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Le général-major Ali Ghediri et le dernier château

Ali Ghediri
Ali Ghediri, général-major à la retraite et ancien candidat à la présidentielle condamné à 6 ans de prison

« Le dernier château » est un film hollywoodien qui raconte l’histoire d’un général (interprété par Robert Redford), condamné à une lourde peine pour avoir été tenu responsable de la mort de huit soldats. Il est alors  incarcéré au château, une prison militaire de haute sécurité, dirigée par un plus jeune colonel.

Ce dernier qui d’abord est un admirateur du général, précédé par sa réputation de soldat d’exception, finit par le haïr suite à une raillerie de ce dernier. Il s’emploie à transformer la vie du vétéran en enfer sans se soucier des règlements militaire et pénitencier. Le général touché dans sa dignité supporte sans sourciller ou se plaindre ce comportement injuste. Son attitude va lui attirer le respect et la sympathie des autres détenus.

Ensemble ils organisent une rébellion contre le colonel prennent le contrôle du château et finissent par faire tomber le colonel.

Le général-major Ali Ghediri, candidat aux présidentielles avortées de 2019, bien qu’à notre connaissance, n’ayant pas subi l’épreuve du feu en tant que soldat, semble avoir bel et bien gagné ses galons de général le plus populaire depuis son incarcération en 2019.

Ghediri Ali : lettre à nos aînés

Rejetant la compromission il va jusqu’au bout de ses idées. Incarcéré pour « cause d’interview » accordée  au journal El Watan, il est condamné en première instance à quatre ans de prison. Jugement confirmé en appel. Après un pourvoi en cassation et après avoir purgé presque toute sa peine de quatre années de prison puisqu’il devait quitter la prison le 13 juin, il est rejugé et condamné à 6 ans de prison ferme avec privation de ses droits civiques pendant dix ans.

Contrairement à Rachid Nekkaz qui prit la sage décision de sauver sa peau, il refuse de se soumettre au diktat brutal de ceux qui gouvernent. Même à ses dépens, il reste digne et droit dans ses bottes.

Ihsane El Kadi incarcéré depuis la nuit du 23-24 décembre 2022 et condamné à 5 ans de prison dont 2 avec sursis a vu son procès encore une fois renvoyé jusqu’au 4 juin est également une victime de ce terrorisme judiciaire qui ne dit pas son nom.

L’homme d’affaires Issad Rebrab, âgé de 79 ans et  7ème fortune africaine placé sous contrôle judiciaire et sous ISTN la semaine dernière dans le cadre de l’affaire Evcon, qui lui a déjà valu 8 mois de détention,  en a également subit les affres.

Les raisons obscures de ce « remue-ménage » s’éclaircissent au fil des jours. Il s’apparente de plus en plus au dommage collatéral provoqué par les  velléités de Tebboune à  briguer un  2ème mandat, qui semble de plus en plus incertain à l’horizon.

Cet acharnement contre la personne du général-major, résultat de la hantise de certains cercles de le voir prendre part à une élection présidentielle, a fini par le servir.

Ali Ghediri : aggravation de sa condamnation !

Lui qui, en 2019, n’était qu’un général à la retraite ambitieux pour certains ou tout au plus une marionnette au service d’un clan pour d’autres est devenu en l’espace de ces quatre ans un icone du hirak et un symbole de résistance et de changement.

De fidèle obligé d’une clique de militaires au pouvoir qu’il a servi fidèlement il se transforme en représentant des opprimés et des laisser pour compte.

C’était là l’objectif des faiseurs de rois, tapis dans l’ombre tout en façonnant les destinées vous diront les adeptes de la théorie du complot. Ceux-là peuvent toujours fourbir leurs théories à l’ombre de leurs protecteurs, l’homme qui est condamné à six de prison a gagné en estime populaire au prix fort.

Le général-major Ali Ghediri a rejoint aujourd’hui le clan des persécutés, de ceux qui ont eu à subir la lourde et terrible main de l’injustice, la « hogra ». Il  changé de statut. De «simple » général-major il devient le champion des généraux-majors : un héros pour le peuple qui espère un changement structurel du système algérien.

Dans les milieux populaires on a de l’empathie pour lui. On parle de lui. On se rallie de plus en plus à son combat et sa cause. Certaines personnalités expriment leur soutien et leur solidarité et on le défend dans certains milieux. Journalistes et influenceurs plaident sa cause. A quand la prise du « château » ?

Sofiane Ayache

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