L’affaire qui vient d’éclater concerne une rétorsion que préparerait la France consistant à geler des biens détenus en France par des dirigeants algériens provenant d’une origine douteuse à l’égal de ce qui avait été décidé pour les oligarques russes.
Ne rêvons pas, calmons-nous, cet espoir qui est le nôtre depuis si longtemps n’est pas prêt de se réaliser. Pourtant, jamais je n’espérerais autant que je me trompe par l’affirmation de mon doute.
À l’évidence, la première explication de mes réserves est la barrière qui s’élève toujours en de pareils cas pour les régimes démocratiques, celle de l’état de droit. C’est en même temps une force qui maintient la grandeur d’un pays mais elle est en permanence confrontée à ses exigences.
Le droit français, quels que soient les doutes et les accusations de sa variabilité en fonction des intérêts nationaux, reste tout de même une réalité. Un état de droit, malgré ses détournements hypocrites bride les initiatives de prise de décisions de cette nature.
Je laisse le lecteur aux excellentes explications très détaillées publiées dans ce journal à propos de cette affaire. Je me positionne uniquement dans l’exposé des volontés et des moyens pour geler les biens de ces corrompus de haut vol.
Deux pistes à explorer sont évidentes, elles balisent le long chemin de la difficulté. La première est que la France n’avait pas besoin de la lourde artillerie juridique pour saisir, geler et éventuellement confisquer les biens mal acquis des dirigeants algériens.
La fuite publiée nous dit que l’estimation des cas de biens mal acquis concernerait 801 responsables algériens. Vous rendez-vous compte, 801, c’est-à-dire à la personne près, une précision étonnante. Cette estimation sur le coup de la colère et de la menace est absolument impossible si le décompte n’avait pas été fait de longue date par les services fiscaux et le ministre de l’Intérieur en considération des hautes responsabilités de ces escrocs algériens.
La première question que nous avait posée le notaire lors de notre achat immobilier est l’origine des fonds. Il est impossible à n’importe quel salarié de les attester sans la preuve d’un crédit bancaire, difficilement acquis et au prix d’une très longue période de remboursement vu les prix énormes de l’immobilier. Il en serait de même pour une provenance d’un héritage ou d’un don qui ne peuvent être exempts de déclarations fiscales et de paiement des impôts prévus par les lois françaises.
Puis ensuite, ces biens suspectés des Algériens visés sont souvent si ostentatoires qu’ils ne peuvent échapper à la vigilance des services fiscaux ou de sécurité. Un enseignant qui aurait subitement une propriété de plusieurs millions d’euros et un train de vie hors des possibilités de ce qui est déclaré peut difficilement éviter les radars.
Rappelons ce que les Algériens oublient bien souvent est que les généraux, pour prendre le cas le plus significatif, sont des fonctionnaires dont le traitement est consultable dans la grille nationale du statut de la fonction publique.
Et n’oublions pas également de reporter la valeur de ces biens au taux de change qui les rendraient équivalents à ceux des princes des mille et une nuits. Ces fortunes sont donc pour beaucoup résidentes en France de longue date, il serait difficile que les contrôles ne soient pas encore été faits pour des dignitaires étrangers au pouvoir politique ou économique si grands.
81 dignitaires corrompus et affairistes véreux ne peuvent pas sortir du chapeau comme du bouquet de fleurs d’un illusionniste. Les lois fiscales sont pléthoriques pour éviter de prendre pour excuse la difficulté de les débusquer.
Le dispositif juridique possible présenté par la presse est tout simplement abracadabrantesque (vous connaissez l’origine de ce mot) puisqu’il s’agirait d’une loi concernant des personnes missionnées par un gouvernement étranger pour des actes attentatoires aux intérêts et à la sécurité de la nation.
Et puis quoi encore ! Avez-vous connus des terroristes ou des espions commandités par un état étranger se découvrir avec autant de gyrophares ? C’est stupide de le laisser croire.
Il faut donc se diriger vers la seconde explication, le silence coupable des services fiscaux et de sécurité au nom des intérêts économiques ou des alliances politiques stratégiques. Bien entendu qu’on n’avait pas attendu mon article pour savoir ce qu’il en est depuis l’indépendance.
Pas besoin d’être dans le secret des dieux pour savoir ce que tout Algérien sait depuis si longtemps. Ils n’ont besoin ni de services fiscaux ni d’enquêteurs pour repérer les biens mal acquis de ces voleurs à grande échelle.
N’importe quel lycéen sachant lire et écrire peut consulter le prix des plus luxueuses propriétés en Algérie, particulièrement celles de nos bien aimés généraux, des hauts fonctionnaires et des milliers d’hommes d’affaires qui ne peuvent faire fortune sans eux et en partage avec eux. Ne parlons pas des voitures au prix de cinq ans de salaire et des bijoux et voyages de la famille.
La France ne veut pas rompre le lien avec un pays pétrolier et gazier aussi proche et aussi historique. Depuis l’indépendance il y a eu plus de fâcheries et de menaces de rupture entre eux que ceux d’un couple qui n’a pas l’intention d’en arriver à une rupture définitive.
Il est évident que cette menace de publication d’une liste n’est qu’un moyen de montrer ses muscles et d’avertir l’Algérie qu’elle ne pourra aller plus loin sans se prendre sur la tête l’arme dissuasive qui touche aux porte-monnaies privés.
Cette arme serait l’écroulement pour les lauréats de la liste de toute une vie de besogne pour terroriser et piller un peuple qu’ils ont mis à genoux ou réduit à des illuminés qu’ils font danser comme des marionnettes. C’est la pire des choses qui puisse leur arriver.
Cette arme lourde de dissuasion, un coup de massue pour les généraux algériens, ne pourra jamais être utilisée, surtout dans un moment où la France a besoin des approvisionnements de pétrole et de gaz après les boycotts des matières premières russes.
Non, il ne faut pas rêver, la seule arme lourde efficace pour mettre fin aux ripoux en col blanc est de la seule décision des Algériens.
Mais lorsqu’ils se révoltent, c’est pour danser et youyouter dans les rues pendant deux ans. Puis de s’en retourner au bercail, qui en continuant son bisness, qui pour sa candidature à la députation, qui pour son voyage dans le pays des impies et des ennemis qu’ils qualifient ainsi du matin jusqu’au soir.
Un nationalisme aveugle aussi stupide et hypocrite est le grand allié de ces 81 de la liste et de ces vingt classés en première ligne. Moi j’attends avec curiosité et impatience qu’on retrouve le 802e dans cette liste d’investigation si précise. Puis le 882,5 ème, très important, la virgule !
Mais peut-être que je serai l’homme le plus heureux de la terre en me trompant. Ce serait la première fois qu’un enseignant donne vertu et espoir à une erreur.
Boumediene Sid Lakhdar