’auraient probablement trop bien compris, en tentant de joindre les deux bouts : sauver la Révolution en jouant la carte nationaliste tout en valorisant l’apport de la région de Kabylie, dont ils sont issus, en tant que partie entière de l’Algérie souveraine postindépendance.

Mais c’était compter sans le clan d’Oujda de Ben Bella et Boumediene pour qui l’Algérie ne pouvait être qu’arabe. Ainsi, au lendemain de l’indépendance, Ben Bella déclarait à Tunis: « Nous sommes des Arabes ! Nous sommes des Arabes ! Nous sommes des Arabes ! » Ainsi, la révolution est sabotée et détournée pour faire de ce pays naissant, vidé de ses repères identitaires et historiques, un satellite de l’Egypte.

La discorde autour de la question identitaire a nourri la guérilla menée par le Front des forces socialistes de Hocine Aït Ahmed. L’un des chefs de cette insurrection, qui était à la tête de la Wilaya IV, le colonel Slimane Dehilès, dit Si Sadek, faisait un serment dans une déclaration à la télévision française : « Je le jure devant Dieu et ses hommes que nous ne poserons ces armes et cette tenue de combat que par l’installation des principes démocratiques justes (…). La population aspire à la démocratie et à la liberté (…). Il n’y a pas de Pharaon chez nous ! Il n’y a pas de Ramsès 2 chez nous ! Il n’y a pas de Gamal Abdenasser chez nous ! Ici, il y a le peuple. »

L’élan d’espoir suscité par le tout nouveau parti d’opposition, le FFS, n’était pas du goût du pouvoir en place qui l’a taxé de « kabyle séparatiste » menaçant l’unité nationale. Ben Bella et Boumediene ont appliqué une nouvelle fois contre Aït Ahmed le même scénario qu’en 1949, lors de la crise berbériste au sein de la direction du PPA-MTLD.

L’histoire n’est-elle pas un éternel recommencement ? Hocine Aït Ahmed, alors premier responsable de l’Organisation secrète (OS), a été jugé pour complot berbériste. Le qualificatif « berbériste » est accolé au « séparatisme », alors que l’arabisme n’avait pas à se justifier. Pourtant, l’essentiel de la composante du PPA-MTLD était kabyle. Dans son livre Mémoires d’un combattant, Hocine Aït Ahmed affirmait que vers la fin des années 1940, sur les 19 000 militants du PPA-MTLD, 11 000 d’entre eux sont issus de la Kabylie. Qu’à cela ne tienne, cela n’a pas empêché que les militants berbéristes du PPA soient jetés aux orties. Revendiquer sa berbérité suffisait pour passer à la trappe.

Aït Ahmed sera destitué de ses responsabilités à la tête de l’OS et au sein la direction du PPA-MTLD. Son seul tort, c’était d’avoir défendu Benaï Ouali exclu du PPA-MTLD pour avoir été à l’origine de la crise berbériste. En dépit des tentatives de Hocine Aït Ahmed d’imprimer un cachet national à son parti, et ce dès sa création en 1963, réussissant à drainer des militants et sympathisants dans d’autres régions, le FFS est vu comme une entité kabyle. Les origines kabyles de Hocine Aït Ahmed étaient déjà considérées comme une tare.

Toutefois, la dynamique induite par le FFS a fait tache d’huile et commençait à prendre racine sur tout le territoire national. Le FFS fait parler de lui hors de la Kabylie et les germes de la résistance prenaient forme. A Médéa, une attaque a été menée contre l’armée par des éléments du FFS. L’annonce est faite par Aït Ahmed lors d’un rassemblement populaire en Kabylie : «Vous avez écouté la radio, le FFS a attaqué les troupes de Boumediene à Mitidja… ».

Djilali Leghima, l’un des 11 fondateurs du FFS, considère que la révolte du FFS, en 1963, contre le régime de Ben Bella et Boumediene est comme une insurrection nationale. Il met en évidence le caractère national de la composante même des premiers piliers de ce parti d’opposition, pour évacuer les allégations régionalistes soulevées par le régime d’alors, accusant le FFS de vouloir remonter la Kabylie contre le reste de l’Algérie.

