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Le général-major Gaïd Salah pris dans son propre piège ?

REGARD

Le général-major Gaïd Salah pris dans son propre piège ?

Le général-major du corps de l’Armée, vice-ministre de la Défense et certainement ministre de la défense en absence d’un président élu de la république, Ahmed Gaïd Salah est revenu mercredi 1er mai, dans une nouvelle déclaration aux antipodes de celle qui l’a faite la veille.

Aussi, il avoue l’impuissance de l’armée à s’ingérer dans les changements qui vont s’opérer, notamment dira t-il « l’attachement profond du Commandement de l’Armée Nationale Populaire à la Constitution, cautionnée par le peuple à travers ses représentants au Parlement, émane du fait que tout changement ou amendement de ses dispositions ne relève pas des prérogatives de l’Armée Nationale Populaire, mais de celles du Président qui sera élu conformément à la volonté du peuple ».

Emboîtant le pas au chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah qui a adressé lui aussi un message aux travailleurs à l’occasion de leur fête, il remet en selle le dialogue avec les institutions de l’Etat, c’est-à-dire le gouvernement actuel et la conférence mise en place par le chef de l’Etat boudée par tous les acteurs politiques y compris les deux partis de l’ancienne alliance présidentielle, celui de Amara Benyounes et d’Amar Ghoul.

Gaïd Salah réitère l’engagement de l’armée  « devant Allah, le peuple et l’histoire » d’accompagner cette opération entre le peuple et ces institutions de l’Etat dont il semble donner une crédibilité en faisant fi de l’avis du peuple qui reste convaincu que le gouvernement Bedoui ne pourra pas assurer une élection libre et transparente. Il cherche donc à tenir les élections le plus tôt possible sans pour autant donner une feuille de route précise qu’il semble laisser comme l’a fait avant lui Bouteflika aux bons soins d’un dialogue avec les institutions en place et le peuple. Pourtant ce dernier n’est jusqu’à présent pas prêt de déléguer ses représentants jusqu’à l’aboutissement inconditionnel du départ des clients de régime. Même si derrière cette insistance pour ne pas dire un entêtement de défoncer une porte ouverte, l’armée a dans sa tête un candidat consensuel, il ne peut être que déniché que dans l’ancien système.

Le nom de Taleb El Ibrahimi est évoqué ici et là parce que dit-on, il est le seul qui, développe une approche, à la fois populiste, nationaliste et même islamiste de par son rôle d’intermédiaire qu’il a joué dans la crise des années 90 avec le Front islamique du salut. Si tel est le cas, ce scénario, il n’aura aucun effet sur le Mouvement de dissidence populaire qui est sur une autre dimension. Pour l’Algérie profonde, l’heure n’est ni aux règlements de comptes et encore moins à demander des comptes pour brouiller les cartes mais dans le départ du régime et ses courtisans, et la mise en place des personnalités propres et intègres afin de prendre le temps qu’il faut pour préparer les conditions favorables pour élire un président en toute liberté et transparence.

L’équipe intègre qui émergera de ce processus de transition continuer, avec une approbation populaire, l’assainissement des rouages politique, économique, social et sociétal. Si les préoccupations du vieux général est celle de ne pas montrer aux partenaires étrangers l’implication directe de l’armée dans la crise, c’est raté car la France qui est la principale concernée dans cette affaire est complètement déroutée par les discours ambigus de l’armée algérienne qui s’apparente à un dialogue de sourds.  

Selon une information reprise par Maghreb Intelligence qui cite une source du Quai d’Orsay, la France est exactement comme les Algériens perdue par rapport à ce qui se passe en Algérie. Pour elle, Gaïd Salah joue un rôle compliqué qui le mènera droit vers une impasse au point où elle fait appel à l’ancien général Pierre de Villiers qui le connaît bien pour compléter leur équation.

Le désordre que va créer cette demande insistante de l’armée pour « accélérer la cadence des poursuites judiciaires » relatives aux affaires de corruption et dilapidation des deniers publics risque de perturber le processus de transition qui pourrait prendre une autre tournure dont les conséquences sont incalculables.

En explosant d’une manière  brute le système de connivence, ancien de près de six  décennies, il ne se fera pas sans conséquences morales et physique sur l’ensemble de l’environnement qui pourrait affecter l’unité nationale. L’armée dont les stratèges de la sécurité suivent de près la situation sont convaincus que l’organisation d’une élection présidentielle  dans moins de deux mois est impossible.

Une présidentielle impossible

Aucun candidat crédible ne s’est ostentatoirement déclaré à  quelques jours du lancement de la collecte des signatures. Quand bien même un certain nombre de candidats se déclarerait aujourd’hui, par quel moyen ces derniers feraient-ils cette collecte de signatures lorsque de nombreux élus locaux et le peuple rejettent l’idée même de cette élection. Il est fort probable  que cette cachotterie du rôle réel de l’armée dans cette crise finira face à cette incompréhension des uns à des autres par un coup d’Etat cette fois-ci forcé et ouvert pour soi-disant maintenir l’ordre. Auquel cas, on aurait perdu du temps pour rien.
 

Auteur
Rabah Reghis

 




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