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Le général Taher Ayad remplace Benali Benali à la tête de la Garde républicaine

Saïd Chanegriha

Saïd Chanegriha (80 ans) opère un changement à la tête de la Garde républicaine.

Le général Benali Benali (87 ans) est envoyé à la retraite. C’est le général de division Tahar Ayad qui dirigera désormais, par intérim, la Garde républicaine.

Le changement n’a été rendu public que ce samedi 11 janvier. Le général Ayad est installé à la tête de la Garde républicaine par le chef état-major de l’ANP, le général d’armée et ministre délégué auprès du ministre de la Défense, Saïd Chanegriha à la place de Benali Benali.

Ce changement est un événement qui pourrait avoir des implications importantes sur la scène politique et militaire algérienne. Véritable boîte noire le système qui dirige l’Algérie reste l’un des plus mystérieux. Le moindre limogeage doit être regardé avec prudence. Ce remplacement doit donc être décrypté à l’aune des dynamiques complexes qui structurent l’appareil militaire et le pouvoir algériens.  

Départ du général d’Armée Benali Benali : la fin d’un dynausaure 

Désigné  depuis  2015, à la tête du commandement de la Garde républicaine par Abdelaziz Bouteflika, le général d’Armée, Benali Benali (87 ans, il est né le 6 janvier 1940 à Sébdou, wilaya de Tlemcen et sans doute le plus vieux général en exercie dans le monde jusqu’à récemment ) a été remplacé par le général-major Tahar Ayad jusque-là chef d’état-major de la garde Républicaine.

La cérémonie d’installation officielle du général-major Tahar Ayad en qualité de commandant par intérim de la garde Républicaine, a été présidée, comme le veut la tradition, par l’incontournable général d’Armée Saïd Chanegriha et néanmoins ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale.

Le changement de responsable au sommet du commandement de la Garde républicaine intervient à la suite à des mouvements opérés, il y a quelques mois, à la tête de certains corps de l’ANP.

Le 20 novembre 2024,  Saïd Chanegriha a procédé à l’installation du général-Major Mostefa Smaili dans ses fonctions de commandant des Forces terrestres, la plus importante division de l’armée algérienne en remplacement du général-major Amar Athamnia. 

Le mercredi 25 septembre 2024, le chef d’état-major de l’ANP a installé le général Rochdi Fethi Moussaoui à la tête de la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE) en remplacement du général-major Djebbar M’henna,

Tous ces mouvements ont été annoncés via des communiqués laconiques diffusés par la télévision publique, la radio nationale ou l’APS que les autres médias nationaux se sont  contentés de reprendre sans oser la moindre analyse ou commentaire.

Cette forme de communication trahit l’opacité qui entoure souvent les décisions au sein de l’appareil sécuritaire algérien rendant  difficile toute analyse exhaustive de toute action ou changement dans les rangs dr la grande muette.

Dans ce contexte, tout analyse qui se veut  sérieuse de ces situations nécessiterait un accès à des sources confidentielles et une expertise approfondie des enjeux politiques et militaires algériens.

De fait, on ne peut qu’émettre des hypothèses pour tenter de percer le sens de cette substitution d’un responsable à la place d’un autre à la tête d’un corps aussi important que celui de la Garde républicaine.

Une succesion qui revêt une signification qu’il convient de décrypter à l’aune des dynamiques internes complexes existantes au sein de l’appareil militaire et du pouvoir  algériens.

Première hypothèse plausible : le départ à la retraite de Benali Benali est naturelle puisque au moins par son âge (87 ans) il fallait qu’il parte. Cependant on est en Algérie et l’âge n’est pas le premier critère puisqu’on a vu des généraux poussés à lasortie à leur soixantaine et d’autres demeurer au pouvoir comme Saïd Chanegriha à près de 80 ans.

Deuxième hypothèse, la fin de règne de Benali et la désignation à sa place de Tahar Ayad serait le résultat d’un long bras de fer entre Saïd Chanegriha et le premier. La rivalite entre  deux officiers qui détiennent le plus haut grade (général d’armée) au sein de l’armée algérienne est souvent évoquée sur les réseaux sociaux par certains influenceurs algériens établis à l’étranger, lesquels ont la réputation d’être plus ou moins au fait de tout ce qui sourd dans les arcanes de l’ANP.

Il est de notoriété que la lutte des clans est un secret de polichinelle au sein de l’armée algérienne. Une réalité souvent évoquée pour expliquer les mouvements de personnel au sein de l’armée. Ce qui n’est pas faux. L’objectif de ces promotions ou de mise de fin aux fonctions peut être expliqué par la volonté de concentration des pouvoirs entre les mains de celui qui a la capacité de les opérer. L’opération pourrait servir de tremplin à des ambitions (à un projet) politiques.

Une chose est certaine : ossifié depuis des décennies, le premier cercle qui dirige le pays n’est pas près de faire son aggiornamento. Dans le contexte de tensions avec la plupart des voisins, Tebboune et l’aile qui le soutient concentrent tous les leviers du pouvoir, ce qui a vidé la Constitution de ses fondements et l’Etat de droit de son sens.

Samia Naït Iqbal

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