Djilali Leghima évoque Boubekeur Belkaïd, l’un des fondateurs du FFS, pourtant originaire de Nedroma (Tlemcen). Smaïl Lamrous, militant FFS de la première heure, apporte son témoignage sur la genèse de l’insurrection de 1963 : « J’étais lycéen, je préparais ma deuxième partie du baccalauréat quand la résistance du FFS a éclaté contre le régime de Ben Bella. Avant la proclamation du FFS, j’étais responsable de la Commission des sports et des loisirs du FLN dans le département de Tizi-Ouzou ; et à l’appel d’Aït Ahmed, moi et mes camarades, nous avons rejoint le FFS, nous avons cru à l’exercice, à la pratique de la politique. Notre tâche était de vulgariser et conscientiser la population, nos relations ne se limitaient pas à la Kabylie, nous avons fonctionné selon les réseaux hérités du FLN, connectés aux quatre coins du pays, que nous allions empruntée au profit des structures de base et hiérarchiques du FFS. »

Quant à l’ancrage du FFS en Kabylie, le Pr Mohamed Lahlou, ancien cadre du FFS pense « Après la crise de l’été 62, il y a eu une restructuration des anciennes wilayas en Régions militaires. Seule la 7e Région militaire (ancienne Wilaya 3) a gardé les structures héritées de l’ALN capables de porter une opposition au régime installé à Alger ».

L’ancien cadre du FFS affirme également : « D’anciens responsables et membres d’autres wilayas ont rejoint le FFS. A ceux-là, s’ajoutent d’autres forces d’opposition (notamment le PRS créé par Mohamed Boudiaf) implantées surtout en Kabylie et dans une partie de l’Algérois. L’instauration d’un régime répressif et la manipulation menée par le pouvoir pour isoler la Kabylie n’ont pas permis de sortir la résistance du FFS de Kabylie. »

Dans un discours public à Alger, Ben Bella désignait sans cesse la Kabylie à la vindicte populaire : « Ce n’est pas une poignée de Kabyles qui va nous déstabiliser… »

Le chef du FFS sera ainsi jugé et accusé de trahison et de séparatisme berbère bien que le programme du FFS ne pose pas le problème de l’identité nationale. Le lendemain de son arrestation en Kabylie, le 17 octobre 1964, Alger Républicain titrait : « L’ANP capture « le traître Aït Ahmed ».

Reprenant la déclaration de Ahmed Ben Bella, de l’autre côté de la Méditerranée, Le Monde du 20 octobre 1964 écrivait : « Le traître Aït Ahmed vient d’être arrêté par l’ANP. Ainsi prend fin la longue liste des méfaits dont s’est rendu coupable ce sinistre individu et qui coûtèrent la vie à nombre de nos plus valeureux militants. »

Hocine Aït Ahmed, militant nationaliste jusqu’au rachis, est devenu par la grâce d’un groupe un « traître » … Pourtant, Aït Ahmed n’a jamais été un berbériste, du moins il ne s’en revendiquait pas, il s’agit juste d’un Kabyle ! « L’arabo-islamisme était tellement enraciné au sein du mouvement national algérien que non seulement la demande des berbéristes n’a pas été entendue mais certains ont payé de leur vie leur attachement à tamazight, que même des démocrates kabyles comme Abane Ramdane auraient été qualifiés de contre-révolutionnaires qu’il fallait liquider», explique Rachid Ali-Yahia, un des derniers des militants berbéristes du Mouvement national algérien.

Le cas de l’exécution de Bennaï Ouali a terni durablement l’image de la Révolution algérienne. Etait-il nécessaire de « purifier » la Révolution par la condamnation et l’exécution des berbéristes considérés comme des facteurs de dérive, de comploteurs, alors qu’ils étaient tous au service de cette Révolution et dès la première heure ?

Rachid Ali-Yahia témoigne que Bennaï Ouali avait fait l’objet d’une condamnation à mort décidée par le CCE (Comité de coordination et d’exécution, ndl) qui désigna comme exécuteur Slimane Amirat, lequel allait refuser d’accomplir cette mission, jugeant qu’il ne s’agissait pas d’un traître. C’est ce qu’a confirmé Krim Belkacem, à la veille de l’indépendance, à Paris, lors d’une entrevue secrète avec Rachid Ali-Yahia, reconnaissant alors : « Tu avais raison Rachid. Je partage parfaitement tes idées (berbéristes, ndl.»

L’aveu de Krim était bien tardif, en ce sens que le vice-président du GPRA découvrait qu’il était marginalisé par les nouveaux décideurs de la future Algérie indépendante, regrette Rachid Ali-Yahia. Son frère, Ali-Yahia Abdenour, responsable de l’Union générale des travailleurs Algériens (UGTA), au moment de la condamnation des berbéristes par le CCE, se souvient d’une déclaration que lui fit Bennaï Ouali : « Nous sommes chargés de cinq mille ans d’histoire. C’est le prix d’être un peuple, avec son histoire, sa source, ses racines, sa culture, sa langue, sa terre fertilisée par le sang des meilleurs de ses fils pour la libérer des envahisseurs. Le droit à n’être ni colonisé ni soumis à la domination d’une personne étrangère, est le message de Jugurtha écrit par Mohammed Cherif Salhi et saboté par la direction PPA-MTL, qui a éliminé la période antéislamique du peuple algérien. »

« C’est le condamné à mort par le CCE qui parle, je ne fais que transcrire ses paroles avec mon stylo », insiste Ali-Yahia Abdenour, qui rapporte ensuite ce message de Bennaï Ouali à Abane Ramdane : « Je refuse de m’inscrire devant cette condamnation à mort, illégitime, sans procès. J’ai servi le parti et mon pays au prix de renoncements et de multiples sacrifices. Je reste dans mon pays, parce que c’est mon devoir, et toute fuite est une désertion. Fuir est contraire à ma conscience et à mon honneur, deux choses qui ne s’aliènent pas et dont je suis le seul dépositaire. Et si tu rencontres Abane, tu lui diras de ma part : « En creusant ma tombe, tu creuses aussi la tienne.»

La réponse de Abane Ramdane à Ali-Yahia Abdenour était non discutable : « Ce n’est pas moi, c’est le CCE qui a décidé sa condamnation. » Ce fut la dernière rencontre entre les deux hommes, en présence de Benyoucef Benkhedda, et ce à la veille de la grève générale de huit jours à Alger, en 1957.

Au-delà du cas de Bennaï Ouali, Ali-Yahia Abdenour évoque des dérives qui portent le cachet de la Révolution : « La réaction de l’état-major du FLN-ALN sera des plus sévères. Les militants berbéristes subiront une véritable purge, peu après le début de la guerre de Libération nationale. Ils seront rangés dans le même sac que les messalistes qui ont pris les armes contre la révolution. Bennaï Ouali, désigné de berbériste de la première heure, avait appelé au déclenchement de la lutte armée dès la fin des années 1940, bien avant le 1er novembre 1954. Mais leurs divergences sur les fondements de la nation étaient considérées comme une menace au front révolutionnaire et il fallait agir et détruire cette potentielle cause de scission. Seule la base arabo-islamique allait devoir être acceptée et cela ne pouvait être remis en doute. Boumediene avait pour héritage toutes ces influences «islamo-baathistes» d’où découleront toutes ses décisions. Cette opposition avec la réalité algérienne sera la cause de l’incapacité à édifier une structure politique solide à l’intérieur du pays. »

Le dernier président du GPRA, Benyoucef Benkhedda, traite cette question de manière pédagogique « Les expressions « Berbérie » et « Berbères » couvrent, la première, une réalité géographique, la seconde, une donnée ethnique. Mais le berbérisme en lui-même est un phénomène conçu et exploité par le colonialisme dont la devise « diviser pour régner » consistait à vouloir, coûte que coûte, opposer, après les avoir suscités, un « bloc arabe à un bloc kabyle. La crise ne date pas d’hier, elle date de 1949. »

Mohamed Harbi, quant à lui, pense que « la crise de 1949 a annihilé les espoirs de voir se développer un nationalisme radical indépendamment de la foi religieuse. » Constat similaire de la part de Hocine Aït Ahmed : « À partir de cet épisode, la Kabylie traînera, il faut dire les choses comme elles sont, la casserole du berbérisme avec toutes les connotations irrationnelles, négatives et ironiques, attachées à la fonction d’épouvantail. Il y a comme ça des grains de sable, des personnages insignifiants, qui entraînent dans la vie politique des conséquences démesurées »

Son positionnement par rapport à la crise berbériste de 1949 et son silence devant l’exécution des militants berbéristes en 1957 n’a pas épargné à Aït Ahmed d’être rattrapé par sa kabylité en 1963. Il se voyait « national », le clan d’Oujda le regardait juste comme « un Kabyle ».

« C’est la guerre totale contre Boumediene ! lançait Aït Ahmed dans un meeting populaire. La résistance a commencé, c’est la résistance populaire ! C’est une résistance individuelle ! Nous avons dit qu’il n’est pas question pour nous et il n’a jamais été question pour nous de faire une cession territoriale ! »

Dans son discours, Aït Ahmed se voulait clair quant à la dimension nationale de l’insurrection qu’il menait et se présentait en chef de guerre : « La stratégie militaire que nous avions arrêtée, il n’est pas question de la dévoiler. Mais elle est fondée sur la défense en profondeur. Elle est basée sur la guérilla. Les troupes de Boumediene ont été harcelées sans répit par les nôtres, maintenant il vous appartient à vous et nous tous de continuer la résistance. »

A un journaliste français qui lui dit : « On parle de fait kabyle, de problème kabyle », le porte-parole du FFS et ex-avocat du FLN au barreau de Paris, Mourad Oussedik, réagit : « Je n’ai pas à répondre à un argument qui me paraît une exploitation misérable en matière politique. Il suffit de savoir que l’Algérois s’est mis en mouvement un mois et demi avant la Kabylie ! Est-ce qu’on peut parler de fait kabyle ? Il suffit de savoir que des dizaines et des dizaines et même maintenant des centaines d’arrestations, qui ont été opérées sur le territoire national pour savoir qu’il ne s’agit pas d’un problème d’un mouvement en Kabylie !»

La guerre du FFS et le complot Zerguini

Dans les régions qui constituaient la Wilaya VI historique, Lakhdar Bouragaa est toujours présent sur le terrain. Il réunit ses hommes et leur lit l’appel du FFS de s’opposer au pouvoir en place.

Les échos favorables à l’appel du FFS enregistrés à travers le territoire national gênaient le régime de Ben Bella et il fallait couper court à toute tentative de regroupement d’une opposition démocratique. Le FFS se positionnait en rassembleur des opposants au régime militaire naissant. Aït Ahmed tenait à faire garder son caractère pacifique au FFS, un principe défendu également par Mohand Oulhadj qui déclarait à un journaliste : « Je ne veux pas faire couler de sang entre Algériens, je l’ai évité déjà et je continuerai à l’éviter. »

Quatre jours après la proclamation de la naissance du FFS, l’armée a été dépêchée en Kabylie pour empêcher toute activité politique de l’opposition et surtout éviter l’adhésion des chefs historiques et des personnalités nationales, venus d’horizons divers et de régions différentes, qui composèrent la première ossature du FFS. Mais les politiques et les militaires ne parlaient pas la même langue et n’avaient pas les mêmes arguments. Les projets des uns et des autres étaient fondamentalement opposés.

Il devenait urgent pour le régime militaire de Boumediene-Ben Bella de couper court à toute présence politique et démocratique en Kabylie. D’autant que le nouveau mouvement populaire radical et pacifique commençait à faire tache d’huile et à prendre dans d’autres régions d’Algérie. Que faut-il faire pour empêcher cette construction démocratique pacifique ? Le colonel Houari Boumediene s’en charge avec la ruse qui lui est connue en pareilles situations. Il orchestre une action diabolique pour replonger la Kabylie dans la guerre en poussant le FFS à l’affrontement armé. Il fallait à tout prix discréditer le FFS et la Kabylie.

Mohamed Zerguini, l’homme de main de Boumediene, mais également proche de Mohand Oulhadj, a infiltré le Haut commandement de la Wilaya III et était fin prêt à mettre le feu en Kabylie. Le témoignage de Lakhdar Bouragaa est, à ce propos, édifiant : « L’armée des frontières avait tout calculé dès le début. Elle avait déjà placé ses hommes à l’intérieur comme à l’extérieur et avait décidé d’éliminer toutes les forces intérieures pour imposer sa loi. Mohamed Zerguini était à l’origine, l’instigateur, de la révolte armée du FFS contre l’armée des frontières. Il avait provoqué le premier accrochage en Kabylie. Cela s’est passé quelque part à Azazga. Mohamed Zerguini envoya un groupe de soldats de l’armée régulière dans un camion et leur dit que des militants du FFS circulaient avec des armes et qu’ils devaient à tout prix les intercepter. D’un autre côté, il demanda aux troupes du FFS d’intercepter un camion de l’armée régulière. Et quand les deux groupes se sont rencontrés, ils se sont tirés dessus, et c’est ainsi que la guerre a éclaté. »

Dans son livre Affaire Mécili, Hocine Aït Ahmed revient sur cet épisode : « Dès la naissance du FFS, j’ai compris que quelque chose n’allait pas. Les actions principales que nous devions lancer avaient en effet avorté. Ce fut le cas de l’opération lancée à l’occasion du référendum sur la Constitution (8 septembre 1963) et de la marche populaire que nous projetions de faire à Tizi-Ouzou, la capitale de la Kabylie. Grâce à Ali (Mécili), je ne tarderai pas à apprendre la source de nos maux : il nous avertit qu’un membre de la VIIe région militaire (Kabylie), très proche de Mohand Oulhadj, ne se contentait pas d’informer régulièrement la SM de toutes nos activités, mais qu’il était aussi chargé de les saboter.»

Cette infiltration du FFS est confirmée par un officier supérieur de la Sécurité militaire, Abdallah Benhamza, celui-là même qui allait arrêter Aït Ahmed : « Grâce à deux « agents noyauteurs « , dont je me dois de taire les noms, nous avons établi des contacts avec Hocine Aït Ahmed. Il nous suffit de choisir le moment opportun, et de déclencher l’opération qui mit fin à son « épopée de maquisard ». »

Le plan mis en place par Boumediene avait fonctionné à merveille. Il était clair que les tensions étaient telles qu’il ne fallait plus qu’une étincelle pour que la Kabylie s’embrase. Le FFS entrait en guerre contre le régime de Ben Bella. Une autre guerre allait éclater aux frontières avec le Maroc. Et c’est la confusion totale.

Le conflit algéro-marocain ou l’art de la diversion

La situation de l’Algérie indépendante était tellement incertaine sur le plan intérieur, qu’il fallut pour les nouveaux seigneurs d’Alger improviser un coup d’éclat, en guise de diversion, aussi spectaculaire, susceptible de détourner l’opinion et surtout neutraliser les insurgés. Quelques jours plus tard, se déclarait la fameuse guerre dite des frontières entre l’Algérie et le Maroc. Ben Bella criait dans son discours que l’« insurrection d’Aït Ahmed est soutenue par le roi du Maroc ».

Le Maroc réplique par la voix du directeur du cabinet royal, néanmoins ministre de l’Intérieur et de l’Agriculture, Ahmed Réda Guedira, qui convoque le chargé de l’ambassade d’Algérie « pour lui exprimer l’étonnement de son gouvernement devant les accusations du président Ben Bella » et dément toute collusion avec le FFS. Quant à Hocine Aït Ahmed, il répond à Ben Bella, lors d’un meeting à Aïn El Hammam, en l’accusant « de vouloir provoquer un incident pour amener la rupture diplomatique avec le Maroc ».

Le discours du pouvoir d’Alger présentait le FFS comme cette « main étrangère » œuvrant à semer la division au sein du pays. L’éclatement du conflit algéro-marocain marqua les esprits et constituait une belle diversion. Les médias officiels travailleront pour dramatiser à outrance ce conflit et introduire la crainte et la haine de l’étranger marocain au sein des foyers algériens. « L’Algérie est menacée, il n’y a plus de place à la division et à la divergence », était le message ressassé.

Des intellectuels ont été actionnés pour les besoins de la cause. Ainsi, Mohammed Harbi, directeur de Révolution africaine, hebdomadaire officiel du parti unique, consacra son éditorial dans le n°36 du 5 octobre 1963, intitulé « Défense de la Révolution», à dénoncer la création du parti politique le FFS par Hocine Aït Ahmed. « Les forces de la contre-révolution se sont mises en mouvement. Etrange coïncidence ! Au moment où des mesures révolutionnaires frappent les intérêts impérialistes dans notre pays et où le gouvernement élargit les bases de ses relations avec les Etats socialistes, une attaque contre l’Algérie, son unité nationale, l’intégrité de son territoire, se produit dans une des régions les plus éprouvées par la guerre coloniale : la Grande Kabylie », écrit le directeur de Révolution africaine.

Harbi fait le procès du FFS opposé au tandem Ben Bella-Boumediene et soutient que les intérêts de l’impérialisme et ceux de l’opposition sont liés. Il conclut son éditorial en lançant un appel à défendre le régime. « Comme par le passé, le peuple algérien saura juguler les agissements de l’impérialisme et l’action des forces obscures qui manœuvrent consciemment ou inconsciemment à son profit. Unanimement mobilisé derrière le parti et le gouvernement, il ne permettra jamais que l’on touche à ses conquêtes fondamentales, à la réforme agraire et à l’autogestion et continuera à apporter sans défaillance son appui au chef de l’Etat qui a su se faire l’interprète fidèle de ses aspirations… Le peuple l’a déjà fait par la voix de ses cadres qui ont réclamé des armes pour défendre l’Algérie socialiste contre ses ennemis », écrit encore Mohammed Harbi.

Le tracé des frontières entre l’Algérie et le Maroc, hérité du colonialisme, avait constitué un différend bien avant l’indépendance. Dès les premiers entretiens entre le GPRA, présidé alors par Ferhat Abbas, et le monarque marocain Hassan II, des points importants n’avaient pas été réglés. Un protocole d’accord a été signé le 6 juillet 1961, alors que le GPRA avait commencé ses négociations avec la France et qu’un aboutissement vers l’indépendance devenait évident.

L’accord stipule que le gouvernement marocain « s’opposera par tous les moyens à toute tentative de partage ou d’amputation du territoire algérien ». Il prend ainsi acte des frontières héritées de la colonisation. Mais, le différend trouve son origine dans le fait que le GPRA « reconnaît pour sa part que le problème territorial posé par la délimitation imposée arbitrairement par la France entre les deux pays trouvera sa solution dans des négociations entre le gouvernement du Royaume du Maroc et le gouvernement de l’Algérie indépendante. »

L’historien Ramdan Redjalla précise que ce protocole réaffirme que « les accords qui pourront intervenir à la suite des négociations franco-algériennes ne sauraient être opposables au Maroc, quant aux délimitations territoriales algéro-marocaines ». Les échanges et rencontres entre le gouvernement marocain et le GPRA ne se résument pas seulement à la première rencontre de juillet 1961.

Les 7 et 8 janvier 1962, les pourparlers reprennent autour de la question des frontières. Avaient pris part à la rencontre, du côté algérien, outre le nouveau président du GPRA, Benyoucef Benkhedda, Krim Belkacem, vice-président et ministre de l’Intérieur, Saâd Dahlab, ministre des Affaires étrangères, et Abdelhafid Boussouf, ministre de l’Armement et des Liaisons générales (Malg).

Du côté marocain, Hassan II était accompagné d’Ahmed Balafredj, ministre des Affaires étrangères, et Ahmed Réda Guedira, ministre de l’Agriculture et directeur du cabinet royal. Ces rencontres n’aboutiront à aucune décision concrète. Une commission interministérielle algéro-marocaine sera alors installée avec pour mission « d’étudier et d’élaborer les fondements d’un Maghreb uni ».

Et voilà qu’à l’indépendance de l’Algérie, la question des frontières avec le Maroc devient subitement un conflit. Il sera largement instrumentalisé de part et d’autre pour détourner l’attention de l’opinion publique sur les vrais problèmes politiques et sociaux. Dans une très courte déclaration à la radio, Ben Bella crée la surprise, le jeudi 24 octobre, en annonçant le ralliement du colonel Mohand Oulhadj qui s’apprête à rejoindre la frontière à la tête de ses troupes.

Dans l’Algérois, le commandant Lakhdar Bouragaa approuve l’initiative de Mohand Oulhadj et rentre à son tour dans les rangs pour rejoindre les frontières. La manipulation de la fibre patriotique l’emporte sur la réalité. Avant que le duo Mohand Oulhadj-Lakhdar Bouragaa rejoigne les frontières, une rencontre a eu lieu entre Aït Ahmed et Ben Bella au lendemain des hostilités algéro-marocaines alors qu’eux-mêmes s’affrontaient par les armes !

V-5 La mystérieuse rencontre Aït Ahmed-Ben Bella à la Villa Joly

Lakhdar Bouragaa garde un étrange souvenir de cette rencontre à laquelle il avait assisté. « C’était à la villa Joly, à Alger, le lendemain des premiers accrochages entre Algériens et Marocains. Les deux hommes étaient déjà en guerre, mais se sont rencontrés. En plus d’Aït Ahmed et de Ben Bella, il y avait moi, Aboubakar Belkaïd et des membres du gouvernement. Je n’avais rien compris, j’étais ému car l’échange entre Aït Ahmed et Ben Bella était un échange entre deux amis », raconte Bouragaa. Il relève l’incroyable proximité, voire même intimité entre les deux hommes : « Dès qu’ils se sont vus, Ben Bella s’enquiert de la famille de Hocine : comment va Djamila (sa femme) et Jugurtha (son fils) et Aït Ahmed a demandé aussi des nouvelles de la famille de Ben Bella. »

La suite des échanges était plus corsée mais toujours tintée en filigrane d’une espèce de regrets et de nostalgie : « Jamais je me suis dit qu’un jour, toi Hocine, tu retournerais tes armes contre moi ! » reproche Ben Bella à Hocine Aït Ahmed. Sec, le chef du FFS réplique du tac au tac : « Moi aussi, je n’ai pas compris comment tu as osé arrêter et emprisonner Boudiaf ? »

Et quand Ben Bella avait dit que c’est la guerre aux frontières avec le Maroc, Aït Ahmed lui avait répondu : « Qui avait attaqué le premier ?» La question demeurera sans réponse.

Lors de cette rencontre, Ben Bella a décidé de relever de ses fonctions le colonel Boumediene et nommer à sa place Tahar Zbiri ainsi que de remplacer tous les chefs des régions militaires. De retour de Moscou, le 6 novembre, le ministre de la Défense, Houari Boumediene, dit à Ahmed Ben Bella que les tractations qu’il avait menées à son insu avec Hocine Aït Ahmed étaient « nulles et non avenues ». Boumediene demeurera ministre de la Défense et aucun des changements décidés à la tête des régions militaires n’aura lieu.

Ben Bella ne pouvait que remettre en cause ses décisions et comprendre par expansion que ses ennemis du moment ne sont pas aussi menaçants que son allié Boumediene. Pendant que Hocine Aït Ahmed reprend le chemin des maquis de Kabylie, sans Mohand Oulhadj et Lakhdar Bouragaa, qui signent le 12 décembre au nom du «Comité directeur du FFS» un accord avec Ben Bella déclarant que l’accord est « nul et non avenu ». Les conséquences de la défection de Mohand Oulhadj et Lakhdar Bouragaa sont désastreuses pour Aït Ahmed ; le FFS se retrouve sans force de frappe militaire. Il perdra également son influence politique qui sera limité à la seule région kabyle.

Après quatre mois de trêve, Hocine Aït Ahmed décide désespérément de reprendre les armes lors d’un mini congrès au terme duquel le FFS déclare, dans un communiqué publié le 5 mars 1964, qu’il a repris le combat le 21 février. Une répression féroce allait s’abattre sur la Kabylie durant seize mois, menée par l’armée de Boumediene et la milice dirigée par le commandant Mahmoud Guennez.

Les premières années postindépendance étaient terribles pour la Kabylie. Ramdan Redjalla décrit ce triste épisode : « Aux embuscades et autres attentats, le pouvoir benbelliste réagit en durcissant la répression et en acheminant d’importants renforts militaires dans la région. Celle-ci est quasiment encerclée et isolée du reste du pays. Comme n’importe quelle armée, l’ANP accomplit le même sale boulot que l’armée coloniale : ratissages, arrestations et tortures à grande échelle. La Kabylie revit les moments les plus sombres de son histoire immédiate. » Cette situation constitue le prolongement de l’ère coloniale, l’indépendance signait le début d’une nouvelle guerre.

Yaha Abdelhafid, un des négociateurs de l’arrêt des combats en Kabylie, confirme : « La répression fut terrible. Plus de 450 morts du côté du FFS et près de 3 000 personnes arrêtées. Des centaines de militants ou sympathisants sont torturés dans les commissariats. Le plus connu est le centre de Notre Dame à Alger où sévissait le commissaire Hamadache ». Si, militairement, c’est la débâcle pour le FFS, il recevra une bouffée d’oxygène sur le plan politique au début de l’été 1964. Le Front des forces socialistes se voyait l’héritier du Front de libération national.

Un Conseil national de défense de la révolution (CNDR) a été créé, le 6 juillet 1964, à l’initiative de Mohammed Khider et Mohamed Boudiaf. Le CNDR avait une direction politique qui regroupait Mohamed Boudiaf, Mohammed Khider, Hocine Aït Ahmed, Ahmed Taleb El Ibrahimi, tandis que son aile militaire comptait le colonel Moussa Hassani (ancien secrétaire général de l’état-major de l’armée des frontières établies à Tunis), représentant le Nord Constantinois, Mohammed Chaâbani, responsable de la 4e Région militaire (le Sud) et le commandant Ben Ahmed dit Si Moussa (ancien chef de la Wilaya VI, Sahara), représentant l’Oranie.

La présence de Mohammed Khider, chef historique et trésorier du FLN, dans l’opposition n’est pas sans conséquence. Fin avril 1963, Ben Bella et Boumediene le lâchent alors qu’il leur fut d’un grand apport lors du coup de force contre le GPRA. Il avait été, depuis la rencontre de Tripoli, le premier des chefs historiques à avoir donné sa caution aux militaires de l’armée des frontières.

A partir de Genève où il s’est réfugié, il accuse ouvertement Boumediene et Ben Bella de trahison contre le peuple et les qualifient de danger pour la démocratie. « Le régime est aujourd’hui contesté. Je ne lui reconnais aucun caractère de légalité. Je déclare que la légalité, c’est moi, Khider, qui en détient une partie, comme Boudiaf, comme Aït Ahmed, comme Bitat… J’ai décidé de mettre à la disposition de l’opposition algérienne tout ce qui reste de l’argent qui était en ma possession et dont je demeure responsable, et ce, jusqu’au dernier centime, jusqu’à la disparition du tyran », déclare Khider.

L’homme qui détenait le compte bancaire du FLN à Genève aurait tenu sa promesse, à se fier aux affirmations de Lakhdar Maougal, cadre du PRS, citant des confidences d’Ali Mécili du FFS. Khider aurait donné 350 millions en anciens francs suisses à Aït Ahmed du FFS, 350 autres à Mohamed Boudiaf du PRS et 350 autres à Krim Belkacem et Rabah Bitat du MDRA. Toutefois, les espoirs allaient vite se dissiper.

L’exécution du colonel Chaâbani, le 3 septembre 1964, met fin à l’opposition de la Wilaya V. A cela s’ajoute la reddition de Moussa Hassani le 19 janvier 1965, qui, quelque temps plus tard, deviendra ministre de Boumediene. Le projet CNDR sera entièrement enterré après l’exil de Mohamed Boudiaf, qui trouvera refuge au Maroc, et la mort de Mohammed Khider, exécuté à Madrid. Le CNDR a connu le même destin que l’UDRS.

Le 16 juin 1965, Aït Ahmed passera à la table des négociations avec Ahmed Ben Bella. Par la suite, un accord commun FFS-FLN a été effectivement signé à peine trois jours avant le coup d’Etat de Boumediene du 19 juin 1965. Le cessez-le-feu entre les deux parties en guerre, l’indemnisation des familles des militants tués par l’ANP, la réhabilitation des militants FFS dans leur statut d’anciens combattants de l’ALN et la libération de tous les détenus politiques sont autant de points conclus par l’accord FFS-FLN. L’espoir se transformera en cauchemar trois jours plus tard.

Le 19 juin, le président Ahmed Ben Bella sera déposé par son ministre de la Défense Houari Boumediene qui ordonne son arrestation au nom de la « réforme » du cours de la Révolution et qui s’autoproclamera président de la République. Outre l’admiration que Boumediene vouait à Gamal Abdenasser, des similitudes frappantes existent entre les parcours des deux hommes.

Boumediene semble s’être inspiré de la vie du président égyptien. Gamal Abdenasser avait, avec l’aide « des officiers libres », déposé le roi Farouk. Naguib Mohamed qui était le meneur du mouvement devint Premier ministre du roi Fouad II. Mais ce dernier sera renversé et Naguib proclamé président de la République et Premier ministre. Gamal Abdenasser se contentera du poste de Premier ministre adjoint pour un temps avant de pousser Naguib à la démission et prendre sa place. Il ira plus loin en l’accusant d’être un proche des Frères musulmans et le mettra en résidence surveillée jusqu’à sa mort.

Boumediene semble avoir copié Nasser pour accéder au pouvoir. Même recette… Il aidera d’abord Ben Bella à écarter les opposants potentiels et à prendre le pouvoir pour ensuite cueillir le fruit de ses manigances. Ainsi s’achève l’épopée du président Ahmed Ben Bella et du même coup l’insurrection du FFS. Et celle de Houari Boumediene commence…

K.L.C.

(*) Ce texte est extrait du livre « Algérie : procès d’un système militaire » de Kamel Lakhdar-Chaouche, publié par V.A. éditions en 2019.

Auteur
Kamel Lakhdar-Chaouche, journaliste- écrivain

 




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